Conférence sociale : l'exécutif sous le feu des partenaires sociaux

Par latribune.fr  |   |  729  mots
L'exécutif devrait examiner la la suppression des charges sur l'apprentissage et demander aux syndicats de s'ouvrir à un éventuel allègement du code du travail. (Photo : Reuters)
François Hollande ouvre ce lundi la troisième conférence sociale du quinquennat sur fond de tensions avec les syndicats qui lui reprochent de céder au "chantage" des patrons et de chômage record.

La conférence sociale s'ouvre ce lundi dans un climat tendu. Après le chantage des patrons sur le compte pénibilité, le gouvernement fait face à l'ire des syndicats. FO et CGT menacent en effet de boycotter la troisième édition de ces rencontres.

Le compte pénibilité fait déborder le vase

Après deux éditions plutôt consensuelles, celle-ci se déroulera lundi après-midi et mardi au Palais d'Iéna dans un climat social dégradé, avec un enjeu central: l'emploi. Après la fronde du patronat, c'est désormais à l'ire des syndicats que l'exécutif est confronté. Et le dialogue social, que le chef de l'Etat a érigé en moteur des réformes, semble fragilisé.

Alors que certains syndicats (CGT, FO, CFE-CGC) étaient déjà très remontés par les 40 milliards d'aides aux entreprises prévues par le pacte de responsabilité, les nouveaux gestes annoncés par Manuel Valls en faveur des employeurs ont, à leurs yeux, fait déborder la coupe.

Face aux menaces patronales de boycott de la conférence, le Premier ministre a décidé un report partiel du futur compte pénibilité, qui permettra à certains salariés de partir plus tôt à la retraite, et demandé aux partenaires sociaux de discuter d'une simplification du Code du travail. Un casus belli pour la CGT et FO, qui menacent à leur tour de bouder en partie ce rendez-vous.

Les syndicats veulent "marquer le coup"

La petite phrase du ministre des Finances Michel Sapin affirmant dimanche "notre amie, c'est la finance, la bonne finance" pourrait bien apparaître aussi à leurs yeux comme une provocation.

Thierry Lepaon, numéro un de la CGT, a annoncé qu'il participerait à la réunion prévue lundi avec François Hollande, car "débattre avec le président de la République est un acte républicain". Mais il a posé des conditions à sa participation mardi aux tables rondes et au discours de clôture de Manuel Valls. Tout dépendra de l'accueil réservé aux revendications de sa centrale.

Son homologue de FO, Jean-Claude Mailly, sera lui-aussi présent lundi mais entend "marquer le coup" mardi. "A quoi ça sert une conférence si tout est annoncé avant?", s'est-il interrogé dimanche sur BFMTV.

Le réformiste Laurent Berger (CFDT), qui a jusqu'ici soutenu les réformes du gouvernement, ne jouera pas la chaise vide, même s'il a lui aussi dénoncé un "coup porté" au dialogue social.

L'exécutif tente de faire pression sur le patronat

Soucieux de donner des gages aux syndicats, Manuel Valls s'est adressé dimanche au patronat : "Il est temps" qu'il "reconnaisse l'effort que la nation consent pour le soutenir" et "s'engage pleinement pour la création d'emplois", a-t-il prévenu.

Si les engagements s'avéraient insuffisants, le gouvernement pourrait remettre en question sa politique de "visibilité" pour les trois ans à venir lors des votes des budgets 2016 et 2017, a précisé une source gouvernementale.

Lundi, dans son discours d'ouverture, le président de la République pourrait délivrer le même message. "Il fera le point sur le pacte de responsabilité et les accords de branche" où doivent se négocier les contreparties au pacte en termes d'emploi, selon le ministère du Travail. "L'enjeu de la conférence, ce sera avant tout l'emploi", insiste-t-on au ministère, où on espère jusqu'à 500.000 postes créés grâce aux allègements.

Seuils sociaux et apprentissage

Manuel Valls, qui doit tracer mardi la feuille de route sociale de l'année à venir, a promis des "mesures concrètes". Elles devraient passer par un "plan d'action" pour relancer l'alternance, nouvelle cartouche anti-chômage, alors que la boîte à outils du gouvernement s'est jusqu'ici avérée insuffisante.

Le ministre du Travail François Rebsamen s'est ainsi montré vendredi prêt à discuter de la demande du Medef d'instaurer un dispositif "zéro charge" afin de stopper l'hémorragie d'apprentis (-8% d'entrées en 2013) et d'atteindre un objectif de 500.000 en 2017.

Manuel Valls devrait aussi demander aux partenaires sociaux d'engager une négociation sur la modernisation du dialogue social avec le patronat où devra être abordée la question des seuils sociaux dans l'entreprise. Le Premier ministre souhaite aussi obtenir des concessions pour un allègement du code du travail. Deux choses inenvisageable pour les syndicats.

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