Au lendemain de la visite des ministre français des Finances et de l'Économie, la presse française relève un premier couac entre Michel Sapin et Arnaud Montebourg. L'un déclarant que Paris tenait à réduire son déficit, l'autre affirmant que la question des comptes publics était "accessoire".

En Allemagne pas de couacs à la une de la presse. La demande d'un délai supplémentaire pour réduire les déficits a en revanche suscité de vives réactions. Certains journaux prennent le parti du ton officiel: accommodant. D'autres journaux, notamment Die Welt, versent encore dans le "french bashing". Tour d'horizon.

Handelsblatt : La France, un pays équilibriste

Le quotidien économique Handelsblatt est resté très factuel sur le contenu de la visite et des prises de paroles lors des conférences de presse. L'essentiel est dans le titre : "La France cherche l'équilibre entre l'assainissement de ses finances publiques et la croissance".

Die Welt : la France demande l'aumône à L'Allemagne

Comme à son habitude, le quotidien Die Welt est le plus virulent et titre : "la France mendie un assouplissement des règles budgétaires". Pour le quotidien, la visite des deux ministres français n'a pour objet que de "demander de l'indulgence quant au respect des objectifs de réduction des déficits." 

Wolgang Schäuble s'est montré conciliant à l'égard de la France dans ses déclarations. Mais pour  le quotidien, la demande des Français ne passe pas. Pour le démontrer, une simple description des principaux protagonistes : "Schäuble avait le regard peu amusé tandis que Michel Sapin s'efforçait de mettre un peu de bonne ambiance."

Pour souligner l'impertinence des Français, le journal insiste sur une déclaration du grand argentier allemand qui a appelé à une "croissance durable". Il n'est pas question d'écologie, mais d'une croissance adossée à des finances publiques stables. En d'autres termes, selon Die Welt, Wolfgang Schäuble ne croit pas à une croissance durable en augmentant les dépenses publiques.

Süddeutsche Zeitung : le dilemme allemand

Officiellement, le ton était conciliant à Berlin et allait dans le sens de la demande des Français. "L'Allemagne a besoin d'une France forte", "il ne faut pas tout réduire à la réduction des déficits", a déclaré le ministre allemand des Finances. Le matin même de la visite, la Süddeutsche Zeitung avait tenté de donner une explication : "Cela ne sert à rien de se braquer sur des principes si le résultat final est de détruire l'économie française", citant une source gouvernementale, qui veut croire aux promesses de réformes du président François Hollande. 

FAZ : vers une remise à plat des critères de Maastricht ?

Cette inflexion de discours le 4 avril avait déjà filtré dans la Frankfurter Allgemeine Zeitung qui relayait la position de Martin Schulz sur les règles budgétaires. Le président allemand du Parlement européen et candidat à présidence de la Commission européenne souhaite donner à la France du temps pour réaliser des économies. En d'autres termes, il accepte l'idée d'un délai "si c'est nécessaire". Martin Schulz va même plus loin en se disant "tout à fait favorable à repenser les 3%  et les 60% dans un cadre social."