Fillon, Sarkozy : quel réalisme pour leur programme économique ?

La mise en œuvre des nouvelles propositions de Nicolas Sarkozy et François Fillon en matière économique serait beaucoup plus périlleuse qu'ils ne veulent bien l'admettre
Ivan Best

Une bonne cure de libéralisme pour François Fillon, un programme pas encore défini pour Nicolas Sarkozy : les deux concurrents pour prendre la tête de l'UMP ont d'ores et déjà dévoilé leur programme économique dans la perspective d'une autre échéance, celle de l'élection présidentielle de 2017.
Avec des propositions décoiffantes ? Non, si l'on en juge par la très relative nouveauté des thèmes abordés. Baisse des impôts, retour à la défiscalisation des heures supplémentaires, diminution du nombre de fonctionnaires, voilà des orientations déjà affichées par Nicolas Sarkozy en 2007. Le couvert serait remis 10 ans après, donc. Oui, si l'on examine de plus près les propositions.
Faire baisser de 600.000 le nombre de fonctionnaires (Fillon), voilà qui promet de sévères remises en cause. Et, quand Nicolas Sarkozy propose d'inscrire dans la constitution un plafonnement de la dépense publique à 50% du PIB, il s'avance aussi sur un terrain difficile.

Des propositions réalistes?

Quel est la réalisme de ces propositions ?
S'agissant de cette dernière -plafonnement de la dépense publique à 50% du PIB- , elle est passée inaperçue ou presque dans les premiers commentaires de l'interview de Nicolas Sarkozy accordée au Figaro Magazine. Elle est pourtant lourde de conséquences.
Nicolas Sarkozy attaque bille en tête la dépense publique, un thème porteur et quasiment consensuel, puisque Manuel Valls ne manque jamais d'affirmer que « nous avons trop de dépense ».
Interrogé sur le niveau actuel -57% de la richesse nationale-, l'ex chef de l'Etat attaque bille en tête:

« Vous avez raison, le cœur du mal français est là » dit-il sans ambages. « La dépense crée le déficit, qui crée la dette. Si on bloque la dépense, on bloque tout le reste. C'est pour cela que je souhaite que nous nous dotions d'un garde-fou pour nous obliger collectivement à tenir nos dépenses. Je propose que d'ici à cinq ans, il ne soit plus possible de consacrer plus de 50 % du PIB à la dépense publique. Tout gouvernement qui atteindrait ce seuil se heurterait à l'interdiction d'augmenter la dette ou les impôts. il n'aurait plus qu'une solution: faire des économies! ».

Deux moyens de parvenir à 50% de dépenses publiques

Comment parvenir à ces 50% de dépenses publiques ? Il existe en fait deux moyens. Soit parvenir à obtenir une forte croissance du PIB, tout en maîtrisant les dépenses. Dans ce cas, mécaniquement, le ratio dette/PIB pourrait baisser fortement. C'est ce qui s'est passé en Suède et au Canada au cours des années 90, exemples toujours mis en avant. A noter que ces deux pays ont alors obtenu une forte expansion au moyen d'une dévaluation massive de leur monnaie, (supérieure à 20%) . Même si l'euro reflue actuellement, on n'y est pas. Deuxième moyen, faute de croissance forte : couper drastiquement dans les dépenses. Lesquelles ? Rappelons que la dépense publique, en France, est constituée à hauteur de 60% de dépenses sociale. Et que, pour le reste, contrairement à des idées reçues, les crédits budgétaires (Défense, police, justice, éducation...) sont comparables en France à ce qu'ils sont dans les autres pays industriels.

S'attaquer à la sphère sociale

Autrement dit, pour diminuer rapidement le poids de la dépense dans le PIB, dans un contexte de croissance économique anémiée, il faut s'attaquer à la sphère sociale. En résumé, couper dans les retraites publiques, qui, à elles seules, représentent pas loin de la moitié des dépenses sociales -ce qu'ont fait les gouvernements allemands au cours des années 2000- , dans les dépenses maladie, ou dans les prestations diverses (pauvreté...).
C'est bien sûr possible, mais est-ce ce que veut une majorité de Français ? A la différence des conservateurs britanniques, qui affichent la couleur, Nicolas Sarkozy se garde bien d'annoncer qu'il veut tailler dans la dépense sociale...
En outre, à vouloir bloquer la dépense publique à 50% du PIB, on ôte toute marge de manœuvre à un gouvernement en cas de catastrophe majeure -inondations, accident nucléaire grave...
La proposition de Nicolas Sarkozy est donc lourde de conséquences.

