Formation professionnelle : 68% des cadres en profitent... contre 37% des ouvriers

Par latribune.fr  |   |  608  mots
Les cadres sont les grands gagnants des dispositifs de formation professionnelle
Alors qu'a débuté la négociation entre syndicats et patronat pour réformer la formation professionnelle, une note de l'Insee vient confirmer les inégalités en la matière: mieux vaut travailler dans une grande entreprise et être cadre pour avoir davantage de chances de profiter d'un formation qualifiante.

A première vue, c'est un bon résultat : en France métropolitaine, en 2012, 55% des personnes âgées de 18 à 64 ans a suivi au moins une formation dans l'année… Mais, en réalité, seulement 39% de cette population a bénéficié d'une formation pour des raisons professionnelles. Pour tous les autres, la formation répondait à un besoin personnel, sans rapport avec leur vie professionnelle. C'est ce qui ressort d'une récente étude de l'Insee, qui confirme, si besoin était, à quel point les individus sont inégaux devant l'accès à la formation… Et ce alors que les partenaires sociaux ont débuté une négociation tendant, justement, à rendre accessible la formation professionnelle aux personnes qui en sont généralement exclues (précaires, demandeurs d'emploi, etc.).

Sans surprise, la taille de l'établissement joue un rôle essentiel.

Dans les entreprises de 10 salariés ou moins, durant les 12 mois précédant l'enquête, 34 % des salariés ont suivi au moins une formation professionnelle, contre 65 % de ceux qui travaillent dans des établissements d'au moins 250 salariés. D'autre part, l'accès à la formation dépend aussi étroitement du secteur d'activité. Dans les secteurs des " activités financières et d'assurance" et de "l'information et la communication ", les salariés bénéficient de la plus forte participation aux formations professionnelles (respectivement 69%et 62%). Certes, souligne l'Insee, les secteurs où la participation à la formation est forte sont aussi ceux où la proportion d'établissements de grande taille est importante. Mais les différences de participation entre secteurs d'activité restent toutefois marquées, indépendamment de cet " effet taille " d'établissement.

60% des Bac+ 2 ont bénéficié d'une formation, contre 25% des personnes sans diplôme

Autre phénomène connu que la future réforme attendue de la formation professionnelle est censée venir corriger, ce sont les personnes les plus diplômées qui suivent le plus de formations à visée professionnelle. Les professions qui exigent des niveaux élevés de formation initiale s'accompagnent souvent d'un important recours à la formation continue. Ainsi, chez les actifs occupant un emploi, 66 % des diplômés de niveau supérieur à bac+2 ont suivi au moins une formation professionnelle dans l'année, contre 25%des personnes sans diplôme. L'Insee confirme également que ce sont les cadres qui suivent le plus de formations : en 2012,  68 % d'entre eux y ont eu accès pour raisons professionnelles, contre 37 % des ouvriers. A noter que les différences d'accès à la formation entre hommes et femmes dépendent de leur niveau de qualification. Alors que chez les cadres et les professions intermédiaires la même proportion d'hommes et de femmes accèdent aux formations professionnelles, chez les ouvriers et les employés la participation des femmes est nettement inférieure à celle des hommes.

Selon l'étude de l'Insee, la majorité des formations suivies par les employés et les ouvriers sont vécues comme obligatoires (60 %), contre un peu plus du tiers de celles suivies par les cadres. Inversement, quatre fois sur dix les cadres ont pris l'initiative de leur formation, alors que les employés et les ouvriers ne sont que deux sur dix dans ce cas.

Un quart des ouvriers estiment que la formation peut leur éviter de perdre leur emploi

Enfin, les objectifs assignés aux formations diffèrent selon la position professionnelle de leur bénéficiaire. 25 % des formations suivies par les ouvriers visent d'après eux à leur éviter de perdre leur emploi, contre 5 % de celles suivies par les cadres. Inversement, les cadres déclarent plus souvent être en formation pour acquérir des compétences sur des sujets qui les intéressent (78 % des cas contre 63 % pour les ouvriers).