Pour l'exemple, la France détruit trois tonnes d'ivoire au pied de la Tour Eiffel

Par latribune.fr  |   |  491  mots
Jeudi 6 février, la France a détruit 698 défenses d'élephants et 15.357 pièces d'ivoire. (Reuters/Chaiwat Subprasom)
Le ministère de l'Ecologie a détruit mardi trois tonnes d'ivoire, soit l'intégralité de son stock jusque là conservé par les douanes, les tribunaux ou les musées.

"La France est le premier pays européen à procéder à la destruction de ses stocks depuis l'entrée en vigueur du moratoire sur le commerce de l'ivoire", en janvier 1990, a expliqué le ministère de l'Ecologie.

Au pied de la Tour Eiffel, en présence du ministre Philippe Martin et de l'envoyé spécial du chef de l'Etat pour la protection de la planète Nicolas Hulot, les 698 défenses brutes ou travaillées et les 15.357 pièces d'ivoire (statuettes, bijoux...) inventoriées par l'Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) ont été concassées et réduites en granulats.

80% de la marchandise interceptée à Roissy

L'ivoire sera ensuite envoyé dans une cimenterie pour être brûlé. 80 % de la marchandise a été interceptée à l'aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle dans des cargaisons de fret et lors de contrôles de passagers venant d'Afrique et souvent en transit vers l'Asie. Le Cameroun, le Gabon, le Congo et le Nigeria apparaissent parmi les principaux pays de provenance.

"C'est un message de fermeté que nous envoyons aux trafiquants qui affectent la survie de l'éléphant d'Afrique", a expliqué le ministre de l'Ecologie Philippe Martin, précisant que "la dimension internationale de ces trafics exige une étroite coopération entre pays d'origine, de transit et destination".

Destructions partielles dans le monde

D'autres pays - Chine, Etats-Unis, Philippines - ont procédé ces derniers mois à des destructions partielles de leur stock d'ivoire illégal, c'est-à-dire importé après 1989. En revanche, des objets anciens en ivoire peuvent, sous réserve de produire des preuves sur leur date d'importation, être vendus.

La France procède actuellement à un inventaire de ses saisies disséminées dans des entrepôts des douanes, des musées et des réserves de tribunaux. Selon l'ONG Robin des Bois, qui suit de longue date les questions de braconnage, le stock d'ivoire français issu de saisies serait d'environ 17 tonnes.

25 millions d'euros sur deux ans

L'ONG a salué la démarche française de destruction d'une partie de son stock, un moyen selon elle de sensibiliser l'opinion publique en France et à l'étranger, de diminuer les risques de vol et de ne pas spéculer sur la future valeur de ce matériau, aujourd'hui très prisé en Chine et dans une moindre mesure en Thaïlande.

En décembre, à l'occasion d'un sommet franco-africain à Paris, le président de la République, François Hollande, avait annoncé la destruction prochaine d'une partie du stock français, ainsi que celle systématique des futures saisies, et des moyens renforcés pour lutter contre le trafic d'espèces menacées.

Selon un tweet du ministère du Développement durable, la France prévoit un budget de 25 millions d'euros sur 2014-2015 pour lutter contre le braconnage et le trafic d'espèces menacées.