L'économie française a marqué le pas au printemps

Par Fabien Piliu  |   |  620  mots
L'activité s'est tassée au printemps
L'indice PMI des directeur d'achats témoigne d'une contraction de l'activité dans l'industrie mais aussi dans les services en juin. La concurrence par les prix continue de peser sur la rentabilité des entreprises.

Ce lundi, les députés commenceront à examiner le collectif budgétaire. Au menu, le Pacte de responsabilité et ses mesures permettant de réduire le coût du travail en France. Est-ce urgent ? Réalisée par la société Markit auprès des directeurs d'achats, l'enquête PMI datée de juin publiée ce lundi souligne la nécessité d'agir en ce sens même si les écarts de coûts salariaux entre la France et l'Allemagne, son principal partenaire et concurrent, tendent à se tasser.

Un coût du travail identique en France et en Allemagne !

Selon COE-rexecode, reprenant les statistiques d'Eurostat, le coût de l'heure de travail dans l'industrie manufacturière atteignait au premier trimestre 37,34 euros en Allemagne et 37,34 euros en France, contre 31,46 euros en moyenne dans la zone euro ! En revanche, dans l'industrie et les services marchands, il s'élevait au premier trimestre à 33,15 euros en Allemagne, à 35,63 euros en France et à 29,27 euros en moyenne dans la zone euro.

Selon l'enquête de Markit, les prix des achats ont continué à augmenter pour atteindre un plus haut de cinq mois en juin. En cause, la hausse des prix des carburants, des métaux mais aussi des coûts salariaux. Ils ont par exemple augmenté de 1,8% sur un an au premier trimestre dans l'industrie selon Eurostat. Hors, dans le même temps, " les pressions concurrentielles et l'affaiblissement de la demande continuent de limiter le pouvoir de tarification des entreprises privées françaises ", note Markit. Résultat, les prix facturés diminuent pour le 26ème mois consécutif en juin. En clair, les entreprises tricolores sont obligées de réduire leurs marges pour être en mesure de se battre avec leurs concurrents. Une méthode à laquelle leurs concurrentes allemandes ne sont pas obligées de se plier, ces dernières ayant la capacité de fixer le prix de leurs produits au marché.

Pouvoir imposer ses prix, un luxe que peu d'entreprises françaises ont

Une liberté que le gouvernement souhaite depuis longtemps offrir aux entreprises françaises en multipliant les dispositifs de soutien à l'innovation tels que le crédit impôt recherche, le crédit d'impôt innovation, les pôles de compétitivité, Bpifrance…. Mais, a regard du niveau du taux de marge des sociétés non financières -28% au premier trimestre selon l'Insee, contre 39,8% en 2000 -, force est de constater que ces mesures n'ont pas encore produit leurs effets.

Pas de retournement

Dans ce contexte, la contraction de l'activité dans l'industrie mais aussi dans les services n'est guère étonnante. " Les dernières données PMI flash sur le secteur privé français n'indiquent aucun signe de retournement de tendance en cette fin de deuxième trimestre, l'activité reculant en effet pour le deuxième mois consécutif en juin, à un rythme par ailleurs plus marqué que celui observé en mai. (…) Si, dans le secteur des services, le volume des nouvelles affaires se stabilise au cours du mois, la baisse des nouvelles commandes s'accélère en revanche dans l'industrie manufacturière, tendance d'autant plus préoccupante que la demande en biens manufacturés français semble reculer tant sur le marché intérieur que sur les marchés étrangers. Si ces tendances se prolongent, le malaise économique dans l'Hexagone devrait perdurer au cours du deuxième semestre 2014 ", avance Paul Smith, économiste senior à Markit.

Si tel devait être le cas, l'objectif de croissance du gouvernement, fixé à 1%, serait-il encore atteignable ? Malgré une croissance nulle au premier trimestre, Michel Sapin, le ministre des Finances est optimiste. Un optimisme qu'il convient d'accueillir avec prudence. Jusqu'en décembre, l'ancien ministre du Travail était convaincu de l'inversion de la courbe du chômage à la fin de l'année.