DIRECT Conférence sociale : selon Valls, un "refus prolongé" du dialogue serait "incompréhensible"

Par latribune.fr  |   |  2082  mots
La secrétaire de la FSU, Bernadette Groison, déplore que François Hollande n'ait pas évoqué lundi le "rôle que doivent jouer dans notre pays la fonction publique et les services publics". (Photo : Reuters)
La conférence sociale se poursuit ce mardi à Paris, malgré le boycott des syndicats FO et CGT. La FSU a également quitté la conférence, moins de deux heures après la reprise de la réunion. Retrouvez en direct les réactions et commentaires concernant ce troisième rendez-vous.

La deuxième journée de la conférence sociale débute mardi matin avec l'absence remarquée de deux grands syndicats, la CGT et FO, mais cela n'empêchera pas le gouvernement Valls de lancer une nouvelle salve de négociations pour combattre le chômage, érigé lors de la première journée en "cause nationale" par François Hollande. 

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Sept tables-rondes axées sur l'emploi, le pouvoir d'achat, l'éducation ou encore la réforme territoriale, seront animées par neuf ministres. Outre le patronat, les syndicats réformistes (CFDT, CFTC, CFE-CGC, Unsa) seront présents. La FSU, qui avait déjà dénoncé des discussions "très mal engagées", a fini par quitter la conférence.

Suivez en direct les moments forts de cette seconde journée.

18h39 -CGT: une conférence sociale "très loin des vraies préoccupations" des salariés

Dans un communiqué, la centrale de Thierry Lepaon a accusé "le gouvernement et le Medef d'avoir choisi d'instrumentaliser le dialogue social et mépriser les propositions syndicales". Elle a par ailleurs estimé que la conférence sociale qu'elle a boycottée était "très loin des vraies préoccupations du monde du travail".

Selon la CGT, "aucun geste, aucune réponse n'a été apportée aux aspirations des salariés".

Le syndicat a formulé à nouveau ses "94 exigences", dont cinq priorités: les rémunérations et le pouvoir d'achat, la revalorisation des grilles de qualifications, la démocratie sociale, la relance de l'emploi par l'investissement industriel et le contrôle des aides publiques. Elle entend "profiter de l'été et de la rentrée pour rencontrer les salariés, construire avec eux leurs revendications et mettre en débat ses propositions pour sortir de la crise".

18h29 -Le Medef "globalement satisfait"

Le patron du Medef, Pierre Gattaz, a estimé à l'issue de la conférence sociale que celle-ci avait été "constructive". Il s'est dit "globalement satisfait" et a considéré que le discours du Premier ministre Manuel Valls allait dans le bon sens pour "la confiance" des employeurs.

Il a estimé partager avec le gouvernement "les priorités de la croissance, de l'emploi et du dialogue social", mais a souligné qu'il n'y a pas pour autant de "victoire du Medef".

"Il y a plein de choses qui manquent, il y a encore plein d'incertitudes et on continue de voir des entrepreneurs qui souffrent tous les jours", a-t-il insisté.

"Il y en a beaucoup, il y a de l'espoir par ce discours qui a en effet une certaine ambition, un certain souffle. Maintenant tout est à construire", a-t-il affirmé.

18h26: -Berger (CFDT) salue "un tas d'avancées"

A l'issue de la conférence sociale, Laurent Berger, numéro un de la CFDT, a salué un "tas d'avancées qui montrent qu'il fallait être autour de la table", notamment la mise en place d'un observatoire des aides aux entreprises, le lancement d'une négociation interprofessionnelle pour "les chômeurs les plus éloignés de l'emploi" et le déblocage de 200 millions d'euros pour l'apprentissage.

"Ceux qui pensent que le dialogue social c'est 'nos propositions, rien que nos propositions', ils n'ont pas compris au dialogue social", a-t-il lancé. "Ceux qui étaient présents ont eu de la place pour pousser leurs propositions", s'est-il félicité.

17h00 -Valls aux syndicats: un "refus prolongé" du dialogue serait une "posture incompréhensible"

Dans son discours de clôture de la conférence sociale, le Premier ministre a considéré qu'un "refus prolongé" du dialogue social de la part des syndicats serait "une posture incompréhensible".

