" En matière d’attractivité, la France n’a pas de complexe à avoir "

Par Fabien Piliu  |   |  830  mots
"Notre filiale sera une entreprise française qui paiera ses impôts en France"
L’américain QVC, un des leaders mondiaux du shopping multimédia s’implante en France. A la clé, 200 emplois la première année. Dans un entretien accordé à La Tribune, Steve Hofmann, le directeur général de QVC Europe explique les raisons de ce choix.

La Tribune - Après le Royaume-Uni, l'Allemagne et l'Italie, QVC a décidé de s'implanter en France. Pourquoi maintenant ?

S'implanter dans un pays est un projet de longue haleine. Nous travaillons sur notre arrivée en France depuis trois ans.

Au regard de ce délai, peut-on en déduire qu'il est compliqué pour une entreprise étrangère de s'installer en France ?

Absolument pas ! Nous sommes ravis de l'accueil qui nous est réservé. Nous avons d'excellents rapports avec le gouvernement, l'Agence française des investissements internationaux, l'agence régionale de développement de Paris Ile-de-France ou l'autorité de régulation, le CSA. Tous ces acteurs nous aident au quotidien pour que notre projet soit couronné de succès. Tous les pays sont différents. Il faut à chaque fois s'adapter. C'est ce que nous faisons actuellement en France et ce n'est pas plus difficile qu'ailleurs. En matière d'attractivité, la France n'a pas de complexe à avoir 

Pourtant, la France n'a pas une excellente réputation. Le french bashing est une mode assez répandue.

Au-delà des clichés faciles, comment pourrait-on faire l'impasse sur la deuxième plus grande économie européenne ? Ce serait un non-sens économique. Au cours des dernières années, la France a fait des choix stratégiques novateurs et radicaux en matière de technologie numérique qui ont accéléré notre installation. Celle-ci est prévue au deuxième trimestre 2015, probablement en juin.

L'installation récente d'Amazon en France a soulevé une polémique. A la différence de votre concurrent, QVC sera-t-il imposable en France ?

Laissez-nous le temps de faire des bénéfices ! Plaisanterie mise à part, il est bien entendu que notre filiale sera une entreprise française qui paiera ses impôts en France.

Combien de personnes seront embauchées ?

La première année, nous recruterons 200 personnes, françaises dans leur très grande majorité.

QVC est un des leaders mondiaux du shopping multimédia. Concrètement, que proposerez-vous de différent aux consommateurs français ?

Notre offre diffère profondément du téléshopping classique. Désormais, les consommateurs évoluent dans un univers numérique en pleine expansion et en constante l'évolution qui leur permet de faire des achats à tout moment grâce à une variété de supports techniques. Mais ils sont aussi demandeurs de services, notamment de conseils, et d'expériences toujours plus divertissantes. Nous allons donc proposer aux consommateurs français une expérience d'achat numérique intégrée via nos diverses plateformes e-commerce, audiovisuelle, mobile et nos réseaux sociaux, qui leur donneront la possibilité d'acheter des produits qu'ils ne trouveront nul par ailleurs et ce, en toute confiance.

C'est-à-dire ?

QVC n'est pas un simple distributeur. Plus de 70% des produits que nous proposons ne sont pas disponibles sur Amazon. Quant à la relation de confiance que nous voulons créer avec nos clients, elle est au centre de notre philosophie. Nous ne cherchons pas à forcer une vente. Il en est hors de question. Seule la fidélité de nos clients compte.

Concrètement, comment créez-vous cette relation de confiance ?

Dans le cadre de nos programmes, chaque produit est testé par des experts, des utilisateurs. Son utilité, son design, sa robustesse sont continuellement commentés sur les réseaux sociaux. Nous faisons tout pour que nos clients ne soient pas déçus. C'est la raison pour laquelle nous ne lui imposons pas de délai pour retourner son achat. Certains produits médicaux ou paramédicaux ne produisent pas toujours leurs effets immédiatement. Nous permettons donc à nos clients de les conserver, de les tester jusqu'à 90 jours.

Vous avez rencontré Arnaud Montebourg, le ministre de l'Economie et du Redressement productif qui s'est fait le héraut du made in France. QVC peut-il faire la promotion des produits fabriqués en France ?

Nous le faisons déjà car nous proposons les meilleurs produits à nos clients. Plusieurs fois par an, nous organisons un « french day » au cours duquel les produits français sont particulièrement mis en avant. Au Royaume-Uni, ce sont des « french beauty tour » que nous proposons à nos clients. Je peux vous assurer que les produits français n'ont pas de mal à se vendre car ils ont une excellente réputation.

En France, nous allons procéder en deux temps, comme nous le faisons à chaque fois que nous arrivons dans un pays. Dans un premier temps, nous allons travailler avec nos partenaires traditionnels, parmi lesquels certains sont français comme l'Occitane ou le groupe Seb, puis les produits locaux monteront en puissance dans notre offre. En Italie, 50% des produits achetés en 2013 étaient produits localement, contre 30% deux ans plus tôt.

Est-ce habituel d'être reçu par le ministre de l'Economie du pays dans lequel QVC s'implante ?

Je ne sais pas si c'est habituel . En revanche, le ministre a été très intéressé par les opportunités de développement que notre modèle offre dans le numérique.