Une majorité de Français se perçoit plus pauvre ou plus riche qu'elle n'est en réalité

Par Jean-Yves Paillé  |   |  549  mots
Les personnes au niveau de vie intermédiaire se classent le plus souvent dans le bon groupe, même si 21 % d'entre elles pensent appartenir tiers le plus modeste.
55% des personnes interrogées par l'Insee ne se classent pas dans le groupe qui correspond à leur niveau de vie réel, d'après une étude publié jeudi.

Les plus pauvres se voient plus riches et les plus riches croient être plus pauvres qu'ils ne le sont. Tel est le résultat d'une étude de l'Insee publiée jeudi 25 septembre 2014, qui a comparé le niveau de vie des personnes interrogées avec leur perception. Elle a été réalisée en 2011.

Ainsi, trois fois sur cinq, les plus modestes (un tiers des interrogés, moins de 16.400 euros par perssonne et par an) surestiment leur niveau de vie. Ils pensent faire partie de la classe moyenne. Plus étonnant, l'Insee indique que 4% des personnes les plus modestes se situent parfois "dans le tiers des plus aisés".

Dans la catégorie des plus modestes, ceux qui sont le plus dans le besoin sont les plus réalistes:"Ceux qui subissent de fortes contraintes matérielles se voient plus souvent que les autres dans le groupe des plus modestes", précise l'Insee.

Surestimation de 4 personnes aisées sur 5

À contrario, les plus aisés (un tiers des interrogés, plus de 24.500 euros annuels) sous-estiment leur niveau de vie, quatre fois sur cinq. Seuls 20% d'entre eux considère que son niveau de vie fait partie des plus élevés en France. Ceci peut notamment s'expliquer par les forts écarts de niveaux de vie existant au sein de ce tiers supérieur: les personnes ont ainsi plus de difficultés à se classer parmi les plus aisés et se positionnent plutôt dans le tiers intermédiaire.

Enfin les personnes au niveau de vie intermédiaire (16.400 à 24.500 euros par an, un tiers des personnes interrogées) se classent le plus souvent dans le bon groupe, même si 21 % d'entre elles estiment appartenir au tiers le plus modeste.

Parmi les plus modestes, les plus jeunes surestiment leur niveau de vie

Selon l'Insee, les 16-29 ans sont plus enclins à la surestimation (67%) car ils vivent souvent au sein du foyer parental. D'après l'organisme de statistiques "ils ressentent peut-être moins les privations ou les difficultés financières de leurs parents" ou jugent peut-être leur niveau de vie "par rapport à la situation de jeunes habitant seuls, dans une situation souvent plus précaire que la leur".

En outre, 63% des 50-59 ans surévaluent leur niveau de vie.

Parmi les aisés, les plus âgés déprécient leur niveau de vie

Parmi les gens aisés, les personnes de plus de 50 ans sont les plus nombreuses à déprécier leur niveau de vie. C'est le cas pour 89% des 50-59 ans, 84% des 60-69 ans et 86% des 70-79 ans. L'Inse avance une explication:

"À ces âges, on apporte plus souvent une aide financière à une personne extérieure du ménage (paiement de loyer, autre aide financière) et l'on considère son niveau de vie une fois ces dépenses déduites."

Le niveau de vie calculé par l'Insee est égal au revenu disponible du ménage divisé par le nombre d'unités de consommation. Les plus modestes sont celles qui appartiennent au tiers de la population dont le niveau de vie est le plus faible (jusqu'à 16.400 euros annuels en 2011). Les plus aisées sont ici celles qui appartiennent au tiers de la population dont le niveau de vie est le plus élevé (24.500 euros et plus). Les intermédiaires constituent le dernier tiers (entre 16.400 et 24.500 euros)