Croissance : la dernière digue est-elle en train de céder ?

Par Fabien Piliu  |   |  478  mots
En septembre, les dépenses de consommation des ménages ont reculé de 0,8% selon l'Insee
En septembre, les dépenses de consommation des ménages ont reculé de 0,8% selon l'Insee. Au troisième trimestre, elles n'ont progressé que de 0,2%. Le dernier moteur de la croissance tricolore est-il en train de se gripper ?

Le dernier moteur de la croissance tricolore est-il en train de se gripper ? Alors que l'investissement est en panne, que les exportations ne sont pas assez importantes pour compenser les importations - la situation dure depuis 2003 ! -, la consommation des ménages est-elle en train de s'effondrer ? Les statistiques du jour de l'Insee ne sont pas vraiment rassurantes. Après avoir progressé de 0,9% en août, les dépenses des ménages ont reculé de 0,8% en septembre ! Un mois au cours duquel, rentrée des classes oblige, la consommation est traditionnellement soutenue.

Au troisième trimestre, elles n'affichent donc plus qu'une hausse de 0,2%. Les achats de biens manufacturés n'ont augmenté que de 0,1% entre juillet et septembre et de 0,2% sur un an.

" Les dépenses en biens durables diminuent en septembre (-0,4 %) après une progression en août (+0,6 %). Les achats en équipement du logement sont en net recul ce mois-ci (-3,1 %), après deux mois consécutifs de hausse. Les achats en automobiles continuent d'augmenter (+0,9 % après +0,3 % en août), après une baisse en juillet (-1,7 %).
Sur l'ensemble du trimestre, les dépenses en biens durables ralentissent (+0,4 % après +1,0 % au deuxième trimestre). C'est principalement imputable aux achats d'automobiles, qui diminuent de 0,9 % au troisième trimestre. En revanche, les achats en équipement du logement progressent encore ce trimestre (+2,1 % après +2,5 %) ", précise l'Institut dans un communiqué.

La déflation guette ?

Comment interpréter cette baisse de la consommation ? Peut-être par la peur du chômage. Attendue fin 2013, l'inversion de la courbe du chômage ne s'st toujours pas produite. Les incertitudes sur la situation économique - le PIB ne devrait progresser que de 0,4% cette année et de 1% en 2015 -  expliquent-elles cette baisse des dépenses des ménages ? Si tel devait être le cas, ce serait presque une bonne nouvelle ! On peut imaginer que les dépenses qui n'ont pas été réalisées en septembre seraient décalées dans le temps et donc remises à plus tard.

En revanche, si cette panne de la consommation devait trouver son origine dans les anticipations déflationnistes des consommateurs, la situation serait bien plus alarmante. Pour l'instant, la déflation ne guette certes pas encore l'économie française. Aucune  baisse globale des salaires dans le secteur marchand ou dans la fonction publique n'est à l'ordre du jour pour l'instant. Les entreprises et le gouvernement n'en sont pas arrivés à cette extrémité pour tenter de redresser la compétitivité-prix de la France.

Tant mieux. Les avantages de la déflation, uniquement de court terme, sont bien moins nombreux que ses inconvénients, voire ses ravages.  L'économie japonaise n'est-elle pas empêtrée dans une situation déflationniste depuis le début des années 90 ? Mais son spectre hante les esprits. Espérons que les statistiques publiées ce vendredi n'en soient pas la confirmation.