Et revoilà les bonnets rouges qui font leur show à Carhaix

Par latribune.fr  |   |  549  mots
Venus de toute la Bretagne à l'appel du collectif "vivre, décider et travailler en Bretagne", les manifestants se sont rassemblés pour demander l'abandon de l'écotaxe
Le mouvement breton des "bonnets rouges" a rassemblé entre 17.000 et 35.000 personnes samedi à Carhaix (Finistère), qui accueille habituellement le festival musical des Vieilles Charrues. Sans surprise, ils ont demandé l'abandon de l'écotaxe.

Le mouvement breton des "bonnets rouges" a rassemblé entre 17.000 et 35.000 personnes samedi à Carhaix (Finistère), renouvelant la mobilisation qui avait marqué le lancement de ce rassemblement "contre l'écotaxe et pour l'emploi" le 2 novembre à Quimper. Venus de toute la Bretagne à l'appel du collectif "vivre, décider et travailler en Bretagne", les manifestants se sont rassemblés sur le site de Kerampuilh, qui accueille habituellement le festival musical des Vieilles Charrues.

Face à une foule brandissant une forêt de drapeaux bretons, le maire de Carhaix et porte-parole du mouvement, Christian Troadec, a appelé à "briser le carcan jacobin" pour permettre à l'économie bretonne de "progresser et de s'adapter""Il faut briser le carcan administratif parisien et il faut aussi briser le carcan jacobin pour inventer une gouvernance régionale nouvelle qui prenne en compte la réalité de la Bretagne", a-t-il martelé. 

Contre l'écotaxe

"C'est la négation de cette réalité qui a conduit à l'établissement aberrant de l'écotaxe", a-t-il fait observer, en demandant la suppression définitive de cette taxe, suspendue par le gouvernement. Des milliers de transporteurs routiers, également opposés à l'écotaxe, ont parallèlement perturbé le trafic samedi dans de nombreuses régions françaises. 

Christian Troadec a invité le président François Hollande "à venir entendre ce que nous avons à lui dire", comme Charles de Gaulle et François Mitterrand l'avaient fait dans le passé. Il a jugé que le "pacte d'avenir" pour la Bretagne n'était qu'un "emplâtre sur une jambe de bois". "Il faudrait déjà que le gouvernement tienne ses promesses comme la réindustrialisation des sites. A Lampaul-Guimiliau, où l'abattoir Gad a fermé, il n'y a pour l'instant rien de fait".

À ses côtés, le président de la FDSEA du Finistère, Thierry Merret, a plaidé pour une "relocalisation" des décisions en Bretagne, tandis que des représentants syndicaux venus à titre personnel ont défendu l'emploi dans la région.

Les bonnets rouges isolés ?

Mais la plupart des syndicats se sont désolidarisés du mouvement des "bonnets rouges", estimant que celui-ci, très hétéroclite, mélangeait les genres entre salariés et chefs d'entreprise. Le Medef du Finistère, jugeant satisfaisants la suspension de l'écotaxe et le pacte d'avenir, n'a pas appelé à manifester.

"Notre syndicat est libre et indépendant et trouvait que le mouvement est trop politisé. Mais j'y suis resté parce que c'est un mouvement historique et qu'il faut quelqu'un pour porter la voix des salariés", a dit à Reuters Olivier Le Bras, délégué Force ouvrière chez Gad. "Nous avons un objectif commun, c'est l'emploi. Sans patrons pas d'ouvriers et sans ouvriers pas de patrons", a t-il précisé, jugeant que les chefs d'entreprise présents n'avaient "rien à voir avec les patrons du CAC 40". Dans la foule coiffée de bonnets rouges, beaucoup de salariés des entreprises de l'agroalimentaire en difficulté, tels Gad, Marine Harvest ou Tilly-Sabco ont répondu présents, mais aussi des commerçants, artisans ou transporteurs routiers.

Pour poursuivre le mouvement des "bonnets rouges", Christian Troadec a appelé à la création de comités locaux, tandis que Thierry Merret a promis que des "mesures sectorielles concrètes" seraient proposées pour faire face aux difficultés de l'économie bretonne.