"Salariés, retraités, mettez votre capital dans les entreprises" (Pierre Gattaz)

Par latribune.fr  |   |  741  mots
Pour Pierre Gattaz, le patron du Medef, la protection social française coûte trop cher et doit être otpimisée afin de baisser la fiscalité. C'est pour lui un moyen de faire "le pari de l'entreprise". (Photo : Reuters)
Baisse de la fiscalité et auto-régulation sont les maître-mots de Pierre Gattaz, patron du Medef, pour relancer les entreprises et l'emploi. Pour cela, les dépenses de santé et familiales doivent être "optimisées", selon ses termes.

"La France a un problème notoire de compétitivité de ses entreprises. Les chefs d'entreprises sont désespérés", a lancé le président du Medef Pierre Gattaz mardi matin au micro de France Inter. Et ce pourrait être un bon résumé de son propos en général. Tout, en effet, durant cet entretien, a tourné autour du même thème : la fiscalité coûte trop cher aux entreprises.

Les travailleurs détachés : un problème de fiscalité

Premier sujet, le problème des travailleurs détachés, qui défraie la chronique depuis plusieurs jours en France. En clair, des entreprises françaises utilisent des travailleurs embauchés dans un pays de l'Union européenne à faibles cotisations sociales pour le détacher ensuite en France. L'avantage est que si l'entreprise est obligée de respecter les conditions d'emploi de la France comme le salaire minimum, elle ne paye ses charges que dans le pays d'embauche du salarié.

Réponse de Pierre Gattaz à ce sujet : "cela pose le problème du coût du travail et des différences entre les pays". Voilà pour l'entrée en matière.

Le financement de la protection sociale : un problème

Pour lui, c'est simple, la France a un système social du niveau d'un pays du nord avec un financement qui pèse trop sur le travail. "Dans ces pays là, la taxe sur la consommation est à 25%", a affirmé le patron des patrons, alors qu'il y a aujourd'hui débat sur un relèvement de la TVA de 19,6% à 20% en France. "Chez nous, quand vous donnez 100 euros net à un salarié, cela vous coûte 185 euros", déplore-t-il.

Est-ce à dire que la TVA doit encore être relevée en France afin d'opérer un transfert ? Ce n'est pas non plus le souhait de Pierre Gattaz.

"On peut augmenter la TVA de manière limitée et temporaire, mais ce n'est pas la solution. Cela doit se faire le temps d'optimiser les coûts de santé par exemple," préconise-t-il plutôt.

"Sans capital, vous mourrez"

N'y a-t-il pas aussi un problème d'imposition du capital en France, s'interroge un auditeur ? Et là aussi, pour Pierre Gattaz, la réponse est claire. Le capital est lui aussi trop imposé en France.

"Sans capital, vous mourrez, affirme le patron du Medef. Il est important de motiver tout le monde, les salariés, les retraités, à mettre leur capital dans les entreprises".

Mais là encore, la fiscalité est trop lourde, se plaint le successeur de Laurence Parisot. "La Chine et la Corée du Sud, qui étaient encore au moyen âge il y a trente ans ont fait le pari de l'entreprise", cite-t-il en exemple. Pour lui, "la fiscalité sur le capital trop élevée" fait partir les investissements français vers les Pays-bas et le Royaume-Uni.

Verdict généralisé pour Pierre Gattaz, donc, il faut baisser la fiscalité, toute la fiscalité. Et cela passe par un allègement du "coût de la famille et de la santé".

Inutile d'empêcher les licenciements

C'est le seul moyen selon lui de créer plus d'emplois qu'il n'en est détruit. Sur la question de l'emploi d'ailleurs, plutôt que d'empêcher les licenciements, il préconise de la formation pour les salariés tout au long de leur carrière afin de leur donner une possibilité de se relancer. Ce afin que "les plans sociaux ne soient plus perçus comme un drame mais comme une opportunité de rebondir", selon ses termes.

Les bonus des patrons pas choquant s'ils ont créé de l'emploi

Interrogé par ailleurs sur la question des rémunérations des patrons, Pierre Gattaz a affirmé que des efforts sont faits pour plus de décence, mais que les rémunérations, bonus et autres retraites chapeaux sont des affaires contractuelles qui regardent surtout les conseils d'administration et de surveillance. Sur le cas de Philippe Varin, il salue l'auto-régulation, son maître mot, qui a permis à l'ancien patron de PSA de prendre la bonne décision en renonçant à son paquet.

Mais Pierre Gattaz ne se dit pas choqué par des bonus lorsqu'un patron a créé des emplois et de la croissance. Le problème survient surtout quand cela n'est pas le cas. D'autant plus qu'il y a un marché des patrons, et que les patrons français sont dans la fourchette basse européenne, selon lui.