Postes non pourvus sur le marché du travail : le grand gâchis

Par Fabien Piliu  |   |  798  mots
Les entreprises recherchent des ingénieurs informaticiens, des cuisiniers, des conducteurs de véhicules, notamment
Sur les 835.291 recrutements engagés au troisième trimestre, 132.700 postes sont restés non pourvus selon une enquête de l’Observatoire du Medef.

Quel gâchis ! D'un côté, le ministère du Travail enregistre une augmentation du nombre de demandeurs d'emploi en catégorie A en novembre, de l'autre, sur les 835.291 recrutements menés au 3e trimestre, 132.700 postes sont restés non pourvus selon une enquête de l'Observatoire du Medef. En 2012,  Pôle Emploi a comptabilisé 456.400 offres d'emplois qui n'ont pas été satisfaites. Soit 15,1% de la totalité des offres collectées. 

La définition des " emplois vacants " admise en France résulte du règlement du Parlement européen et du Conseil du 23 avril 2008. L'emploi vacant y est défini comme

" un poste rémunéré nouvellement créé, non pourvu, ou qui deviendra vacant sous peu, pour le pourvoi duquel l'employeur entreprend activement de chercher, en dehors de l'entreprise concernée, un candidat apte et est prêt à entreprendre des démarches supplémentaires ; et qu'il a l'intention de pourvoir immédiatement ou dans un délai déterminé ".

Les mêmes métiers en tension

Quels sont les métiers en tension ? Selon l'Observatoire, les principaux postes non pourvus sont ceux d'employés et d'agents de maîtrise de l'hôtellerie et de la restauration, cuisiniers, assistantes maternelles, conducteurs de véhicules, cadres et technico-commerciaux, ingénieurs et techniciens de l'informatique. Cette liste ne présente aucune surprise, ces métiers connaissant régulièrement des problèmes de recrutement.

Manque de compétences, d'autonomie, d'expérience professionnelle

Comment expliquer cette inadéquation entre l'offre et la demande sur le marché du travail ? La faible croissance est en partie à l'origine du phénomène, les employeurs préférant abandonner des recrutements qui n'attiraient pas de candidats. Car dans certains métiers et secteurs, les candidatures sont inadaptées, les entreprises déplorant le manque de compétences, de connaissance des techniques du métier, d'expérience professionnelle ou l'absence du diplôme lié au métier des postulants.

Les entreprises interrogées par l'Observatoire constatent également des difficultés de " savoir être " de la part des candidats. Concrètement, elles regrettent leur absence d'autonomie mais aussi des problèmes de ponctualité et d'implication.

La formation professionnelle, un enjeu clé

Le récent accord sur la formation professionnelle pourra-t-il changer la donne ? C'est l'un de ses objectifs, notamment en fléchant davantage une partie de l'argent de la formation professionnelle vers les chômeurs.

" Il y a des milliards chaque année qui ne sont pas utilisés pour les demandeurs d'emploi, ce sont ceux qui bénéficient le moins de la formation", avait expliqué vendredi 13 décembre Jean-Marc Ayrault, à la veille de la signature du projet d'accord entre les partenaires sociaux.

Cet accord entérine également le renforcement de l'Observatoire prospectif des métiers, des qualifications et des compétences. Il permettra aux branches professionnelles d'anticiper l'évolution des métiers et des besoins, pour adapter l'offre de formation aux demandes du marché du travail.

Les emplois vacants sont difficiles à évaluer

Le chiffre dévoilé par le Medef décrit-il fidèlement la réalité ? On peut le craindre. Il pourrait même la sous-estimer. Selon un rapport du COE dévoilé en septembre, les estimations réalisées sur la base des enquêtes Acemo et Acemo TPE réalisées par la Direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques (DARES) indiquaient au dernier trimestre 2011 un nombre de 180.000 emplois vacants.

Mais " ce chiffre ne couvre pas l'ensemble des emplois à pourvoir sur le marché du travail pour plusieurs raisons. D'une part, en dépit des améliorations qui ont été apportées dans la formulation des questions relatives aux emplois vacants, et notamment de la précision selon laquelle les emplois vacants « peuvent être des CDI, des CDD, des emplois saisonniers, même de courte durée (de moins d'un mois) », on peut supposer que les employeurs ne déclarent pas tous leurs postes vacants. La déclaration du nombre d'emplois vacants est soumise à l'appréciation et à l'information de la personne chargée de répondre au questionnaire. Or cette personne n'est pas nécessairement la plus qualifiée pour répondre à ces questions sur les emplois vacants ".

" En effet, les entreprises sont interrogées dans le cadre d'une enquête portant sur les conditions de travail, il est donc possible que la personne qui répond n'ait pas connaissance de l'ensemble des emplois vacants dans l'entreprise. D'autre part, l'enquête Acemo porte sur un champ restreint. Les emplois vacants du secteur des administrations publiques, du secteur agricole et du secteur des particuliers employeurs ou de certaines associations ne sont pas pris en compte. Si l'on cherchait à estimer un ordre de grandeur sur un champ plus exhaustif, il faudrait ajouter à ces 180.000 plusieurs dizaines de milliers d'emplois vacants dans les secteurs non couverts ".