"Paris devrait donner le bon exemple en matière budgétaire" (le président de la Bundesbank)

Par latribune.fr  |   |  481  mots
En France et en Italie, "les gouvernements ont reconnu depuis peu la nécessité d'engager des réformes profondes et commencent juste à mettre ces mesures en application". En revanche, "si l'Allemagne se porte bien, c'est grâce aux mesures prises au début des années 2000", estime Jens Weidmann. .
Interviewé par Le Monde, le président de la banque centrale allemande, Jens Weidmann, met en garde: "il est vain de chercher à gonfler l'activité économique, à court terme, avec des dépenses publiques".

"La France est un pays économiquement puissant, mais comme le dit lui-même le président Hollande : la France a des défis structurels à relever, elle doit redresser sa compétitivité et réduire le niveau très élevé de ses dépenses publiques".

C'est le bilan sans concessions de la politique économique française dressé mercredi par le président de la Bundesbank, Jens Weidmann. Dans une interview publiée par Le Monde, celui qui est également membre du conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE), n'a pas de doute sur la ligne que, dans un contexte de crise persistante dans la zone euro, le gouvernement français doit tenir:

"Paris devrait exercer son leadership en donnant le bon exemple, notamment en matière budgétaire", exhorte-t-il.

Tout en concédant que "le gouvernement français a commencé à le faire, par exemple avec le pacte de responsabilité et solidarité", il insiste:

"Il est important de continuer afin qu'une France renforcée puisse jouer son rôle au sein du moteur franco-allemand".

"Une croissance saine provient de l'innovation et de la compétitivité"

Car si la France n'est peut-être pas "l'homme malade de l'Europe" - expression dont le président de la banque centrale allemande dit se méfier -, Jens Weidmann estime néanmoins que dans des pays tels que "la France et l'Italie, les gouvernements ont reconnu depuis peu la nécessité d'engager des réformes profondes et commencent juste à mettre ces mesures en application".

Or, "une croissance saine provient de l'innovation et de la compétitivité des entreprises ainsi que de la productivité des travailleurs, et c'est ce vers quoi les pays membres doivent tendre", souligne le président de la Bundesbank, pour qui "si l'Allemagne se porte bien, c'est grâce aux mesures prises au début des années 2000".

"Les États particulièrement frappés par la crise et qui ont entrepris les réformes structurelles pour y parvenir profitent aujourd'hui du retour de la croissance". Mais "cela prend du temps et requiert une volonté politique
ferme", observe-t-il.

"La croissance devrait venir de l'intérieur"

S'il est donc "bien entendu essentiel que l'Allemagne prenne des mesures pour
soutenir la croissance", "il est vain de chercher à gonfler l'activité économique, à court terme, avec des dépenses publiques", met en garde Jens Weidmann, se disant "sceptique quant à l'idée que l'on puisse réclamer plus de croissance durable depuis
l'extérieur".

En tentant de s'allier pour réclamer à son pays plus de mesures favorables à la croissance, la France et l'Italie font donc fausse route, selon l'Allemand:

"La croissance devrait venir au contraire de l'intérieur : ce n'est ni aux gouvernements voisins, ni à la Banque centrale européenne (BCE), mais à chaque gouvernement de créer chez lui un environnement favorable à l'innovation des entreprises et à l'emploi".

>> Hollande demande à l'Allemagne "un soutien plus ferme à la croissance"