"La situation de notre pays exige de tous un sens élevé des responsabilités", a-t-il prévenu.

Selon lui, le boycott de cette conférence par plusieurs organisations syndicales est "un geste ponctuel". A la tribune du Conseil économique, social et environnemental (Cese), il a déclaré:

"Je n'ai pas entendu l'annonce d'un retrait de toute négociation, de tout échange avec l'Etat, même si j'ai entendu une critique globale du pacte de responsabilité et de la politique du gouvernement".

Le dialogue social est pour le Premier ministre "la voie privilégiée pour éviter les conflits et le cas échéant en sortir". Mais ce dialogue n'est "pas le renoncement à la réforme, pas le refus de dire la vérité, pas le pourrissement, pas la démagogie: le dialogue pour avancer vers des solutions durables et justes", a-t-il insisté. Manuel Valls a mis en garde:

"Qu'il s'agisse de la SNCF, des intermittents du spectacle ou de la SNCM, la ligne du gouvernement ne varie pas et ne variera pas: fermeté quant aux principes, incitation au dialogue avec tous ceux qui le veulent, recherche de vraies solutions".

13h15 -Valls ne "minimise" pas le départ des syndicats mais appelle à "ne pas y accorder de portée excessive"

Manuel Valls a affirmé mardi qu'il ne "minimise pas" le départ de la CGT, de FO et de la FSU de la conférence sociale. Il a toutefois a appelé les députés socialistes à "ne pas y accorder de portée excessive", ont rapporté à l'AFP des participants à une réunion du groupe parlementaire.

Le Premier ministre a vu dans la décision de Force Ouvrière et de Jean-Claude Mailly "une critique de la politique menée depuis deux ans", "pas un refus du dialogue social". Il a néanmoins épinglé un "manque de cohérence de la CGT" sur la SNCF ou les intermittents. A ses yeux, "parler d'autisme n'a pas de sens" et "il y a eu dialogue" entre le gouvernement et les organisations patronales et syndicales.

Sur le pacte de responsabilité, "enjeu central" de la conférence sociale, Manuel Valls a cependant jugé que "le compte n'y est pas" car les branches professionnelles "ne sont encore que dix à négocier". Sur le compte pénibilité, il a réaffirmé que la loi sera "appliquée": "la mise en oeuvre pragmatique, beaucoup d'entre vous l'ont demandée", a-t-il rappelé aux députés PS, refusant tout "faux procès" et épinglant un "prétexte d'organisations syndicales".

Le Premier ministre a également affirmé que l'exécutif menait "une politique de gauche", appelant à aller "voir ailleurs ce qu'est une politique d'austérité". "Soit on réforme, soit on se laisse aller", a-t-il martelé, soulignant que les socialistes ne devaient pas se laisser "gagner par un sentiment d'impuissance". "La responsabilité, c'est le seul moyen de redonner confiance. Redonner confiance, c'est notre seule mission", a-t-il ajouté.

S'adressant au patronat, le premier ministre lui a toutefois reproché de ne pas avancer suffisamment dans les négociations au sein des branches professionnelles sur les objectifs de créations d'emplois en contrepartie des aides prévues par l'Etat:

"Je veux le dire très clairement aux représentants des entreprises, en concluant cette grande conférence sociale: la mobilisation dans les branches n'est pas encore à la hauteur", a-t-il déclaré.

12h30 -Le président PS de l'Association des régions de France claque la porte

Alain Rousset participait à la table ronde sur comment "accélérer le retour de la croissance par l'investissement", présidée par le ministre de l'Economie. Il a fini par la quitter. Son entourage explique:

"Il était initialement prévu qu'il puisse prendre la parole et on ne la lui a pas donnée".

Selon l'un des participants à la réunion, cité par Les Echos, il est parti "après que [le ministre] ait indiqué que les politiques auraient la parole plus tard".

11h30 -Berger : "La CFDT est là parce qu'il y a 5 millions de chômeurs"

Le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger a déploré le fait que quatre organisations syndicales (CGT, FO, Solidaires et FSU) manquent à l'appel, mais juge leur absence secondaire. 

