Accident de Brétigny : il manquait un boulon dans le mécanisme d'aiguillage

Par latribune.fr  |   |  583  mots
Un boulon manquant dans le mécanisme d'aiguillage pourrait être la cause de l'accident, selon une enquête interne de la SNCF effectuée quelques heures après l'accident (Photo : Reuters)
Un boulon manquant serait la cause de l'accident ferroviaire de Brétigny-sur-Orge survenu le 12 juillet dernier, indique un rapport confidentiel de la SNCF transmis à la justice le 22 juillet dernier.

Il manquait au moins un boulon sur l'éclisse. C'est la conclusion d'un rapport effectué par la SNCF quelques heures après le drame ferroviaire de Brétigny-sur-Orge le 12 juillet dernier. Dans une lettre jointe à ce rapport datée du 22 juillet et citée par le Figaro, le PDG Guillaume Pépy écrit que "cet audit a été réalisé par la direction des audits de sécurtité pour le seul compte du président de la SNCF et aux fins de l'enquête en cours". Ce dernier avait donc connaissance des causes exactes de l'accident avant sa conférence de presse du 24 juillet lors de laquelle il avait annoncé qu'une éclisse détachée était en cause.

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La pièce en cause devait être changée en 2016

Dans ce rapport, tout est revu en détail. Tout d'abord, le train était composé de sept voitures Corail qui comptaient à leur bord un total de 385 passagers, pour une longueur de 202 mètres et un poids de 419 tonnes au total. D'après le document, l'accident aurait été provoqué par un problème sur la "traverse jonction double (TJD) immatriculée OT U50 0J013, 01-06 n°11 301", c'est à dire l'aiguillage sur lequel l'éclisse (qui sert à raccorder deux rails), à l'origine du déraillement, était fixée.

"Cette TJD est implantée dans une zone d'installations complexes soumises à de fortes contraintes et sollicitations liées à la densité du plan de voies, à la vitesse de franchissement et à la fréquence des circulations. Cette TJD a été posée en 1991. L'échéance de renouvellement d'un appareil de ce type est de l'ordre de 25 ans. Son remplacement était programmé pour 2016", selon le rapport.

Des boulons manquaient

Le problème vient en fait des boulons servant à fixer la pièce. Selon le rapport, un premier avait rompu récemment au niveau de la tête, un deuxième au niveau du filetage, et le troisième avait tout simplement disparu, probablement avant le déraillement, selon le rapport. Le quatrième, lui, était encore là. C'est lui qui a servi de pivot pour faire tourner l'éclisse responsable du déraillement.

Sur les quatre trous du joint symétrique à celui en cause, le rapport note par ailleurs que deux des boulons étaient desserrés, un troisième manquait et le quatrième avait perdu son écrou. Ce sont ces informations sur les boulons manquants que Guillaume Pépy n'avait pas dévoilé lors de sa conférence de presse du 24 juillet, malgré sa volonté affichée de communiquer en toute "transparence", selon ses propres termes.

Quand le boulon manquant avant l'accident a-t-il disparu ?

Ce que les juges en charge de l'affaire auront à déterminer, c'est la date de la disparition du boulon apparemment en cause. En effet, la dernière vérification de la pièce litigieuse avait fait l'objet d'un contrôle de routine le 4 juillet, c'est à dire huit jours avant la catastrophe.

D'après le rapport de police, le cheminot en charge du contrôle n'avait relevé aucune anomalie citée dans le rapport, seulement un défaut de nivellement relevé à plusieurs reprise auparavant. Si la disparition du boulon a eu lieu après cette date du 4 juillet, il faudra aussi se demander si le défaut de nivellement relevé par le cheminot avait un quelconque rapport avec l'accident.