L'arrivée de Netflix et Google TV affole TF1, Canal+ et M6

Par latribune.fr  |   |  473  mots
En Europe, le site américain de vidéos en streaming Netflix est déjà présent en Grande-Bretagne, aux Pays-Bas et dans les pays scandinaves.
Dans une lettre commune, les patrons des trois principaux groupes privés de télévision français appellent la ministre de la Culture Aurélie Filippetti à libéraliser le secteur de l'audiovisuel.

Le signal SOS est lancé. Confrontés "aux arrivées prochaines" de Netflix et de la Google TV sur leur marché, les patrons de TF1, Canal+ et M6, ont adressé le 11 février une lettre commune à la ministre de la Culture Aurélie Filippetti. La pressant de les rencontrer, ils donnent leur vision de ce à quoi devrait ressembler une refonte du système audiovisuel français.

Les nouveaux acteurs internet bouleversent la donne

"Ce n'est pas une crise économique que traversent TF1, Canal+ et M6, mais une mutation industrielle accélérée (...) menaçant à terme leur pérennité", avertissent Nonce Paolini, Bertrand Méheut et Nicolas de Tavernost dans leur lettre.

S'alarmant des "bouleversements provoqués par l'arrivée, dans le secteur de la télévision, de nouveaux acteurs" issus d'internet et des nouvelles technologies - à l'instar de Google, Apple, Netflix, et Facebook -, ils demandent à rencontrer la ministre pour lui faire part de "propositions d'urgence".

Fin janvier, Aurélie Filippetti avait déjà fait savoir que Netflix devrait "se plier aux régulations"  françaises s'il voulait s'implanter sur le sol national. "Netflix doit être un acteur supplémentaire du système, pas un passager clandestin qui profite sans abonder la création française", avait-elle alors insisté.

Quoiqu'il en soit, les atouts de Netflix ont bien de quoi inquiéter les géants de l'audiovisuel français : le site américain de vidéo en streaming bénéficie d'un catalogue de films au choix inégalé, investit dans des séries à grand succès telle House of Cards, et s'assure un contenu toujours a la pointe du goût des consommateurs grâce à des algorithmes ultra-performants. Idem pour la plateforme Google TV qui donne accès à tous les services Google (Youtube, applications, etc.) via la télévision.

"Une réglementation française datée des années 80"

Les trois patrons soulignent la puissance de ces groupes qui bénéficient "de cadres législatifs et réglementaires plus souples" que ceux en vigueur en France, et pratiquent "une optimisation fiscale exorbitante".

Selon eux, la situation en France pâtit d'une politique visant à multiplier le nombre d'opérateurs dans un marché pourtant stagnant, tout en maintenant "une réglementation datée des années 1980, d'une lourdeur et d'une complexité inégalée en Europe".

Ils appellent notamment les pouvoirs publics à remettre à plat "l'ensemble des taxes sectorielles", à libéraliser le secteur audiovisuel ainsi qu'à réviser les règles interdisant de publicité certains secteurs.

Au pays de l'exception culturelle, où le financement du cinéma dépend largement des chaînes de télévision, les trois dirigeants demandent néanmoins à ce que continue à être respectée une "chronologie des médias" (règles régissant l'ordre de diffusion des films sur les différents supports, salles, TV, DVD...).