Hollande dote le plan de lutte contre le cancer de 1,5 milliard d'euros

Par latribune.fr  |   |  797  mots
Les spécialistes estiment que 40 à 50% des 350.000 nouveaux cas de cancers dépistés chaque année pourraient être évité grâce à la prévention. (Photo : Reuters)
François Hollande prévoit une enveloppe de 1,5 milliards d'euros dans le cadre du 3e plan de lutte contre le cancer. Ses annonces sur le tabagisme,responsable du plus grand nombre de cas "évitables", étaient très attendues.

1,5 milliard d'euros sur cinq ans. C'est le montant de l'enveloppe destinée à la lutte contre le cancer annoncé ce mardi par François Hollande. Près de la moitié de cette somme (730 millions d'euros) doit financer des mesures nouvelles. 

Le montant total est un plus élevé que pour le 2e plan, lancé en 2009 par Nicolas Sarkozy pour lequel quelque 1,2 milliard d'euros ont été dépensés. 

Importance des mesures de prévention

Ce 3e plan devrait s'inspirer d'un rapport du Pr Jean-Paul Vernant, un hématologue chargé par le président d'élaborer un ensemble de "recommandations" sur le sujet. La maladie reste la première cause de mortalité en France, mais les spécialistes estiment que 40 à 50% des 350.000 nouveaux cas observés chaque année pourraient être évités par des mesures de prévention et d'éducation. 

C'est pourquoi il sera suivi de près par les milieux de la santé et les associations de lutte contre le tabagisme qui espèrent des mesures fortes contre le tabac, un fléau qui fauche 200 personnes tous les jours en France.

Pas tous égaux face à la maladie

En donnant le coup d'envoi aux travaux préparatoires du troisième plan en décembre 2012, le président avait lui-même abordé le thème des inégalités, soulignant que "le risque de mourir" d'un cancer "entre 30 et 65 ans (est) deux fois plus élevé chez les ouvriers que chez les professions libérales".

Le Professeur Vernant avait repris ce thème dans ses "recommandations" rendues publiques fin août, réclamant des "mesures correctrices" contre des inégalités sociales et territoriales encore "très marquées" et réaffirmant la nécessité de l'absence de reste à charge, c'est-à-dire de tous frais non remboursés entraînés par la maladie.

Coût "scandaleusement élevé" des traitements

Il avait également dénoncé des prix "scandaleusement élevés" des nouveaux traitements contre le cancer pouvant dépasser les 100.000 euros par an et par patient et appelé à un "nouveau système de régulation des prix".

Il a aussi recommandé d'officialiser la "consultation de fin de traitement" déjà pratiquée par certains hôpitaux et d'impliquer davantage les médecins généralistes, aujourd'hui largement exclus des soins et du suivi de leurs patients atteints de cancer.

Un arbitrage attendu sur le tabac

Les anti-tabac attendaient pour leur part l'arbitrage du président sur la question du tabac, espérant que le 3e plan cancer renouerait avec le 1er plan cancer (2003-2007) qui avait "déclaré la guerre" au tabac grâce à une hausse significative du prix des cigarettes.

"Des augmentations de 20 ou 30 centimes sont totalement inefficaces, il faut augmenter le prix du paquet d'au moins 1,5 euro" a souligné lundi le président de l'Office français de Prévention du tabagisme (OFT), le Pr Bertrand Dautzenberg. "Le président a entre ses mains la vie de dizaines de milliers de Français" a-t-il ajouté, estimant qu'en fonction de ce qui serait décidé il pourrait y avoir "10.000 morts de plus ou 25.000 morts de moins".

L'exécutif leur a répondu à ces demandes en affirmant qu'il donnerait la priorité à la lutte contre le tabagisme. La part des fumeurs réguliers dans la population n'a pu descendre sous les 33% (pour un objectif de 20%), bien que le prix du tabac en France soit l'un des plus élevé en Europe. La ministre de la Santé, Marisol Touraine, est désormais chargée de mettre en place un "programme national de réduction du tabagisme" qui comprendra la poursuite de la hausse du prix du tabac, une campagne ciblant les adolescents et une hausse de l'aide pour arrêter de fumer. Elle passera de 50 à 150 euros pour les moins de 25 ans et sera notamment proposée au 25-30. 

Résultats mitigés pour le précédent plan de lutte

Le deuxième plan cancer (2009-2013) annoncé sous Nicolas Sarkozy avait, selon lui, été une "catastrophe" en ce qui concerne la lutte contre le tabagisme, aboutissant à une hausse de 2% du nombre des fumeurs en l'espace de cinq ans.

Ce plan avait en revanche permis "d'oeuvrer au renforcement de la qualité et de la sécurité des soins" en direction des enfants, personnes âgées et malades de cancers rares, selon un bilan officiel diffusé en 2013 qui avait également déploré le faible nombre persistant d'IRM (Imagerie par résonance magnétique) en France.

Le nouveau plan a été annoncé lors des Rencontres de l'Institut national du cancer (Inca) à Paris, s'articulera autour de cinq axes: prévention et dépistage, recherche, prise en charge du patient, métiers/formations et pratiques en cancérologie et enfin vie pendant et après le cancer.

 

(Article créé le 04/02/2014 à 10:56; mis à jour à 13:24)