Les producteurs de légumes bretons expriment violemment leur colère

Par Fabien Piliu, avec AFP  |   |  805  mots
La colère des producteurs de légumes s'est exprimée tard dans la nuit
Uune centaine de légumiers en colère ont incendié le centre des impôts et la Mutualité sociale agricole de la ville bretonne de Morlaix vendredi soir pour protester contre les contraintes fiscales et administratives qui pèsent sur eux. Les autorités déplorent d'importants dégâts.

Vendredi soir, plus d'une centaine de légumiers en colère ont incendié le centre des impôts et la Mutualité sociale agricole de la ville bretonne de Morlaix pour protester contre les contraintes fiscales et administratives qui pèsent sur eux, occasionnant d'importants dégâts.

Tracteurs et remorques débarquent en ville

En début de soirée, les légumiers en colère, avec près d'une centaine de tracteurs et de remorques, selon la maire UMP de Morlaix Agnès Le Brun, se sont d'abord dirigés vers le bâtiment de la Mutualité Sociale Agricole (MSA) situé en périphérie de Morlaix sur la commune de Saint-Martin-des-Champs.

Selon le maire PS de cette commune François Hamon,présent sur les lieux vers 1h30 du matin, les manifestants ont alors "tout saccagé à l'intérieur", a-t-il déclaré à l'AFP.

Ils y ont ensuite mis le feu à l'aide de palettes et de pneus après avoir déversé devant le bâtiment une partie de leur cargaison de légumes invendus, des pommes de terre et des artichauts.

"Le bâtiment est détruit, la charpente à l'intérieur s'affaisse", a-t-il déploré. "C'est le signe d'une grande détresse pour en arriver là. Quelque part, ça fait peur", a ajouté François Hamon, soulignant que ce bâtiment abritant la MSA avait été construit il y deux ans sur sa commune.

L'incendie de la MSA était éteint vers 1h30 du matin, a constaté l'AFP sur place.

La tension est montée progressivement

En milieu de soirée, les manifestants ont quitté la MSA pour se diriger vers le centre-ville de Morlaix et se sont regroupés devant le centre des impôts.

Outre les légumes invendus, des palettes et des pneus, ils ont aussi déversé du fumier. Cassant portes et fenêtres, ils l'ont alors incendié.

L'hôtel des impôts de Morlaix, un long bâtiment blanc de deux étages, lui aussi récent, était complètement détruit par le feu à l'une de ses extrémités, a constaté l'AFP. A l'extérieur, des tonnes d'artichauts et de pommes de terre jonchaient encore le sol vers 2h00 du matin.

D'autres tas de ces légumes étaient également visibles dans plusieurs autres points de la ville.

Des artichauts sur la route

Peu avant minuit les manifestants se sont alors dirigés vers le pont autoroutier de la route nationale 12 qui relie Brest à Morlaix. Ils ont ensuite déversé des tonnes d'artichauts sur la route.

A trois heures du matin samedi les manifestants en étaient repartis, laissant des tas de légumes, des glissières arrachées par endroit, ainsi que des traces de feux de palettes et de pneus, a constaté l'AFP.

A proximité de la sous-préfecture une dizaine de fourgons de gendarmerie étaient stationnée et le calme semblait revenu. Au milieu de la nuit les services de la ville s'affairaient pour tout nettoyer.

Les agriculteurs avaient prévenu

"C'est une action très importante, il n'y a pas de forces de l'ordre, on est très démunis", déplorait Agnès Le Brun, jointe au téléphone vers 23h30. "C'est une action que je déplore et que je condamne, je suis assez en colère".

"Des alarmes ont été lancées depuis plusieurs mois (par les producteurs de légumes, ndlr) auxquelles l'État n'a jamais répondu", a-t-elle ajouté.

"Les producteurs de légumes ne peuvent plus dans le contexte économique dégradé que l'on connaît continuer à fonctionner ainsi", avait déclaré à la mi-journée vendredi Jean-François Jacob, président de la Sica (société d'intérêt collectif agricole) de Saint-Pol-de-Léon, premier groupement français de producteurs de légumes, annonçant des actions à venir lors d'un point presse.

"On nous a parlé de façon successive depuis 20 ans de simplification administrative, à chaque fois on constate que c'est l'effet inverse. Nous on dit: +stop+", avait-il déploré avant d'annoncer : puisque Paris n'arrive pas à mettre en oeuvre les simplifications administratives, nous allons, au niveau agricole et peut-être avec d'autres filières et secteurs de l'économie bretonne, mettre en oeuvre une simplification administrative de nos relations avec les pouvoirs publics. Ce ne sera peut-être pas très bien perçu", avait-il ajouté, sans plus de précisions.

"L'urgence est aujourd'hui de traiter les problèmes de trésorerie de beaucoup de producteurs en Bretagne", avait encore ajouté Jean-François Jacob, soulignant que l'embargo russe avait en outre aggravé leurs difficultés.

Après les bonnets rouges

Ces incidents interviennent quelques mois après le mouvement des Bonnets rouges, lancé pour protester contre la mise en place de portiques pour le paiement de l'écotaxe. Depuis, le gouvernement a dû faire machine arrière sur ce point.