Valls : la presse européenne doute de ce "dur" "dénué d'esprit d'équipe"

Par latribune.fr  |   |  530  mots
En Italie, les journaux comparent Manuel Valls au nouveau président du conseil italien, Mateo Renzi, pour son "attitude directe". (Photo : Reuters)
L'arrivée de Manuel Valls à Matignon n'a pas manqué d'interroger la presse européenne. Pour la plupart des titres, aucun problème n'a encore été réglé et François Hollande essaie surtout de limiter les dégâts en nommant un "dur" au poste de Premier ministre.

La presse européenne a accueilli lundi soir avec prudence et scepticisme la nomination par le président français François Hollande de Manuel Valls, jusqu'alors ministre de l'Intérieur, en remplacement du Premier ministre Jean-Marc Ayrault.

En Allemagne, premier partenaire économique de la France, la Süddeutsche Zeitung (centre gauche) estime que "les effets (de ce remaniement) ne pourront pas faire long feu" et titre sur l'absence "d'esprit d'équipe" de Manuel Valls. "Les problèmes demeurent: le président doit trouver une stratégie pour ranimer l'économie, redresser les finances, soulager les citoyens et empêcher une fronde au sein de son parti", explique-t-il.

Même son de cloche dans les colonnes du quotidien conservateur Die Welt, pour lequel "le changement du Premier ministre et de deux, trois ou 19 ministres n'aura guère d'importance sur le fond, au mieux une valeur psychologique".

Un "Blairiste" à Matignon

En Grande-Bretagne, le Times (conservateur) titre: "Hollande en difficulté nomme un dur au poste de Premier ministre"

The Guardian (gauche) estime pour sa part que le président "Hollande a peiné pour limiter les dégâts (...) après les élections" et rappelle que Manuel Valls lui-même s'est décrit par le passé comme un "Blairiste". 

"L'absence de réaction aurait convaincu les électeurs que le président faisait la sourde oreille" aux demandes d'un changement de gouvernement, commente le quotidien économique The Financial Times.

Un catalan pour un "gouvernement de combat"

Les journaux espagnols mettent pour leur part l'accent sur les origines catalanes du nouveau chef de gouvernement. "Hollande met un dur à la tête du gouvernement après l'échec électoral", titre El Pais, de centre gauche, ajoutant:

"Le président réagit à chaud au cataclysme des municipales, nomme Premier ministre l'homme politique d'origine catalane Manuel Valls et promet de baisser les impôts pour les salariés."

"Valls, un Espagnol pour un gouvernement de combat", souligne l'autre grand journal espagnol, El Mundo (centre-droit), qui fait aussi de la nomination de Manuel Valls, né à Barcelone, le premier titre de son édition en ligne lundi soir.

Le grand quotidien catalan, La Vanguardia, met lui aussi en avant ses origines catalanes et le décrit comme "un Premier ministre de Barcelone, supporteur du Barça et qui parle catalan".

Un socialiste de droite dans un gouvernement de "cohabitation"

En Italie, le quotidien des milieux économiques, Il Sole 24 Ore, présente Manuel Valls comme "le socialiste qui fait un carton chez les électeurs de droite".

"Durant ces deux dernières années, il s'est fait une réputation de dur, il ne plait pas à l'extrême gauche qui a souvent demandé sa tête."

La Stampa, le quotidien de Turin (nord), estime qu'il s'agit là "d'un choix hasardeux, que d'aucuns qualifient déjà de "cohabitation" entre le président et son Premier ministre, tant les deux hommes semblent différents et incompatibles".

La Repubblica préfère le présenter comme un "homme qui suscite des passions fortes, d'amour comme de haine, et que de nombreux commentateurs comparent à Matteo Renzi (le président du conseil italien) pour son attitude directe"

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