Jérôme Kerviel écroué à Nice "jusqu'à nouvel ordre"

Par latribune.fr  |   |  504  mots
Jérôme Kerviel aura maintenu pendant deux jours le suspense face aux caméras qui lui ont offert une tribune inespérée. (Photo : Reuters)
L'ancien trader a été interpellé par les forces de police peu de temps après avoir passé la frontière italienne, il a ensuite été transféré à la maison d'arrêt de Nice. Il doit purger en France une peine de trois ans de prison ferme pour avoir provoqué la perte de 4,9 milliards d'euros pour la Société Générale.

Jérôme Kerviel passera le début de sa peine derrière les barreaux de la maison d'arrêt de Nice. L'ex-trader y a été transféré ce lundi après avoir été déféré au parquet de la ville juste après avoir franchi la frontière franco-italienne. Il devrait rester dans cette prison "jusqu'à nouvel ordre", indique Eric Bedos, le procureur de Nice.

Interpellé dans la nuit

Dimanche à minuit, l'ancien trader de la Société Générale a été interpellé par la police à Menton, heure limite à laquelle il devait se présenter aux autorités en vue de purger sa peine. Il a été définitivement condamné à cinq ans de prison dont trois ferme pour avoir provoqué des pertes colossales de 4,9 milliards d'euros pour son ancienne banque.

L'interpellation, qui s'est faite sans que Jérôme Kerviel n'oppose aucune résistance, a laissé ses soutiens désemparés, certains en pleurs. "C'est violent", a commenté, très ému, le père Patrice Gourrier, qui s'est mis en disponibilité pendant trois ou quatre mois pour terminer la marche de Kerviel jusqu'à Paris.

"Je n'ai jamais été en fuite"

Dimanche soir, l'ancien courtier, qui refusait de regagner la France en attendant que François Hollande réponde à ses requêtes, avait finalement annoncé son intention de rentrer.

"Je n'ai jamais été en fuite, j'ai toujours assumé ma responsabilité", avait-il dit en quittant son hôtel de Vintimille, souriant, sac au dos et tenue de randonneur. Conseillé par une douzaine de stratèges de son comité de soutien, avec son avocat Me David Koubbi en chef d'orchestre, Jérôme Kerviel aura maintenu pendant deux jours le suspense face aux caméras qui lui ont offert une tribune inespérée.

Il devait regagner la France dès samedi. Mais, à 100 m de la frontière, accueilli par une centaine de partisans acclamant leur nouveau porte-drapeau en lutte contre le monde de la finance, il avait finalement annoncé devant une forêt de caméras son intention de rester en Italie tant que le président François Hollande n'assurerait pas une "immunité" en faveur de témoins dans son dossier.

Un "escroc" pour Michel Sapin

L'Elysée avait simplement répondu que si Jérôme Kerviel sollicitait une grâce présidentielle, sa demande serait examinée "selon la procédure habituelle". Interrogé par l'AFP, l'entourage du président a répondu qu'"aucune rencontre n'(était) à l'ordre du jour". Pour l'Elysée, le chef de l'Etat est "le garant constitutionnel de l'indépendance de l'autorité judiciaire" et est "attaché au respect des décisions rendues par les juridictions françaises".

Dimanche soir, le ministre des Finances Michel Sapin a affirmé que Kerviel était "un escroc" qui a été "condamné" et devait "purger sa peine". Jean-Luc Mélenchon a au contraire exprimé le soutien du Front de gauche "parce qu'il est innocent", regrettant que la Société Générale ait "refusé toute expertise indépendante".

(Article créé le 19/05/2014 à 07:36, mis à jour à 12:15)