Gad : quand Macron évoque l'avenir des femmes salariées "illettrées" et sans permis

Par latribune.fr  |   |  541  mots
Selon Emmanuel Macron, de nombreuses femmes salariées de Gad se voient délivrer ce message négatif: 'Vous n'avez plus d'avenir à Gad ou aux alentours."
L'illettrisme et l'absence de permis de conduire empêchent de nombreuses femmes employées à l'abattoir de porcs Gad, en liquidation judiciaire, de trouver du travail ailleurs, a déclaré, mercredi 17 septembre, le ministre de l'Économie, pour étayer la réforme du permis.

"Il y a dans cette société [Gad], une majorité de femmes, il y en a qui sont pour beaucoup illettrées, pour beaucoup on leur explique: 'Vous n'avez plus d'avenir à Gad ou aux alentours. Allez travailler à 50 ou 60 km!' Ces gens-là n'ont pas le permis de conduire, on va leur dire quoi?"

Voici ce qu'a déclaré le ministre de l'Économie qui s'exprimait au micro d'Europe 1, mercredi 17 septembre, sur l'avenir des salariés de l'entreprise d'abattage et de porcs.

Pour rappel, le tribunal de commerce de Rennes a en effet prononcé jeudi 12 septembre la liquidation judiciaire de Gad avec une poursuite d'activité de trois mois pour permettre au groupe Intermarché de déposer une offre de reprise.

De regrettés propos

Certes depuis Emmanuel Macron a, selon l'AFP, exprimé son regret à l'Assemblée nationale:

"pour les propos (que j'ai) tenus ce matin, si j'ai blessé et parce que j'ai blessé des salariées. C'est inacceptable et ce n'est pas ce que j'ai voulu faire"

Mais le mal est fait, si l'on ose dire. Emmanuel Macron savait-il en outre que la société d'abattage de porcs et de transformation propose depuis 2010 une formation pour soutenir des salariés en lecture et en écriture?

Communication sur la réforme du permis

Le ministre a également cité l'exemple des salariées de l'abattoir pour critiquer le coût et les délais nécessaires pour obtenir le permis. Il en a profité pour avancer le bien-fondé de la réforme du permis de conduire, entrée progressivement en vigueur cet été, dès le 1er août. Celle-ci a pour objectif de réduire les coûts et les délais de passage pour les candidats:

"Il faut payer 1.500 euros, il faut attendre un an? Voilà, ça ce sont des réformes du quotidien, et ça ce sont des réformes qui créent de la mobilité et de la l'activité"

Polémique sur les réseaux sociaux

Les propos d'Emmanuel Macron ont déclenché un début de polémique sur les réseaux sociaux. Par exemple, Patrick Le Hyaric, directeur de L'Humanité et député communiste au Parlement européen, s'est montré particulièrement véhément.

 L'adjointe UMP au maire de Nancy, Valérie Debord, a également commenté:

30 ans avant, le métier "idiot" de postier

Une maladresse que le Télégramme compare à celle d'un "éphémère" secrétaire d'Etat à la Poste et aux Télécommunications du gouvernement Chirac en 1974. Pierre Lelong, ancien député de Morlaix avait ainsi déclaré lors d'un dîner-débat au Sénat:

"Travailler dans un centre de tri est, si j'ose dire, un des métiers les plus idiots qui soient".

Ce qui avait entraîné la poursuite au niveau national d'un mouvement de grève de postiers lancé quelques jours plus tôt. L'élu breton avait quitté le gouvernement en 1975.