Jean-Marie Le Pen : un enrichissement suspect à hauteur d'1,1 million d'euros

Par latribune.fr  |   |  456  mots
"Ça lui apporte sans doute un petit bénéfice politique de faire peser un soupçon d’illégalité sur Jean-Marie Le Pen", a déclaré l'eurodéputé quant à l'autorité indépendante qui a saisi la justice. (Photo: Reuters)
C'est l'enrichissement de l'eurodéputé, incompatible avec ses revenus, qui avait éveillé les soupçons en 2013. L'enquête ouverte alors sur le président d'honneur du Front National est en cours.

L'argent de Jean-Marie Le Pen au cœur d'une enquête préliminaire. Mediapart en avait déjà révélé l'existence en février, le site d'information en précise ce mercredi l'origine. Ouverte en novembre 2013 à la demande de la Commission pour la transparence financière de la vie politique, elle concerne un enrichissement personnel du président d'honneur du Front national, de 1.127.000 euros entre 2004 et 2009.

Une telle augmentation des biens de l'eurodéputé avait en effet paru, aux yeux de l'ancienne commission chargée d'examiner les déclarations de patrimoine des élus (aujourd'hui remplacée par la Haute autorité pour la transparence, HAT) difficilement compatible avec ses revenus officiels.

L'autorité indépendante, alors présidée par le vice-président du Conseil d'État, Jean-Marc Sauvé, avait notamment comparé la déclaration de patrimoine remplie par Jean-Marie Le Pen en 2009 (à l'issue de son mandat) avec celle fournie en 2004 (au début de son mandat). Elle avait particulièrement tilté sur ses investissements massifs dans des Sicav.

Des explications sans justificatifs

Jean-Marie Le Pen aurait fourni plusieurs explications pour cet enrichissement, qui n'ont pas été jugées convaincantes par la commission: le renoncement du Front national à lui réclamer une ancienne dette, une "remise gracieuse" obtenue du fisc, des virements reçus de son parti personnel Cotelec, d'une étude notariale ainsi que d'une banque. Toutefois, aucune de ces justifications n'a été corroborée de preuves, souligne Mediapart.

La Commission pour la transparence financière, qui contrairement à la HAT manquait des moyens nécessaires pour approfondir son enquête, avait donc décidé de saisir le parquet. Depuis, c'est la brigade financière de la préfecture de police de Paris qui mène l'enquête. mais ni Jean-Marie Le Pen, ni les trésoriers du FN ou de Cotelec n'ont encore été entendus, souligne Mediapart.

Un parti pris politique, selon Le Pen

Interrogé par le site d'information, Jean-Marie Le Pen affirme n'éprouver "aucune inquiétude" quant à l'enquête, tout en essayant de se débarrasser de la question:

"Mais je n'ai pas le dossier sous les yeux. Je n'ai pas eu le temps de fouiller dans mes papiers", affirme-t-il.

S'il répond à l'insistance de Mediapart en fournissant quelques détails sur les explications de son enrichissement données à la commission, il finit néanmoins par déverser la responsabilité sur la commission, responsable à ses yeux de "désinvolture" et "paresse". Il ajoute:

"Ça lui apporte sans doute un petit bénéfice politique de faire peser un soupçon d'illégalité sur Jean-Marie Le Pen."

L'eurodéputé était toutefois tenu de remplir avant juin une nouvelle version de sa déclaration de patrimoine. Cette fois, ce sera la nouvelle Haute autorité qui s'en saisira.