Le "système Dassault" résumé dans une liste de 130 noms

Par latribune.fr  |   |  535  mots
Une semaine après la levée de son immunité parlementaire, le sénateur UMP Serge Dassault a été placé en garde à vue les 19 et 20 février. (Photo : Reuters)
Le quotidien Libération a eu accès à un document saisi chez Serge Dassault en juin 2013 qui liste 130 bénéficiaires présumés d'un système d'achat de voix lors d'élections municipales à Corbeil-Essones au sujet duquel le sénateur fait l'objet d'une enquête.

L'étau se resserre autour de Serge Dassault. Les juges du pôle financier Guillaume Daïeff et Serge Tournaire enquêtant sur un système présumé d'achats de voix lors d'élections municipales à Corbeil-Essonnes disposent d'une liste, saisie chez Serge Dassault, qui détaille des dons et avantages à environ 130 bénéficiaires, affirme Libération dans son édition de mercredi. 

Il s'agirait de "quatre versions d'un listing d'électeurs, comportant environ 130 noms" et datées de "décembre 2009 et janvier 2010", affirme le quotidien, qui a eu accès aux documents.

L'existence de cette liste, saisie en juin 2013 lors d'une perquisition au "Clos des Pinsons", la résidence de Serge Dassault à Corbeil, a déjà été évoquée par le passé. Cette fois Libération en livre quelque détails.

Financement d'un permis de conduire et autres dons de nature très diverses 

"Le tableau comporte plusieurs colonnes" où sont inscrits les noms des bénéficiaires présumés, des commentaires sur l'avancement du dossier et les mentions "payé" et "non payé", indique le quotidien. 

Quelque 70 personnes seraient concernées par des dons d'argent, de quelques centaines à plusieurs milliers d'euros. Dans d'autres cas, les pots-de-vin présumés prennent une forme différente, détaille le journal.

"Financement d'un permis de conduire, prêt pour monter une entreprise, ou "dons de natures très diverses": "1.000 euros afin de payer une "amende" ", 500 euros pour "soutien sortie détention""

Il reste toutefois une partie des noms, 45 exactement, pour qui aucune somme n'a été versée. Pour Libération, il s'agit de jeunes ayant par exemple bénéficié d'un contrat aidé à la mairie de Corbeil.

Vers une mise en examen de Dassault

Une semaine après la levée de son immunité parlementaire, le sénateur UMP Serge Dassault a été placé en garde à vue les 19 et 20 février dans le cadre de cette enquête. Il doit encore être convoqué chez les juges qui peuvent le mettre en examen.

Jusqu'ici, cinq protagonistes ont été mis en examen dans ce dossier. Y figurent notamment l'actuel maire de Corbeil-Essonnes et bras droit de Serge Dassault, Jean-Pierre Bechter, qui a remporté les élections municipales de 2009 et 2010, sa deuxième adjointe à la mairie Cristela de Oliveira et un vieux compagnon de route du sénateur, Jacques Lebigre. 

Les deux autres mis en examen, Younès Bounouara et Mamadou Kébé, sont soupçonnés d'être des intermédiaires du système présumé d'achats de voix.

[Edité à 19h00] Serge Dassault annonce son intention de porter plainte contre Libération

Selon l'avocat de l'avionneur, Me Pierre Haïk, cette liste n'est en rien liée à des achats de votes, comme l'écrit le quotidien. Il annonce le dépôt d'une plainte pour atteinte à la présomption d'innocence.

"La liste en cause ne fait que confirmer le soutien apporté par M. Serge Dassault, sur ses fonds propres, à la réalisation de certains projets personnels et professionnels concrets", écrit-il dans un communiqué. "Ces aides financières ont toujours été déconnectées de quelque élection que ce soit, et accordées sans aucune contrepartie", ajoute-t-il, affirmant que son client l'a démontré lors de sa récente garde à vue.