600.000 postes de fonctionnaires en moins: comment?

Celle de François Fillon concernant la suppression de 600.000 postes de fonctionnaires paraît plus... révolutionnaire. Est-elle praticable. L'ancien premier ministre estime qu'elle ne bouleverserait pas l'administration et ne remettrait pas en cause les services publics : en effet, il suffirait que les fonctionnaires repassent à 39 heures, et le tour serait joué.
Le candidat à la présidence de l'UMP fait semblant d'oublier que presque la moitié des fonctionnaires d'Etat (un million) relèvent de l'éducation nationale. Or enseignants sont déjà réputés travailler 39 heures...
Quant aux autres fonctionnaires, comment croire qu'il suffit d'appliquer une telle règle de trois?

Sarkozy ne croit pas à une telle purge

Du reste, Nicolas Sarkozy se veut plus prudent, qui préconise le non remplacement d'un départ à la retraite sur deux dans la fonction publique. Soit 30.000 suppressions de postes par an ou 150.000 sur cinq ans. Il s'en explique :

« Il faut revenir au non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partants à la retraite. Aller plus loin serait prendre le risque de stériliser la pyramide des âges.

dit l'ex chef de l'Etat, critiquant là François Fillon. Et de poursuivre

Avec ce système nous avons supprimé 150 000 postes de fonctionnaires d'Etat en cinq ans ; personne n'avait jamais fait cela, mais il est vrai que, dans le même temps, les collectivités territoriales en ont créé autant! Il faut à l'avenir que cette mesure d'économie s'applique obligatoirement aux collectivités territoriales, et pour partie à l'hôpital. Sans doute, faudra-t-il modifier la Constitution, pour y parvenir. »

Ivan Best
Commentaires 37
à écrit le 13/10/2014 à 9:09
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à quand la suppression du sénat maison de retraite pour députés,à quand la suppression de l'argent de poche que l'on distribue au grès de son humeur

à écrit le 04/10/2014 à 5:30
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Marre du réchauffé...ou comment du neuf avec des vieux.

le 09/10/2014 à 22:14
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Sarko a eu 5 ans pour le faire ! qu'a t il laissé ? s'il avait vraiment été efficace il aurait été réélu en 2012 ??? perso je n'y crois plus....la place est bonne et le tente encore !

le 12/10/2014 à 8:35
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ON VOUDRAIT DES JEUNES ET PAS DES CROUTONS DE L'ENERGIQUE ET PAS DU FLAMBY !

à écrit le 03/10/2014 à 21:53
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Sarko-Fillon, c'était + 500 milliards d'Euros de dette publique en 5 ans !! Pour quels résultats ?? Une France définitivement en faillite. Des gens qui souffrent. Et des gens qui veulent revoter pour eux ?? Cela me rappelle ce que les psychologues no...

à écrit le 03/10/2014 à 12:58
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faites ce que je dis pas ce que je fais Voilà une belle brochette de personnes qui vont prendre des mesures "courageuse" pour redresser le pays en veillant à bien préserver leurs privilèges . c'est toujours plus facile de demander des efforts aux au...

à écrit le 03/10/2014 à 12:16
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Ce ne sont que des rabâchages de mensonges. La crise a éclatée par le krach de 2007, dont le coût insupportable a causé l'abandon de Lehman Brothers. Depuis, on patauge comme avant et la crise n'est qu'une conséquence et pas une cause.

à écrit le 03/10/2014 à 11:28
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Tout cela c'est parler pour ne rien dire. A 30 mois des élections,beaucoup de paramètres nationaux,européens,mondiaux vont se modifier,et il faudra s'adapter. Alors le blabla de pierre,Paul,jacques ,fumisterie,redondante depuis 30 ans

à écrit le 03/10/2014 à 9:20
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Belle brochette de bras cassés !

