Université du Medef : les entrepreneurs rêvent de souplesse et de confiance

Par Adeline Raynal, à Jouy-en-Josas  |   |  786  mots
Les membres du Medef rêvent de confiance (c) Marina Torre
Dans les allées du campus d’HEC Paris, où a débuté ce matin l’université d’été du Medef 2013, les acteurs économiques confient leur point de vue sur l’entrepreneuriat en France. Interviews croisées.

Faire des constats, en tirer des conclusions et identifier les opportunités qui s'offrent à eux : tel est le programme des entrepreneurs dans le cadre de l'université d'été du Medef. La Tribune a donc saisi l'opportunité de cette concentration de chefs d'entreprises et d'acteurs de la vie économique pour essayer d'identifier leur regard sur l'avenir de l'entrepreneuriat en France. A partir de trois questions, les entrepreneurs rencontrés au gré des allées se sont livrés.

La Tribune : Le Président du Medef, Pierre Gattaz, aime à employer un vocabulaire guerrier parlant par exemple d'un « Medef de combat, de conquête et de pédagogie ». Selon vous, quelles doivent être les « armes » des entrepreneurs pour faire face à la situation économique ?

« La force, c'est l'entrepreneur lui-même » estime le Président d'une société de transport de 700 personnes. D'après lui, ce qui fait leur force, c'est leur optimisme, leur volonté, leur courage. « Mais ils ont besoin de sentir un soutien de la part du gouvernement, poursuit-il. Il faut par exemple aller plus loin que le CICE et alléger davantage les charges, par des mesures immédiatement applicables, en particulier pour aider les PME ».

« Pour moi, l'arme est d'abord psychologique : c'est la confiance » confie Francis Gilles, Directeur des services à la présidence des élus de la CCI France. La clé, estime-t-il, c'est d'avoir confiance à la fois en la France et en soi. « Et elle peut s'acquérir ! » martèle-t-il, résolument optimiste. Pour lui, il faut faire évoluer notre système d'éducation pour faire germer davantage le goût de l'innovation, dès les bancs de l'école.

Un point de vue que partage Laurent Cauvet, en charge du marché des seniors chez Netino, une société du domaine du web qui offre ses services dans la gestion de relation client via Internet. « Il faut intégrer la culture économique dès l'enseignement à l'école ». « Enseigner très tôt comment l'on crée et comment fonctionne une entreprise ! » complète Daisy Dourdet, Présidente nationale du réseau « Entreprendre ensemble » et ancienne dirigeante d'une PME du secteur automobile.

Ce 28 août 2013 marque le cinquantième anniversaire de la célèbre formule de Martin Luther King, « I have a dream …». Quel serait votre rêve à vous pour l'avenir de l'entrepreneuriat en France, dans les mois à venir ?

« On veut espérer qu'une entreprise bénéficie de souplesse pour pouvoir s'adapter à son marché » lance Roland Wardini, Directeur général de l'hôtel Mercure à La Défense et Président du Groupement National des Chaînes Hôtelières (GNCH). Il considère qu'il faut œuvrer pour plus de flexibilité et réduire les lourdeurs administratives. « Pourquoi ne pas s'inspirer des pays étrangers pour aller vers un contexte favorable à la création de petits emplois (peu qualifiés, pas forcément à plein temps , ndlr), dans les services par exemple ? » interroge-t-il.

Un autre entrepreneur, exerçant dans le secteur des transports, complète : « Il faudrait arriver à libérer les énergies, on a besoin de sentir de l'enthousiasme, et pour cela, il faut prendre des mesures montrant qu'on favorise le risque, la flexibilité, les recrutements » avance-t-il.

« J'ai envie de croire en la jeunesse » lance de son côté Francis Gilles. « Mon rêve c'est que les Français aiment leur entreprise ! » s'écrit à son tour Daisy Dourdet, du réseau « Entreprendre ensemble ».

Pour entreprendre, la confiance en l'avenir est essentielle. Que faire pour motiver les jeunes, leur inspirer ce goût d'entreprendre ?

« Jouer sur l'apprentissage ! » répond l'hôtelier Roland Waroni, considérant qu'il n'y a pas meilleur moyen de donner le goût d'entreprendre à un jeune que de lui faire découvrir le monde de l'entreprise le plus tôt possible. « Pour l'instant l'apprentissage reste trop timoré » estime-t-il.

Pour faciliter le cheminement des jeunes vers l'entrepreneuriat, Francis Gilles juge primordial de faire un travail sur les réseaux professionnels. « Les différences d'accès au réseau créent des inégalités sociales considérables » fait-il valoir. Pour lui, il faut absolument encourager les universités, les unités de formation en général, à créer un réseau d'anciens, comme le font déjà les grandes écoles de commerce et d'ingénieur.  L'évolution vers des réseaux d'entrepreneurs doit se faire petit à petit, région par région, pierre par pierre. « Il faut donner le droit à l'expérimentation et multiplier les communautés virtuelles et réelles» résume-t-il.

« Pour les motiver à entreprendre, il faut apprendre aux Français à aimer leur entreprise, sortir de la vision qu'ont beaucoup de jeunes selon laquelle l'entreprise est simplement un lieu de combat » conclut Daisy Dourdet. 

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