"J'aimerais bien qu'on ne concentre pas les problèmes que subit notre pays, que subissent les salariés à la présence ou non de syndicats à une table ronde", a déclaré Laurent Bergé. Ajoutant : 

"La CFDT est là parce qu'il y a 5 millions de chômeurs, notre responsabilité est d'essayer de trouver des solutions et nous n'en trouverons pas si nous ne confrontons pas nos points de vue. Pour cela, il faut participer aux discussions. Ce qui est sûr, [c'est que] le statut quo, le recul, le chacun de son côté, ça ne produit aucun résultat."

11h00 - Guaino ne voit pas le caractère "productif" de ces "grand-messes"

Le député UMP des Yvelines Henri Guaino s'est interrogé sur France Inter sur l'utilité de la Conférence sociale. 

"On peut toujours regretter que le dialogue ne s'établisse pas, mais en réalité je me demande à quoi servent ces grand-messes. Nicolas Sarkozy en avait fait aussi. Est-ce la meilleure façon d'avoir un dialogue social constructif? Il y a du spectacle dans tout cela et je ne vois pas ce que, dans ce cadre formel, on peut faire de réellement productif."

"Il arrive, et c'est un peu le cas après une longue période où l'État a sans doute manqué d'autorité, qu'à force de se gouverner eux-mêmes et de prétendre parler au nom de tous les Français, les corps finissent par ne plus parler qu'au nom de leur propre organisation", a ajouté l'ancien conseiller spécial de Nicolas Sarkozy.

9h45 - La FSU quitte la conférence sociale

La FSU, principale fédération de l'Education nationale, a quitté mardi la troisième conférence sociale du quinquennat de François Hollande, en dénonçant la méthode du gouvernement.

Cette conférence sociale "est trop mal engagée en termes de méthode sur le dialogue social", a expliqué sa secrétaire Bernadette Groison. Et de déplorer : 

"Le président de la République n'a pas eu un mot hier, en dehors de l'Éducation nationale, sur le rôle que doivent jouer dans notre pays la fonction publique et les services publics."

"Si nous partons, il ne faudra pas que le gouvernement s'imagine que c'est anodin ou un simple signe de rupture, ce sera le signe d'une exigence forte de la FSU", avait indiqué plus tôt dans la matinée générale Bernadette Groison, après avoir signalé que son syndicat pourrait quitter la rencontre s'il n'était pas satisfait des réponses apportées par le gouvernement à ses questions sur le service public.

8h55 - Maily (FO) :  "le dialogue n'est pas rompu"

Jean-Claude Mailly qui, comme la CGT, a décidé lundi de ne pas assister au deuxième jour de la conférence sociale réunissant gouvernement et partenaires sociaux, a déclaré sur France 2  que le  dialogue social est "interrompu aujourd'hui mais il n'est pas rompu".

"On a voulu dire: "attention, vous prenez un drôle de chemin, un chemin qui est dangereux pour l'économie, un chemin qui est dangereux pour le social, un chemin qui est dangereux pour la démocratie, ça s'appelle l'austérité.""

"J'espère que ça va servir comme un petit électrochoc du côté des pouvoirs publics", a poursuivi le secrétaire général de Force ouvrière, qui estime avoir "réussi à marquer le coup".

8h50 - Marine Le Pen : "les salariés ne se sentent pas représentés"

La présidente du Front National Marine Le Pen a jugé sur i>TELE les syndicats "complices" des choix politiques des gouvernements successifs et "discrédités" car ils ont "accepté le modèle" économique de l'UE.

"Que les syndicats boycottent la Conférence sociale, ça tombe bien, les salariés boycottent les syndicats depuis des années car ils ne se sentent absolument pas représentés."

Jugeant la "représentation syndicale complètement bloquée depuis la fin de la deuxième guerre mondiale", Marine Le Pen a estimé qu'il fallait "permettre à n'importe quel syndicat de se créer comme n'importe quel parti politique".

8h40 - La CFTC tacle le boycott CGT et FO, "emprunté au patronat"

Le président de la Confédération française des travailleurs chrétiens (CFTC) Philippe Louis a jugé mardi "contre-productif" le boycott de la CGT et de FO de la deuxième journée de la conférence sociale, en ajoutant que leur absence "pouvait ressembler" à un camouflet pour François Hollande.

Interrogé sur Radio Classique, il a "reproché au patronat d'avoir lancé cette mode de l'oukase".