Qui sont ces Français présents sur la liste HSBC de titulaires de comptes en Suisse ?

Par latribune.fr  |   |  597  mots
3.000 Français auraient détenu un compte en Suisse, selon des listings émanant de la banque HSBC. (Reuters/Denis Balibouse)
Parmi les quelque 3.000 Français dont le nom figure sur les listings HSBC, remis au Fisc français par un ancien employé de HSBC, "Le Monde" a déniché plusieurs personnalités. La plupart seraient en train de régulariser leur situation.

Il y a plusieurs catégories de détenteurs de comptes en Suisse. C'est ce qu'explique le quotidien Le Monde, qui publie dans son édition datée du 28 janvier une longue enquête consacrée aux listings HSBC.

En 2008, Hervé Falciani, ancien informaticien de la banque suisse, avait révélé des fichiers permettant de découvrir des milliers d'évadés fiscaux dans le monde, ce qui lui a valu des poursuites judiciaires en Suisse.

3.000 Français

Parmi eux, quelque 3.000 Français qui ont pour point commun, pour ceux qui ont accepté de témoigner dans les colonnes du Monde, d'être en situation régularisée, ou en voie de régularisation.

Le quotidien distingue d'abord les titulaires de comptes en règle : ceux qui résident en Suisse, comme Christian Karembeu, les fondateurs de la chaîne de restauration Buffalo Grill ou l'opticien Alain Afflelou. "J'ai vécu à Genève de 1987 à 2006, j'y ai ouvert un compte dans une banque, rachetée ensuite par HSBC, et l'ai fermé en quittant la Suisse", explique-t-il.

Un joueur de la Coupe du Monde 1998

En revanche, écrivent les journalistes Gérard Davet et Fabrice Lhomme, "les enquêteurs s'interrogent sur un ancien coéquipier de Christian Karembeu en équipe de France, lui aussi champion du monde en 1998, qui avait placé 1,6 million d'euros chez HSBC, et sur deux monstres sacrés du cinéma français, un humoriste star, une vedette de la chanson, une ancienne Miss France. Et un sénateur (UDI)."

Souvent, les personnalités incriminées se défendent d'avoir voulu frauder le fisc sciemment, mais mettent en avant une histoire personnelle ou leur méconnaissance de la loi. Ainsi du cinéaste Cédric Klapisch, qui explique : 

Mon père habite en Suisse, il m'avait ouvert un compte à Genève. Il n'y avait pas énormément d'argent dessus . Je ne savais pas que c'était illégal. J'ai tout régularisé en 2012, et je n'ai plus d'argent là-bas.

Un compte en héritage

C'est encore le cas du psychanalyste Gérard Miller, qui explique que c'est son père, juif polonais immigré en France au début des années 1930, qui aurait ouvert ce compte "comme je ne sais quelle assurance contre un possible retour du pire" :

J'ai reçu en héritage un compte qu'il avait constitué à l'étranger, sans que j'y prenne la moindre part. Je me suis donc retrouvé l'héritier passif d'une situation qui s'était créée du début jusqu'à la fin sans moi.

L'ancien président du Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France) Richard Prasquier livre un récit similaire. Il explique être devenu, après le décès de son père, "co-bénéficiaire du compte familial à leur nom", mais ne l'a jamais alimenté et a régularisé "de manière spontanée l'ensemble de ces avoirs" en 2009 et 2010.

Des incompréhensions

"Sans surprise, poursuit Le Monde, les listings mentionnent plusieurs protagonistes de l'affaire Elf (André Tarallo, Alfred Sirven, André Guelfi, François Antona…), dont la justice avait généralement déjà mis au jour les avoirs helvétiques".

Le quotidien cite encore le cuisinier Paul Bocuse, qui plaide l'étourderie. Il avait "oublié" ses avoirs en suisse, selon un de ses conseillers en patrimoine, mais a régularisé sa situation en 2010. En revanche, plusieurs personnalités, le millionnaire Alexandre Allard, l'écrivain Marc Lévy, l'ancien tennisman Henri Leconte, dont les noms figurent aussi sur les listings, ont expliqué au Monde ne pas comprendre leur présence sur les listings.