Comment interpréter la résistance de la consommation des ménages ?

Par Fabien Piliu  |   |  451  mots
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Selon l'Insee, elle a progressé de 0,5% entre avril et mai, stimulée par l'absence de réelles tensions inflationnistes. Est-ce une réelle bouffée d'air pour les entreprises ? Ce n'est pas si certain.

C'est à n'y rien comprendre ! On dit les Français inquiets quant à leur niveau de vie futur, stressés par la montée du chômage et pourtant ils continuent de consommer. En mai, leurs dépenses ont augmenté de 0,5% par rapport à avril selon l'Insee . Sur un an, elles affichent une progression de 0,6%. Certes, cette dynamique sur douze mois s'explique en grande partie par les aléas climatiques qui ont fait bondir de 7,4% les dépenses en énergie.

Mais il faut bien admettre que le comportement des ménages déjoue les pronostics actuellement. Entre avril et mai, les dépenses alimentaires ont augmenté, de 1,4% précisément, comme les achats d'automobiles (+0,9%), les biens fabriqués (+0,1%), les autres biens fabriqués (+0,8%), les produits manufacturés (+1%). L'amorce de reprise espérée par le gouvernement au second semestre est-elle en train de se déclencher ?

Un moral en berne

Peut-être. Pourtant, le contexte n'est guère favorable. Selon l'Insee, le moral des ménages n'a jamais été aussi bas, en raison de l'absence de reprise sur le marché de l'emploi.

Quant aux mesures de rigueur déjà annoncées par le gouvernement, en attendant les prochaines qui seront intégrées au projet de loi de finances 2014, elles ne sont pas de nature à réchauffer l'atmosphère.

Pas de tensions inflationnistes

Comment expliquer cette résistance de la consommation des ménages. Selon l'Insee, le pouvoir d'achat du revenu disponible brut des ménages devrait progresser de 0,2% cette année. Est-ce suffisant pour inciter les ménages à troquer leurs costumes de fourmi pour celui de cigale ? Eventuellement. Mais si telle est l'explication, la résistance de la consommation ne serait pas due à une augmentation des revenus ou à un bond des prestations sociales mais plutôt à la faiblesse actuelle de l'inflation. Toujours selon l'Insee, l'indice des prix à la consommation n'a progressé que de 0,8% en mai sur un an.

Une bonne nouvelle pour les entreprises ?

Pour les entreprises, la progression de la consommation est une bonne nouvelle. Vraiment ? Comment expliquez-cette cette absence de tensions inflationnistes ? Parce que le prix de la plupart des matières premières est actuellement dans un cycle baissier ? Parce que les prix des produits industriels enchaînent les mois de hausse ? C'est une partie de l'explication. Celle-ci réside aussi dans le fait que les entreprises sont engagées dans une lutte sans merci avec leurs concurrents français, européens et internationaux pour conserver leurs parts de marché. La plupart d'entre elles n'étant pas en mesure de dicter leurs prix aux marchés, elles doivent se battre pour conserver leur compétitivité-prix, quitte à voir leurs marges diminuer et à se trouver rapidement dans l'incapacité d'embaucher et d'innover.