Et si on calculait autrement la croissance ?

Par Fabien Piliu  |   |  579  mots
Et si la croissance n'était pas ce qu'elle était ?
France stratégie, le think tank du gouvernement dédié à la prospective suggère la prise en compte de nouveaux indicateurs pour améliorer la qualité de la croissance.

Il ne s'agit pas de casser le thermomètre pour espérer faire retomber la fièvre. Dans une note publiée sur son site Internet, France stratégie, le think tank du gouvernement dédié à la prospective suggère la prise en compte de nouveaux indicateurs pour améliorer la qualité de la croissance.

" Dans la lignée des conclusions de la commission Stiglitz-Sen-Fitoussi sur la mesure du progrès social, cette note propose sept indicateurs susceptibles d'accompagner le PIB dans un tableau de bord de la qualité de la croissance française : l'évolution des stocks d'actifs productifs, physiques et incorporels, rapportés au PIB ; la proportion de titulaires d'un diplôme supérieur au brevet des collèges parmi les 25 à 64 ans ; la proportion artificialisée du territoire ; l'empreinte carbone française annuelle, importations incluses ; le rapport entre les revenus détenus par le cinquième le plus riche de la population et ceux détenus par le cinquième le plus pauvre ; la dette publique nette rapportée au PIB ; enfin, la dette extérieure nette rapportée au PIB ", explique la note de France Stratégie.

Avec cette nouvelle batterie d'indicateurs, la mesure de la croissance est plus universelle puisqu'elle prend en compte les réalités économiques, sociales et environnementales, ce qui n'est pas du tout le cas du chiffre " brut " de la croissance que l'Insee communique chaque trimestre.

L'Insee se met à la page

Remis en septembre 2009, le rapport commandé par Nicolas Sarkozy aux économistes Joseph Stiglitz, prix Nobel et professeur à l'université de Columbia, Amartya Sen de l'université de Harvard ainsi que Jean-Paul Fitoussi, de l'Institut d'Études Politiques de Paris, président de l'Observatoire Français des Conjonctures Économiques (OFCE) formulait déjà plusieurs recommandations afin d'optimiser la mesure de la qualité de vie, le développement durable et l'environnement. Des recommandations reprises en partie par l'Insee dès novembre 2009 qui valorise depuis la richesse produite par les ménages via leurs travaux domestiques, comme les tâches ménagères ou l'éducation des enfants.

La France plus riche depuis le 15 mai

Ce n'est pas la seule modification subie par la mesure de la croissance. Depuis le 15 mai, l'Insee publie une nouvelle version des comptes nationaux, actualisée sur les trois dernières années, et reposant sur une nouvelle base qui prend en compte les modifications de tous les grands agrégats (PIB, consommation, investissement...). " Le cadre comptable doit en effet s'adapter pour refléter au mieux les mutations de l'économie. Traiter en investissement les dépenses de R&D permet par exemple de mieux rendre compte du poids de plus en plus important des actifs tirés de la propriété intellectuelle dans l'économie d'aujourd'hui ", expliquait l'Institut en mai qui applique depuis les nouvelles normes de comptabilité nationale édictées par le Système de comptes nationaux (SCN 2008) et sa déclinaison européenne, le Système européen de comptes (SEC 2010).

Même si elles ne sont pas vraiment visibles pour l'instant, ces modifications comptables devaient avoir pour conséquence une révision substantielle à la hausse du niveau du PIB, " pour un impact nettement plus modeste sur les taux d'évolution ", avait précisé l'Insee et, via une augmentation du niveau du PIB pouvant s'élever de 1 à 4 points de PIB, un recul des ratios qui prennent le PIB pour dénominateur. Citons notamment le déficit public, la dette publique et les prélèvements obligatoires.