Gouvernement : mettre fin à l'amateurisme

Par Ivan Best  |   |  524  mots
La gauche du PS, qui attendait de voir dans la composition du gouvernement un signal en direction des électeurs de gauche abstentionnistes, reste sur sa faim. C'est la continuité de la ligne politique qui prédomine. Avec un objectif associé: mettre fin aux couacs, aux accusations d'amateurisme

Quelle inflexion ? Quel signal donner après la claque des municipales ? A gauche du PS, on s'interroge.

"C'est un traumatisme colossal, ce scrutin des municipales, un véritable 1993 au niveau des mairies, or on ne voit pas de réponse à cela dans la composition du gouvernement."

Co-animateur du mouvement "la Gauche populaire", le député PS Laurent Baumel a accueilli plus que froidement la composition du nouveau gouvernement. Comme beaucoup de parlementaires à la gauche du PS, il attendait une réaction après la claque de municipales, due à l'abstention massive du "peuple de gauche", les dimanche 23 et 30 mars. Une abstention qui explique, mécaniquement, les bons scores de la droite. Où est le changement ?

Continuité et représentation des courants du PS

Difficile de voir dans la composition du nouvel exécutif une réponse au mécontentement des sympathisants du PS. Hamon, plutôt à gauche du PS, promu au ministère de l'Education ? N'est pas une caution "de gauche?" "Certes, c'est un signal" répond Laurent Baumel. Le problème, c'est que "l'éducation, la formation de la jeunesse, c'est évidemment important, mais ce n'est pas là qu'on trouve les préoccupations premières des Français, celles qu'on a entendues sur les marchés"  répond Laurent Baumel. A savoir, "l'emploi, le pouvoir d'achat, deux sujets sur lesquels les électeurs ont le sentiment que la situation s'est plutôt dégradée depuis deux ans."

Montebourg faussement promu

Et la promotion d'Arnaud Montebourg, autre caution de gauche,  en tant que ministre de l'Economie? Elle est largement factice. Il n'aura pas la main sur les finances, et n'aura donc aucun rôle dans les négociations à Bruxelles sur la politique économique française: dans les conseils eco-fin, c'est toujours le ministre des Finances -Michel Sapin, désormais- qui est convié. Il n'aura pas de droit de regard, non plus, sur le commerce extérieur.

Le vrai message politique que porte la composition du nouveau gouvernement est ailleurs. Il y a l'idée de la continuité  -pacte de responsabilité-,et du rassemblement, de la fameuse synthèse "hollandaise": tous les candidats à la primaire PS se retrouvent ministre, à l'exception notable de Martine Aubry. Finaliste de cette "compétition", elle n'était pas "hollando-compatible".

Mettre fin à l'amateurisme

Mais surtout, il s'agit, objectif d'une simplicité désarmante -voire désespérante pour ces élus à la gauche du PS- de répondre à une critique récurrente, notamment dans la presse: celle de l'amateurisme.  En composant ce nouvel exécutif, François Hollande et Manuel Valls ont voulu mettre fin aux couacs, à l'amateurisme si souvent dénoncé par la presse.

Pas de risque, à l'exception de François Rebsamen, qui a fait montre de son professionnalisme par ailleurs, aucun ministre novice. On prend les mêmes, à l'exception de Rebsamen et Ségolène Royal…

Certes, des frictions seront possibles, entre Michel Sapin et Arnaud Montebourg. Mais, si leurs attributions sont soigneusement délimitées, elles seront à terme limitées. En outre, une concurrence, voire des frictions, entre vrais pros, au profit d'un chef de l'exécutif qui tire les marrons du feu, ne verse pas nécessairement dans l'amateurisme.