Les jeunes n'ont jamais autant été touchés par le chômage

Par Tiphaine Honoré  |   |  568  mots
L'étude du Céreq pointe qu'une "partie des jeunes de cette génération, pour la majorité sans diplôme, n'a pas franchi en trois ans la barrière de l'emploi, avec un risque d'exclusion sociale accrue". Reuters
En 2013, trois ans après leur sortie du système scolaire ou supérieur, 22% des jeunes actifs étaient à la recherche d'un emploi. Le plus haut niveau jamais observé selon le Centre d'études et de recherches des jeunes sur les qualifications (Céreq).

Plus qualifiés, mais moins embauchés. Tel est le résultat de l'enquête sur les jeunes et l'emploi, menée par le Céreq et dévoilée mardi. Selon cette publication, la génération des jeunes diplômés en 2010 serait la plus touchée par le chômage depuis 1970.

Près d'un jeune sur cinq au chômage

La hausse par rapport à la génération diplômée en 2004 est de 16 points pour les non-diplômés et de 3 points pour les diplômés du supérieur, indique le Céreq. Ils sont ainsi 22% à n'avoir toujours pas trouvé de travail trois ans après la fin de leurs études, soit une personne sur cinq. L'organisme indique:

"L'insertion se dégrade lourdement. La transition de l'école à l'emploi s'avère bien plus difficile".

Et d'ajouter que la crise financière arrivée en 2008 et celle des dettes souveraines à l'été 2010 sont les deux raisons principales de la dégradation du marché du travail. En plus de cette détérioration de la conjoncture économique, le Céreq pointe "la faiblesse de l'intervention publique traduite par la diminution des contrats aidés destinés aux jeunes. La montée en charge des emplois d'avenir, créés en octobre 2012, ne s'opère qu'en 2013".

Compte tenu du fonctionnement du marché du travail, les débutants sont souvent les plus touchés en temps de crise.

La génération "la plus éduquée"

Jamais les employeurs n'ont pourtant eu affaire à des candidats aussi diplômés, en particulier dans le supérieur. Depuis 2004, la part des étudiants qui sortent avec un Master en poche est passée de 14% à 17% en 2010.

Les titulaires d'un Master, les diplômés d'écoles d'ingénieurs, de formation médicale et les thésards "ont bien résisté". Leur taux de chômage n'atteint pas les 12% quand celui des CAP et des BEP dépasse les 30%.

Les disparités se sont ainsi accentuées. Les jeunes sans diplôme ou faiblement diplômés ont vu leurs conditions d'insertion se dégrader lourdement.

Chômage record pour les non diplômés

Les jeunes qui sortent du système éducatif sans diplôme représentent 16% de la génération 2010. Un de ces jeunes actifs sur deux était encore à la recherche d'un emploi en 2013. 

Quant à l'intérim, en plein effondrement, il ne joue plus son rôle de passerelle vers l'emploi. Parallèlement, les contrats aidés destinés aux jeunes ont été moins nombreux entre 2010 et 2013. Le Céreq, qui précise qu'ils ont été 12% à n'avoir quasiment pas travaillé, ajoute:

"Une partie des jeunes de cette génération, pour la majorité sans diplôme, n'a pas franchi en trois ans la barrière de l'emploi, avec un risque d'exclusion sociale accrue"

Des salaires et des conditions de travail stables

Les résultats du Céreq laissent néanmoins poindre quelques aspects positifs: malgré l'ampleur de la dégradation, la majorité des jeunes, soit 62% d'entre eux, continue d'accéder à l'emploi en moins de trois mois. La part des Contrats à durée indéterminée (CDI) reste stable et le montant des salaires a légèrement, et lentement, augmenté. "La moitié des jeunes salariés de la génération 2010 débute avec un revenu net mensuel supérieur à 1 350 euros, soit 70 euros de plus que leurs aînés".