"Notre amie c'est la finance, la bonne finance" (Michel Sapin)

Par latribune.fr  |   |  507  mots
Pour Michel Sapin, la mauvaise finance est "celle qui ne cherche pas à construire ses gains (...) sur du solide, qui ne cherche pas à construire ses gains sur de la durée". (Photo : Reuters)
Le ministre des Finances s'est illustré dimanche en déclarant que son amie est la finance, à l'inverse de François Hollande, lors de son discours de campagne en 2012 au Bourget.

"Notre amie, c'est la finance : la bonne finance."

Mais quelle mouche a donc piqué le ministre des Finances Michel Sapin, lors d'une intervention dimanche aux Rencontres économiques d'Aix-en-Provence ? Tout le monde se souvient en effet de la phrase inverse, prononcée par François Hollande, alors candidat à la présidentielle, lors de son discours fondateur du Bourget en 2012 :

"Je vais vous dire qui est mon adversaire, mon véritable adversaire. Il n'a pas de nom, pas de visage, pas de parti. Il ne présentera jamais sa candidature. Il ne sera pas élu. Et pourtant, il gouverne. Mon adversaire, c'est le monde de la finance."

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"Une finance heureuse au service d'investissements heureux"

On ne peut faire plus opposé. Michel Sapin, connu pour ses formules alambiquées sur l'inversion de la courbe du chômage lorsqu'il était ministre du Travail, n'en est pas à une provocation près. Et, tout en admettant sa "part de provocation", il s'est expliqué.

Pour lui, la question est de savoir s'il y a une "finance heureuse, au service d'investissement heureux". Sa formule choc est une manière d'y répondre.

 "Y a-t-il encore de la régulation à mettre en oeuvre, de la lutte contre un certain nombre d'éléments d'instabilité pour, au fond, éviter la part considérable de la mauvaise finance, notre ennemie, qui a été à l'origine en grande partie de la crise de 2008-2009? De ce point de vue là, le chemin parcouru est considérable, il en reste encore à parcourir."

Selon lui, il y a encore besoin de régulation financière. "Pour tout ce qui est bancaire, on a bien avancé, pour tout ce qui est extra-bancaire il y a encore du chemin à faire", a-t-il affirmé, faisant référence à la loi bancaire censée séparer les activités d'investissement et de détail des banques. Sur le fond de cette loi, François Hollande a pourtant été très critiqué.

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Combattre la spéculation

Interrogé dimanche soir lors de l'émission BFM Politique, le ministre a précisé ses propos et a expliqué ce qu'il entendait par "bonne" et "mauvaise" finance.

Selon lui, la "mauvaise" finance est celle de la spéculation "qu'il fallait combattre et qu'il faut encore combattre pied à pied parce qu'elle est encore là, elle est encore derrière, elle est encore en dessous, prête parfois à bondir. C'est celle qui ne cherche pas à construire ses gains (...) sur du solide, qui ne cherche pas à construire ses gains sur de la durée".

Au contraire, pour le ministre, la "bonne" finance est "celle dont nous avons besoin, celle dont l'État a besoin y compris pour se financer lui-même".

"Surtout dans la période actuelle, nous avons besoin d'une finance qui vienne aider" les entreprises françaises "à se financer", pour créer de la croissance, a dit Michel Sapin. Voilà qui est plus clair.