Montebourg appelle à "faire évoluer" les choix politiques du gouvernement

Par latribune.fr  |   |  373  mots
"La réduction à marche forcée des déficits est une aberration économique, car elle aggrave le chômage; une absurdité financière, car elle rend impossible le rétablissement des comptes publics; et un sinistre politique, car elle jette les Européens dans les bras des partis extrémistes", estime Arnaud Montebourg.
Le président de la République et le Premier ministre ont récemment affirmé ne pas vouloir changer de cap économique. Pour sa part, dans un entretien publié samedi par Le Monde, le ministre de l'Economie plaide pour "des solutions alternatives".

Alors que Manuel Valls affirmait le 17 août ne pas vouloir changer de cap économique, et que François Hollande indiquait le 20 août qu'à son sens "la constance, c'est la confiance", Arnaud Montebourg ne s'aligne pas.

Dans un entretien publié samedi par Le Monde, le ministre de l'Economie appelle plutôt à "faire évoluer nos choix politiques", à "apporter des solutions alternatives", à "donner la priorité à la sortie de crise et faire passer au second plan la réduction dogmatique des déficits, qui nous conduit à l'austérité et au chômage".

"La réduction à marche forcée des déficits est une aberration économique, (...) une absurdité financière, (...) et un sinistre politique"

A la veille de sa traditionnelle Fête de la rose de Frangy-en-Bresse (Saône-et-Loire), Arnaud Montebourg met en garde:

"Aujourd'hui, la réduction à marche forcée des déficits est une aberration économique, car elle aggrave le chômage; une absurdité financière, car elle rend impossible le rétablissement des comptes publics; et un sinistre politique, car elle jette les Européens dans les bras des partis extrémistes".

Quant à la politique monétaire, qui constitue selon lui le deuxième volet problématique des politiques européennes, Arnaud Montebourg souligne:

"La BCE doit changer de braquet et se mettre à faire ce que font toutes les banques centrales du monde, notamment des pays qui ont su faire repartir la croissance, à savoir racheter de la dette publique".

Pas de démission en vue

Le ministre n'hésite pas par ailleurs à s'insurger contre Angela Merkel, appelant à "hausser le ton" contre son intransigeance:

"Nous ne pouvons plus nous laisser faire. Si nous devions nous aligner sur l'orthodoxie la plus extrémiste de la droite allemande, cela (...) signifierait que, même quand les Français votent pour la gauche française, en vérité ils voteraient pour l'application du programme de la droite allemande", lâche-t-il.

Malgré sa différence de point de vue - déjà connue - par rapport à celui du président de la République et du Premier ministre, le ministre de l'Economie assure toutefois être à son "poste de combat pour faire évoluer des politiques qui méritent d'être changées". Il n'envisage donc surtout pas de démissionner.