JO, Hidalgo recadre Hollande

Par Jean-Pierre Gonguet  |   |  680  mots
Pour les JO à Paris en 2024, ça part dans le désordre.
A Paris c’est Anne Hidalgo qui décide. Elle a donc fait vivement savoir à François Hollande que, pour les Jeux Olympiques, il y avait un calendrier et une méthode de décisions et qu’elle n’en bougerait pas. Candidater pour les JO de 2024, cela semble d'ailleurs à la mairie une très mauvaise idée.

Avec son art consommé de la boulette associé à la tradition présidentielle de lancer une idée en l'air sans avoir consulté ses conseillers, François Hollande a fortement énervé. En se déclarant favorable à une candidature de Paris pour les Jeux Olympiques de 2024. Et Anne Hidalgo l'a, bien sûr, très mal pris : ni elle qui était à Kinshasa , ni aucun de ses adjoints n'avaient été mis dans la confidence de l'annonce présidentielle.

Du coup, à peine le pied sur le tarmac de Roissy, elle convoquait en urgence la presse. D'abord pour faire comprendre que les décisions stratégiques sur Paris la concernait : un calendrier a été mis en place et elle collabore avec le comité olympique français qui rendra ses conclusions en janvier sur cette candidature. Après, elle verra. Ensuite pour expliquer au Président que si Paris avait de l'ambition, la capitale savait aussi raison garder. Elle a en effet pris trois grandes claques en perdant les JO contre Barcelone pour 1992, Pékin pour 2008 et Londres pour 2012. « La prochaine fois que Paris sera candidat ce sera pour gagner, pas pour une candidature de témoignage » a lancé Anne Hidalgo qui a très mal vécu ce ce jour de juillet 2005 où Tony Blair emporta les Jeux face à Bertrand Delanoë  : « je sais ce que c'est quand un rêve se fracasse »

 Les Jeux iront aux Etats Unis en 2024

La maire de Paris n'a jamais été favorable aux Jeux à Paris pour 2024, ses conseillers n'y sont même pas favorables pour 2028. 2024 c'est en effet la claque assurée car si les Etats-Unis présentent une ville pour 2024, ils gagneront. Le CIO n'a jamais rien refusé à NBC qui vient de payer huit milliards de dollars pour les droits jusqu'en 2032, ni à Coca Cola (la preuve, les JO d'Atlanta), General Electric, Mac Donald quelques uns de ses top sponsors. Quand les Etats-Unis estiment que c'est à leur tour d'avoir les Jeux, ils le disent et ils les prennent. Mais le CIO est aussi une vieille dame qu'il faut savoir courtiser: tous les fins connaisseurs de ce mouvement opaque aux décisions pas toujours désintéressées expliquent en boucle qu'il est bon présenter une première fois, montrer son intérêt, être battu mais revenir pour être choisi la fois suivante. Ça n'a bien sûr pas fonctionné pour Paris en 2001 et 2005, mais tant pis, les mêmes conseillers continuent de conseiller.

Eviter une quatrième claque

De cela Anne Hidalgo ne veut pas. L'idée même de monter une candidature pour 2024, tout en sachant que Paris va prendra une quatrième claque mais en espérant que cela lui en évitera une cinquième pour 2028, n'est, il est vrai, guère enthousiasmante.  Alors la maire met des garde fous et pose ses conditions : d'abord que le CIO soit plus transparent et comprenne une fois pour toutes que laisser des villes exsangues financièrement ( de Los Angeles à Athènes) n'est pas une bonne politique. Les critères d'attribution aux JO pourraient donc s'assouplir dès la prochaine assemblée du CIO en décembre. Ensuite que l'on trouve un mode de financement plus innovant ( le CNOSF planche actuellement sur un financement participatif). Et enfin que les Jeux aient un caractère environnemental fort, histoire de changer avec Pékin ou, surtout, Sotchi

Hollande a saccagé le dossier

François Hollande a, en fait, un peu saccagé le dossier. Beaucoup de partisans des JO en 2024, au plus haut niveau de l'Etat, n'ont par exemple « pas compris qu'Anne Hidalgo n'ait pas été mise dans la boucle avant l'annonce » et ont déploré «l'amateurisme ». Le mouvement olympique non plus n'a pas trop apprécié: pour l'instant il mène sa barque tranquillement et essaie de trouver une position commune avec Anne Hidalgo. Le CIO enfin. Jean Claude Killy n'en est plus membre mais il en a été l'un des piliers et il a toujours ironisé sur la manière dont la France était incapable de parler d'une seule voix et « allait régulièrement dans le mur ». Bis repetita...