Jouyet reconnaît avoir parlé des affaires judiciaires de Sarkozy à Fillon, qui dément

Par latribune.fr (avec AFP)  |   |  583  mots
"En trente ans, mon nom n’a jamais été associé à une affaire ou un comportement contraire à l’éthique", a affirmé au JDD l'ancien Premier ministre François Fillon. (Ici en 2009 aux côté de Nicolas Sarkozy)
Des journalistes du Monde ont rapporté dans le livre "Sarko s'est tuer" un déjeuner entre le secrétaire général de l'Élysée Jean-Pierre Jouyet et François FIllon, au cours duquel celui-ci aurait demandé de "taper vite" sur l'ancien chef de l'État. Jusqu'alors, tous deux démentaient.

Poker menteur. Après le changement de version du secrétaire général de l'Éysée, qui reconnaît les propos attribués par les journalistes du Monde, François Fillon l'a accusé de "mensonge". Invité du Journal de 20H de TF1 dimanche 9 novembre, l'ancien Premier ministre a maintenu sa version des faits :

"M. Jouyet a redit ce soir dans une sorte de nouvelle version étonnante que jamais je ne lui avais demandé d'agir sur la justice (...). À aucun moment je ne lui ai demandé cela. Nous n'avons pas parlé des pénalités."

Dans la suite de l'émission, François Fillon a maintenu l'argumentaire qu'il avait déjà développé dans une interview accordée au Journal du Dimanche du 9 novembre, dans laquelle il déclarait :

"Je ne peux pas ne pas voir dans ces attaques invraisemblables une forme de déstabilisation et de complot. Je ne peux pas croire que le secrétaire général de l'Élysée ait pu tenir aux journalistes du Monde les propos qui lui sont prêtés. Si c'était le cas, ce serait une affaire d'État d'une extrême gravité. Ce serait une tentative de déstabilisation d'un responsable de l'opposition."

"François Fillon m'a fait part de sa grave préoccupation"

De son côté, le numéro 2 de l'Élysée a affirmé avoir effectivement parlé de l'affaire Bygmalion avec l'ancien Premier ministre. Après avoir démenti jeudi 6 novembre les propos qui lui étaient rapportés par deux journalistes du Monde, Jean-Pierre Jouyet les a reconnus dans une déclaration lue à l'AFP dimanche 9 novembre.

"François Fillon m'a fait part de sa grave préoccupation concernant l'affaire Bygmalion. Il s'en est déclaré profondément choqué. [...] Il a également soulevé la question de la régularité du paiement des pénalités payées par l'UMP pour le dépassement des dépenses autorisées dans le cadre de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy."

Le secrétaire général de l'Élysée souligne avoir "également rappelé que, depuis mai 2012 (date d'arrivée à la présidence de François Hollande, ndlr), il n'y a plus aucune intervention de la présidence de la République dans une procédure judiciaire".

Ne pas "le laisser revenir"

Dans le livre Sarko s'est tuer publié jeudi 6 novembre, les journalistes du Monde Fabrice Lhomme et Gérard Davet rapportent que François Fillon a demandé au secrétaire général de l'Élysée Jean-Pierre Jouyet, lors d'un déjeuner le 24 juin dernier, de "taper vite" sur l'ancien chef de l'État pour ne pas "le laisser revenir". Antoine Gosset-Grainville, ancien directeur adjoint de cabinet de François Fillon, était également présent.

Si l'ancien Premier ministre a fait savoir qu'il allait porter plainte pour diffamation, les deux journalistes maintiennent pour autant leur version dans Le Monde daté de dimanche 9 novembre, avec à l'appui la publication d'extraits d'enregistrements de Jean-Pierre Jouyet.

La date de ce déjeuner fait polémique parce qu'il s'est déroulé quelques semaines avant le déclenchement de l'enquête préliminaire sur le paiement par l'UMP, à la place de Nicolas Sarkozy, de pénalités pour dépassement de ses dépenses de campagne. Dans un communiqué adressé le 9 novembre au soir à l'AFP, le parquet a toutefois déclaré que l'enquête a été lancée "au vu au vu des seuls éléments" transmis "par les commissaires aux comptes de l'UMP".