50 propositions pour un financement du cinéma plus transparent

Par latribune.fr  |   |  700  mots
La ministre de la Culture Aurélie Filippetti a reçu mercredi un rapport des mains du producteur René Bonnell afin de revoir le mode de financement du cinéma français, très décrié ces derniers temps. (Photo : Reuters)
Le rapport Bonnel, visant à juguler les coûts de production et de distribution du cinéma français, a été remis à Aurélie Filippetti ce mercredi. Revue des points essentiels.

Le septième art n'est pas qu'un art, c'est aussi une économie qui a ses propres règles, notamment en ce qui concerne son financement. C'est ce qu'avait rappelé dans une tribune virulente publiée par "le Monde" le producteur Vincent Maraval, avec un constat : "les films sont trop chers". La faute à des cachets trop élevés versés aux acteurs et aux réalisateurs stars au regard des résultats d'exploitation des films. Force est de constater qu'en 2013, seul un film sur dix a été rentable, et la fréquentation des salles a baissé de 5,3%.

Pour répondre à la polémique naissante, la ministre de la Culture Aurélie Filippetti avait commandé un rapport au producteur René Bonnell en mars dernier. Celui-ci, qui l'a remis à la ministre ce mercredi, fait état de 50 propositions pour adapter le financement de la production et de la distribution à l'heure du numérique. En clair, le rapport propose de conserver le système actuel qui a "des vertus", mais milite pour un meilleur contrôle des coûts grâce à plus de transparence, afin d'attirer les capitaux extérieurs. Revue des points principaux.

Limiter la dérive de certains coûts

  •  Présenter les devis en distinguant le "dessus de la ligne" (dépenses liées au "talent", acteurs principaux, réalisateurs, scénaristes) et le reste des coûts de fabrication. Si la profession ne parvenait pas à s'auto-réguler, il pourrait être envisagé de définir des normes (comme des ratios entre "dessus" et "dessous de la ligne"), et de moduler les aides à la production en fonction de ces ratios.
  • Favoriser la baisse des cachets excessifs des "vedettes" (interprètes, réalisateurs et scénaristes), en incitant au partage du risque commercial par un intéressement calculé, par exemple, sur les entrées en salles et les chiffres d'affaires sur les autres supports de diffusion.
  • Retirer un pourcentage des dépenses liées aux "vedettes" des obligations de financement des chaînes de télévision. Si ces dernières mettent de l'argent sur des films trop chers à cause des cachets, une partie de ce budget ne serait plus comptabilisé sur leurs obligations mais serait financé en plus par les diffuseurs.
  • Strictement encadrer, voire interdire, la pratique des à-valoir sur l'intéressement des talents au résultat des films.
  • Recourir plus fréquemment à la pratique des audits des budgets de production et distribution afin d'améliorer la transparence entre tous les partenaires.

Élargir les modes de financement et redistribuer les ressources

  • Redessiner les obligations des chaînes de télévision et notamment asseoir les obligations des chaînes en clair sur le chiffre d'affaires de leur groupe et non plus seulement chaîne par chaîne.
  • Favoriser une plus grande pluralité des investissements des chaînes historiques, par exemple en instituant une obligation d'intervention dans un certain nombre de premiers ou deuxièmes films.
  • Attirer des capitaux dans la branche en proposant par exemple aux investisseurs extérieurs un alignement des intérêts avec le producteur délégué et le coproducteur.
  • Encourager le crowdfunding (appel au financement des particuliers via internet). Lui donner un cadre juridique précis assorti d'un "label CNC".
  • Renforcer l'aide automatique à la production dans la tranche 500.000 à 1,5 million d'entrées.

 Rendre la vidéo numérique plus accessible et plus vite

  • Relancer l'offre légale par une politique de prix plus attractive, passant par une baisse du taux de TVA sur la vidéo (physique et à la demande) de 20% à 10%.
  • Rendre l'offre de vidéo à la demande par abonnement (VOD) disponible plus rapidement après la sortie des films en salles.

La mission Lescure proposait en mai que l'exclusivité en salles passe de quatre à trois mois et que les films soient disponibles en VOD par abonnement 18 mois après leur sortie en salles (contre 36 actuellement). Le rapport Bonnell propose lui de "sanctuariser" les quatre mois en salles, avec possibilité de légères adaptations à la marge pour certaines catégories de films. Pour la SVOD, le délai serait ramené à 18 mois, mais sous conditions.