Supprimer deux jours fériés est-il une bonne idée ?

Par Fabien Piliu  |   |  542  mots
Le 10 août, on a dansé en Cantabrie !
Le Medef voudrait ramener de 11 à 9 le nombre de jours fériés. Selon ses calculs, cette mesure permettrait de créer 100.000 emplois et génèrerait 1% de croissance. La France compte-t-elle plus de jours fériés que ses voisins européens ?

Pour tenir son engagement de créer un million d'emplois en cinq ans, le Medef a besoin d'aide. Le choc de simplification et les 40 milliards d'euros d'allègements de cotisations contenues dans le Pacte de responsabilité étant insuffisants pour que cet objectif soit atteint, l'organisation patronale réclame un nouveau coup de pouce au gouvernement. Parmi les mesures réclamées, citons la suppression de deux jours fériés ramenant ainsi leur nombre de 11 à 9. Depuis 2005, le lundi de Pentecôte a été supprimé pour permettre la création de la journée de journée de solidarité envers les personnes âgées et dépendantes. Grâce au versement par les entreprises de 0,30 % de la masse salariale brute à titre de cotisation, l'Etat encaisse un peu plus de 2 milliards d'euros par an.

Selon les calculs du Medef, cette mesure permettrait de générer 1% de croissance et de créer 100.000 emplois. Autant ? Selon l'Insee, qui dispose d'une force de frappe dans le domaine économétrique autrement plus puissante que celle du Medef, l'effet de calendrier a été négatif de 0,1% entre 2012 et 2013. Au-delà de cet impact sur la production, les chefs d'entreprises se plaignent surtout des difficultés organisationnelles que ces jours fériés entraînent. En clair, qui sera là pour faire tourner les machines ?

Un problème de demande

Cet argument est valable. Il le serait d'autant plus si l'économie française souffrait d'un problème d'offre. Or, depuis 2011, c'est surtout la demande qui est en berne, ce qui explique les réticences des entreprises à embaucher et à investir. Sur ce dernier point, les entreprises attendent avec impatience les annonces qui seront faites ce lundi 15 septembre après-midi par François Hollande, le président de la République en conclusion des Assises du financement de l'investissement et de l'innovation.

Par ailleurs, si elle était retenue, la proposition du Medef n'aurait-elle pas un impact négatif dans certains secteurs, tels que l'hôtellerie-restauration ou les loisirs ?

Le nombre très élevé de jours fériés en France explique-t-il la charge du Medef ? La France se distingue de ses voisins européens ? Pas vraiment. La France compte actuellement 11 jours fériés, ce qui la situe dans la moyenne européenne. La moyenne plutôt basse même. En effet, on en recense également 11 au Danemark, au Luxembourg, en Irlande et en Italie, 12 en Belgique, 13 en Autriche, 14 en Finlande et 17 à Chypre.

En Allemagne, on festoie également

Quels sont les bons élèves de la classe, selon les critères du Medef ? Le Royaume-Uni compte 8 jours fériés, les Pays-Bas, l'Espagne et l'Allemagne, 9. Mais il faut également tenir compte des fêtes régionales qui se traduisent par des jours fériés supplémentaires. Ainsi, la Rhénanie-Palatinat compte 11 jours fériés, le Bade-Wurtemberg 12 jours. Leur nombre grimpe à 15 dans certaines communes à majorité catholique de Bavière.

En Espagne, les fêtes locales font également grimper le compteur. Citons notamment la Fête de l'Andalousie, la Fête de l'Aragon, de la Montagne en Cantabrie ou encore la Fête des Baléares. A Madrid, on célèbre également la Fête de l'Almudena, la Fête de la Comunidad et la Fête de San Isidro.