UMP : finalement Copé veut bien jouer la transparence...sous scellés

Par latribune.fr  |   |  634  mots
Le maire de Meaux s'estime victime d'une "véritable chasse à l'homme". (Photo : Reuters)
Alors que l'hebdomadaire Le Point accuse une société de communication fondée par deux de ses proches d'avoir surfacturé des prestations à l'UMP, le patron de l'UMP a déclaré vouloir proposer deux lois pour la transparence financière.

La riposte n'aura pas tardé. Jean-François Copé a répliqué lundi aux accusations de favoritisme du Point en s'engageant à rendre publique la comptabilité de l'UMP. Il a également annoncé deux propositions de loi imposant la transparence financière aux partis et dirigeants d'organes de presse bénéficiant de la manne de l'Etat.

Le député-maire de Meaux a affirmé qu'il ne se laisserait pas déstabiliser par "la rumeur, les insinuations, les manipulations" et resterait à la tête du parti pour mener la campagne des élections municipales et européennes. Il s'est exprimé dans un registre très offensif:

"Appelons les choses par leur nom: depuis quelques jours, ma personne, mes proches, sont l'objet d'une véritable chasse à l'homme. […] J'ai toujours exercé mes fonctions avec droiture et avec honnêteté. […] Je ne suis dupe de rien, les Français non plus ne sont dupes de rien."

Le Point, dans son édition parue jeudi, accuse une société de communication fondée par des proches de Jean-François Copé d'avoir surfacturé l'organisation de meetings électoraux de Nicolas Sarkozy durant la campagne présidentielle de 2012. La société Bygmalion aurait ainsi engrangé huit millions d'euros. Jean-François Copé, ainsi que les dirigeants de cette société, ont annoncé des poursuites.

Organes de presse et responsables politiques au même régime

Pour "mettre un terme à ce climat nauséabond", le président de l'UMP a dit vouloir "prendre aux mots les donneurs de leçons" et annoncé le dépôt de deux propositions de loi en faveur de "la transparence et de la démocratie" à l'Assemblée nationale à la reprise des travaux parlementaires, début avril.

La première proposition de loi demandera à chaque parti bénéficiant d'un financement public "de mettre à la disposition de ceux qui le souhaitent l'ensemble des documents comptables" du mouvement depuis 2007.

Le second texte concernera les dirigeants des organes de presse bénéficiant d'une aide publique, qui devront être soumis "aux mêmes règles de transparence" que les parlementaires.

Dans l'attente de l'éventuelle adoption de ces dispositions législatives, Jean-François Copé a donné "dès aujourd'hui l'instruction au directeur général des services de l'UMP de bien vouloir mettre l'intégralité de la comptabilité de l'UMP, ainsi que les archives concernant les campagnes présidentielles de 2007 et 2012, dans une pièce qui sera scellée par un huissier".

"Cette pièce sera rouverte à l'adoption de ces deux lois", a promis le patron de l'UMP, qui "ne doute pas une seconde que (ses) propositions recueilleront l'unanimité des forces politiques au Parlement".

Des textes déjà en place

Le journal Le Monde fait toutefois remarquer que la plupart des mesures proposées par Jean-François Copé sont déjà appliquées.

Ainsi depuis 1990, la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques a notamment pour rôle de vérifier "le respect par les partis de leurs obligations comptables et financières". L'intégralité des documents y est consultable sur simple demande. De même, le montant des subventions à la presse est publique et disponible pour les 200 titres les plus aidés sur la plateforme ouverte des données publiques françaises

Pour l'anecdote, Jean-François Copé avait mis en garde contre le "voyeurisme" et l'"hypocrisie" des mesures sur la transparence du patrimoine des responsables politiques lors des derniers débats à l'Assemblée nationale. Il a d'ailleurs deux fois voté contre à l'Assemblée nationale le 17 septembre dernier, comme l'atteste la capture d'écran partagée sur son compte Twitter par la députée PS de Haute-Garonne Martine Martinel: