Pacte de stabilité : après la fronde, l'heure est à l'adoption du plan d'économies

Par latribune.fr  |   |  564  mots
Trois semaines après l'investiture du gouvernement Valls, où déjà onze députés PS (sur 291) s'étaient abstenus, l'exercice s'apparente à un nouveau vote de confiance sur la politique de l'offre annoncée en janvier par François Hollande et sur laquelle il joue la fin de son quinquennat, plombé par l'absence de résultats sur la croissance et l'emploi. (Photo : Reuters)
Après deux semaines de confrontation inédite avec sa majorité, le gouvernement devrait réussir à faire adopter mardi par les députés son plan de 50 milliards d'économies, indispensable à ses yeux pour la crédibilité française en Europe.

C'est un vote consultatif, mais à haute portée symbolique.Les députés sont appelés ce mardi à un vote sur le "programme de stabilité" qui soumet à l'avis de la Commission européenne la politique de la France jusque 2017. A savoir, la mise en œuvre du "pacte de responsabilité et de solidarité" (40 milliards d'allégements sociaux et fiscaux pour les entreprises, 5 milliards pour les ménages) assortie d'économies sans précédent, d'un total de 50 milliards, pour réduire le déficit public à 3% du PIB en 2015 (contre 4,3% en 2013), comme promis aux Européens.

Trois semaines après l'investiture du gouvernement Valls, où déjà onze députés PS (sur 291) s'étaient abstenus, l'exercice s'apparente à un nouveau vote de confiance sur la politique de l'offre annoncée en janvier par François Hollande et sur laquelle il joue la fin de son quinquennat, plombé par l'absence de résultats sur la croissance et l'emploi.

"Un moment de vérité"

C'est "un moment de vérité", un "vote tout sauf indicatif", a d'ailleurs écrit lundi le Premier ministre aux parlementaires de sa majorité dont nombre d'entre eux menaçaient jusque ce week-end de s'abstenir.

Traumatisés par la déroute des municipales, ces derniers s'inquiètent de l'impact de la réduction des dépenses publiques sur la reprise de la croissance et protestent particulièrement contre le gel des prestations sociales jusqu'en octobre 2015 et celui du point d'indice des fonctionnaires jusqu'en 2017.

Manuel Valls a entendu les critiques

Des critiques en partie entendues par Manuel Valls qui, sans remettre en cause le volume d'économies, a accepté d'épargner les retraites inférieures à 1.200 euros et de réexaminer chaque année la situation des fonctionnaires en fonction de la croissance.

Autre demande des socialistes, le "plan pauvreté", qui prévoit une hausse du RSA, sera bien appliqué au 1er septembre, et non décalé d'un an, et Manuel Valls a confirmé "une mesure fiscale de soutien aux ménages" dont les "modalités" seront élaborées "dans les prochains jours".

Enfin, Manuel Valls souligne que ces économies "doivent donc être accompagnées par une politique monétaire plus active et une politique de change plus réaliste au niveau européen", ce qui sera "la démarche du chef de l'Etat dans les négociations qui suivront le renouvellement du Parlement européen".

L'abstentionnisme

Ces annonces devraient calmer nombre des frondeurs, notamment des "quadras" du cœur de la majorité qui depuis deux ans n'avaient pas fait défaut au gouvernement où certains auraient pu rentrer lors du remaniement.

"Notre demande de justice sociale a été entendue", s'est félicité le député de Saône-et-Loire Thomas Thévenoud, auprès de l'AFP. Ainsi, lundi soir, le bureau national du PS a adopté une résolution de soutien au programme de stabilité.

Reste, en dépit de ces concessions et des rappels à l'ordre, une vingtaine de députés qui pourraient tout de même s'abstenir: membres de l'aile gauche, chevènementistes ou proches de Martine Aubry comme Christian Paul qui demandaient un volume d'économies réduit à 35 milliards au lieu de 50.

Malgré les abstentionnistes annoncés dans les rangs PS, le secrétaire d'État aux Relations avec le Parlement, Jean-Marie Le Guen, s'est dit lundi "confiant dans la majorité et dans la nature de la majorité", de gauche, que le gouvernement obtiendra.