La société Bygmalion accuse l'UMP de "fausses facturations" et de "chantage économique"

Par latribune.fr  |   |  723  mots
Des meetings du candidat à la présidentielle Nicolas Sakozy ont été facturés sous le libellé frauduleux de conventions "à la demande de l'UMP", a dit Me Patrick Maisonneuve lors d'une conférence de presse. Reuters
L'avocat de la société Bygmalion a indiqué que ses clients ont été soumis à "un chantage économique" de la part du parti UMP pour masquer les dépassements de frais du candidat...Nicolas Sarkozy. Des perquisitions seraient déjà en cours chez Bygmalion et à l'UMP.

La société Bygmalion, au cœur de l'enquête sur des malversations financières présumées à l'UMP en 2012, a été soumise à "un chantage économique" de la part du parti pour établir quelque 11 millions de fausses factures. Le but : masquer les dépassements de frais de campagne du président sortant Nicolas Sarkozy, a annoncé lundi son avocat.

Un habillage de factures "sous contrainte"

Des meetings du candidat ont été facturés sous le libellé frauduleux de conventions "à la demande de l'UMP", a dit Me Patrick Maisonneuve lors d'une conférence de presse.

"Bygmalion est prêt à l'assumer mais ne veut pas en porter la responsabilité. On parle de 'l'affaire Bygmalion', c'est plutôt l'affaire des comptes de campagne de Nicolas Sarkozy."

Bygmalion, société fondée par deux proches de Jean-François Copé, alors secrétaire général de l'UMP, a procédé à cet "habillage" sous la contrainte de la direction du parti.

"C'était ça ou ils n'étaient pas payés", a dit Me Maisonneuve. Refusant de désigner des responsables présumés, l'avocat de Bygmalion a appelé la direction de l'UMP à désigner les responsables. "L'équipe de campagne du candidat n'a qu'à dire les choses".

Un contrat de 878 000 euros signé de la main de Jean-François Copé

Lundi matin, le chef de l'UMP a de nouveau tenté de se dédouaner dans l'affaire de surfacturations en faveur de la société Bygmalion, affirmant ne pas y être impliqué. Jean-François Copé a réaffirmé n'avoir aucune responsabilité dans la gestion quotidienne de la comptabilité de son propre parti :

"Je n'ai jamais vu les factures, les chèques etc, ce n'était pas dans ma fonction. Je faisais confiance par définition aux gens dont c'est le métier" 

Pourtant, l'Express a mis la main sur un document qui prouverait le contraire. Un contrat de la société E-Makina, en date du 1er février 2012 et d'un montant de 878 000 euros hors taxe, porte en effet la signature du président de l'UMP. 

Jean-François Copé sur la sellette? 

Pour certains de ses collaborateurs, trop c'est trop. Jean-François Copé est ainsi sur la corde raide en tant que chef de l'UMP. Des députés de son parti appellent à sa démission. Mais le Maire de Meaux n'a pas dit son dernier mot, tout comme le député Pierre Lellouche, lui aussi cité dans l'affaire Bygmalion.

La meilleure défense, c'est l'attaque semble penser Jean-François Copé. Le président de l'UMP va "porter plainte contre X" dans l'affaire Bygmalion, ont indiqué lundi des sources concordantes à l'AFP, sans en préciser les motifs.

Une nouvelle "mission de gouvernance en matière de procédure"

L'une des sources a indiqué que Jean-François Copé annoncerait cette décision mardi aux membres du Bureau politique de son parti (BP), qui seront réunis à son initiative à l'Assemblée. L'affaire, qui fait déjà l'objet d'une enquête préliminaire, porte sur des faits de surfacturations présumées au détriment de l'UMP et au bénéfice d'une société dirigée par des proches de Copé.

L'autre source a précisé que, lors du BP, le président de l'UMP allait également annoncer la mise en place d'une "mission de gouvernance renforcée en matière de procédure au sein de l'UMP", sous la direction de René Ricol, ex-Commissaire général à l'investissement sous la présidence de Nicolas Sarkozy. René Ricol aurait accepté cette mission. Les ténors de l'UMP réclament tous à Jean-François Copé de faire "la transparence" au sujet de Bygmalion. Copé a promis qu'il ne se"déroberait pas".

Pierre Lellouche contre-attaque

Le député UMP Pierre Lellouche a annoncé quant à lui lundi à Nanterre, qu'il portait plainte pour "usurpation d'identité". Son nom ayant été utilisé "contre son gré", selon lui, dans l'affaire Bygmalion. Il a par ailleurs jugé que la direction de l'UMP devait "changer". Sortant du bureau des enquêteurs où il a été auditionné à sa demande, l'ancien ministre UMP a expliqué à la presse sa plainte : "On m'a volé mon nom et on l'a accolé à quelque chose de très probablement frauduleux". Pour lui "clairement, la direction de l'UMP doit changer pour assainir tout ça".

 

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