Pacte de responsabilité : la CFDT sceptique sur l'engagement du patronat

Par latribune.fr  |   |  760  mots
Laurent Berger, le secrétaire nationale de la CFDT it avoir "beaucoup de doutes" à propos de la volonté d'engagement du patronat en terme d'emploi. Si le patronat ne le fait pas, il n'y aura pas de pacte, a-t-il dit au Monde.

Le pacte de responsabilité proposé par François Hollande, qui vise à supprimer les cotisations familiales patronales d'ici à 2017 (soit environ 30 milliards d'euros) en contrepartie d'un effort des entreprises pour l'emploi, laisse perplexe Laurent Berger. Dans un entretien au Monde, le secrétaire général de la CFDT, dit avoir "beaucoup de doutes" à propos de la volonté d'engagement du patronat en terme d'emploi.

"Nous ne sommes pas en désaccord sur le transfert des cotisations familiales, mais les aides aux entreprises supposent en échange des engagements de leur part. J'ai beaucoup de doutes sur la volonté d'engagement du patronat", fait valoir Laurent Berger.

L'effort des entreprises pour l'emploi n'a toutefois pas été chiffré.

"Si le patronat ne s'engage pas dans un dialogue social dans les branches, voire les territoires, qui fixe des engagements pour l'emploi, il n'y aura pas de pacte qui vaille pour la CFDT ! Je dirais alors qu'on ne peut pas alléger les charges des entreprises car leurs représentants sont incapables de s'engager", a déclaré Laurent Berger.

Hors de question de manifester le 18 mars

Pour autant, ce dernier ne veut pas se rallier à FO qui a appelé à manifester le 18 mars pour exprimer "la colère" des salariés contre le pacte de responsabilité. "Hors de question" que la CFDT y participe, explique Laurent Berger. "Nous ne partageons pas la même approche sur le pacte de responsabilité. Cette journée du 18 mars était d'abord un mouvement dans la Sécurité sociale, sur ses problématiques propres. Elle doit le rester", affirme-t-il.

"Ne pas dénoncer le pacte"

S'agissant des relations avec la CGT, plutôt tendues, Laurent Berger estime que les deux syndicats peuvent faire "un bout de chemin" ensemble si la première organisation syndicale accepte de faire des "propositions et pas seulement (..) du commentaire". La CGT, la CFDT, mais aussi la FSU et l'Unsa ont signé mi-janvier un texte selon lequel ces organisations syndicales porteront des revendications et objectifs communs lors du débat sur le pacte de responsabilité.

"Cela signifie ne pas le dénoncer (le pacte, NDLR) a priori mais y entrer pour essayer de nourrir une dynamique sociale. Si la CGT s'engage avec nous là-dessus, nous le porterons ensemble et nous serons plus forts", dit Laurent Berger.

Syndrome de Stockholm

Le leader de la CFDT se désolidarise des récentes critiques faites à l'encontre de François Hollande par les numéros un de FO, Jean-Claude Mailly, et de la CGT, Thierry Lepaon. Le premier a estimé que François Hollande souffrait du "syndrome de Stockholm" vis-à-vis du patronat. Le second a, quant à lui, jugé que le président de la République était "souvent sous les jupons d'Angela Merkel", la chancelière allemande.

"Non. Cette vision de soumission par rapport à M. (Pierre) Gattaz (patron du Medef, NDLR) ou à l'Allemagne me paraît complètement erronée, compte tenu de la situation économique et sociale de la France (...) Pour que le pacte marche, il faut assumer une vision social-démocrate qui se caractérise par la capacité d'engagement de chacun et par le dialogue social", dit Laurent Berger.

Hue dit ne pouvoir soutenir en l'état le pacte

Par ailleurs, Robert Hue, président du Mouvement unitaire progressiste (MUP) qui réunissait samedi au Sénat 200 délégués départementaux et régionaux a déclaré que son mouvement ne pouvait soutenir "en l'état" le pacte de responsabilité de François Hollande.

"Nous ne boudons pas la proposition de pacte de responsabilité mais, en l'état, elle ne peut recueillir le soutien du mouvement", a déclaré Robert Hue, dans un communiqué.

"Refusant que le Pacte de responsabilité se transforme en puits sans fond, en chèque en blanc qui pourrait devenir un chèque en bois en matière d'emploi", le MUP, qui fait partie de la majorité, demande au président Hollande "un rééquilibrage social du Pacte de responsabilité avec, en toute transparence, une clause de conditionnalité en faveur de l'emploi".

Cette demande "s'inscrit dans la droite ligne de l'engagement de Robert Hue et du MUP en faveur de l'évaluation des aides publiques accordées aux entreprises", a ajouté le parti. Lors de cette rencontre nationale du MUP, Robert Hue a également "lancé un appel à la gauche et aux républicains afin qu'ils se rassemblent avec force et détermination pour combattre tous ceux qui aujourd'hui allant jusqu'à des formes factieuses et fascisantes, mettent à mal les valeurs de la République et en cause la légitimité de l'expression du suffrage universel".