Alstom : les trois points sur lesquels le gouvernement se veut "vigilant"

Par latribune.fr  |   |  586  mots
L'opération d'acquisition est estimée à plus de 9 milliards d'euros. (Photo : Reuters)
Le Premier ministre et le ministre de l'Economie devraient rencontrer dimanche le PDG de General Electric. Il s'agit de discuter de l'éventuelle acquisition par le groupe américain des actifs du fleuron industriel français liés à l'énergie.

"L'emploi, la localisation des activités et l'indépendance énergétique" : ce sont les trois aspects sur lesquels l'entourage de François Hollande a assuré samedi que le gouvernement serait "vigilant", concernant l'acquisition par General Electric (GE) d'une partie des activités d'Alstom, fuitée mercredi dans la presse.

Le ministre de l'Economie, Arnaud Montebourg, "reçoit et recevra toutes les parties concernées", a indiqué la même source à l'AFP.

Rencontre au sommet

Le PDG de GE, Jeffrey Immelt, est attendu dimanche à Paris pour une discussion au sommet sur l'acquisition éventuelle de la division énergie de l'industriel français par le groupe américain. Il devrait rencontrer le Premier ministre Manuel Valls et le ministre de l'Economie, selon des sources concordantes citées par l'AFP, qui se sont toutefois refusées de préciser le lieu et l'heure de l'entrevue.

"GE est dans une position très amicale", assurait samedi à l'AFP une source proche du dossier. "Si GE souhaite faire cette opération, c'est parce qu'ils sont sensibles aux arguments d'Alstom et de son principal actionnaire Bouygues", qui détient 29,4% du capital, sur la complémentarités entre les deux groupes.

Bouygues ne cache pas son souhait de se désengager du capital d'Alstom pour des raisons stratégiques. Alstom souhaite se recentrer sur le ferroviaire, a précisé la même source.

Un Conseil d'administration d'Alstom dimanche ?

De son côté, le PDG d'Alstom, Patrick Kron, a simplement confirmé aux organisations syndicales que le groupe était en discussions "pour une opération industrielle".

Le groupe français devrait tenir dimanche un conseil d'administration. Le temps presse : le cours de son titre a été suspendu vendredi à la Bourse de Paris et la cotation ne pourra reprendre lundi que si le groupe publie un communiqué pour éclaircir la situation et éviter les spéculations boursières.

Projet industriel et non pas politique

L'opération, estimée à plus de 9 milliards d'euros, vise l'achat des actifs du groupe français liés à l'énergie (équipements pour centrales thermiques, lignes à haute tension, énergies renouvelables, soit les divisions "Power" et "Grid"), qui représentent plus de 70% de l'activité d'Alstom et un chiffre d'affaires de 14 milliards d'euros. La branche transport, qui fabrique les TGV, ne serait, elle, pas concernée par l'acquisition.

"On a une belle histoire à construire en terme d'offres à travers le monde. On veut écouter le gouvernement, sachant que l'on veut construire un projet industriel et non un projet politique", a-t-on souligné dans l'entourage de GE, rapporte l'AFP.

"Les discussions avancent à grands pas, la structure du 'deal' est définie et tout est presque prêt", déclarait vendredi une source industrielle à Reuters.

Le groupe américain est déjà présent en France

L'Etat n'est plus actionnaire d'Alstom depuis 2006. Le ministre de l'Economie, Arnaud Montebourg, s'est toutefois invité dans le dossier, justifiant son interventionnisme par la nécessité de prémunir la France du risque de perdre un centre de décision et d'éventuels emplois. Dès vendredi, il a reçu la dirigeante de GE en France, Clara Gaymard, pour s'assurer qu'a minima l'emploi serait préservé, selon des sources citées par l'AFP.

GE n'est toutefois pas complètement étranger en France. Le groupe est déjà présent dans une vingtaine de villes : GE France compte notamment 11.000 employés et un siège européen à Belfort. L'industriel américain dispose en outre depuis plus de 35 ans d'une filiale commune avec Snecma (Safran) qui fabrique le CFM56, le moteur d'avion le plus vendu de l'histoire.