à écrit le 03/10/2014 à 8:55
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Les enseignants font une moyenne de 32h de travail et l'étude ne compte pas les 3 mois de congés et l’absentéisme stratosphérique sans parler des profs remplaçant payés 1800 euros net pour 4 heures de cours un scandale de plus des serviteurs de l'éta...

le 03/10/2014 à 14:38
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ma femme instit passe tous les samedis a preparer ses cours plus 2 dimanches matin par mois,plus 2 h tous les jousr a la maison.et toi que fait tu ls samedi et le dimanche

le 03/10/2014 à 19:27
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C'est toujours les mêmes cours à peu de chose près depuis ... 40 ans ? Elle devrait les préparer une fois pour toutes ... pendant les vacances par exemple Non ?

le 03/10/2014 à 21:49
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Un prof motivé refait sans cesse ses cours et s'adapte à son public : ce n'est pas le ronronnement des heures de bureau à faire toujours la même chose de façon répétitive et monotone sans scrutant en coin son Facebook et ses méls ... vous ne pouvez p...

le 12/10/2014 à 8:39
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J'ai été artisan pendent 38 ans et ce a raison de 60 heures par semaine alors ça me fait rigoler de lire les commentaires des pédagos mal organisés ! Si ce métier ne leur va pas il faut changer ! Comme je vous plains !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!...

à écrit le 03/10/2014 à 8:17
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En gonflant de manière démesurée la sphère publique et les prestations sociales, les gouvernements sous Sarkosy, puis sous Hollande n'ont fait que reporter le problème, en priant que le Dieu "Croissance" veuille bien prendre le relai. Mais nous ne so...

à écrit le 03/10/2014 à 6:50
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Le capital, c'est du travail déjà réalisé; l'énergie, c'est du travail économisé.

le 03/10/2014 à 8:21
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Le travail, c'était au moyen-âge, le capital au XIX ieme, et aujourd'hui, depuis 1975, date de la création de Microsoft, seules l'innovation et l'intelligence sont facteurs limitants. Toutes les nouvelles sociétés mondiales ont été créées sans travai...

le 03/10/2014 à 9:10
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Le capital reste l'élément indispensable pour la réalisation des idées et la recherche ça se finance ... On peut toujours rêver mais ici comme ailleurs la magie n' opère pas ... à vide. Les idées sans l'argent c' est du vent, zéro !

à écrit le 03/10/2014 à 6:48
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Le truc est simple ; on maintient ou on préserve les marges et les bénéfices d' un coté et on appauvrit de l'autre et le tour est joué, les finances publiques retrouvent la santé - c'est ce qu'ils appellent l'équilibre du budget et ce type de réform...

à écrit le 03/10/2014 à 6:46
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Une nouvelle majorité doit s'inspirer du rapport du comité Christian de Pertuis.

le 03/10/2014 à 9:19
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J'écris cela pour NKM; qu'on le lui dise.

à écrit le 03/10/2014 à 6:33
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L'économie, c'est du travail, du capital et de l'énergie.

à écrit le 03/10/2014 à 6:32
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Il faut augmenter le prix de l'énergie pour réduire le cout du travail.

à écrit le 03/10/2014 à 6:30
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L'énergie remplace le travail; pour utiliser ce temps libéré, il faut réduire le cout du travail.

à écrit le 03/10/2014 à 6:28
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Il faut changer de modèle. L'énergie remplace le travail et doit prendre en charge une partie des cotisations sociales.

à écrit le 03/10/2014 à 6:11
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" couper drastiquement dans les dépenses sociales " etc ... En tout état de cause les hypothétiques bénéfices ou gains réalisés d' un coté ( baisse de la fiscalité des entreprises ) ne pourront pas compenser les pertes subies en termes de pouvoi...

à écrit le 02/10/2014 à 20:32
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Qu'ils aillent se cacher ! on les a assez vu, ça déborde, là !!....

à écrit le 02/10/2014 à 20:29
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Mais pourquoi n'assument-ils pas leurs bilans désastreux ? Les dirigeants, c'était eux, pas les fonctionnaires qui ne sont que de simples exécutants. Pourquoi diviser autant les Français, là où il faudrait au contraire rassembler les énergies pour af...

à écrit le 02/10/2014 à 19:48
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Tout ce petit monde attend que Bruxelles leur souffle "le programme" dans l'oreillette! Mais ils n'ont aucune idée de comment se passer de ses prothèses!

à écrit le 02/10/2014 à 18:36
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Les enseignants travaillent déjà 39h ? Bizarre, il me semblait que c'était plutot 18 pour la majorité des professeurs... Et si cela était la seule approximation de cet article..

le 03/10/2014 à 7:45
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Le travail d'un enseignant ce n'est pas que 18h de cours face aux élèves, c'est aussi préparer les cours, personnaliser les évaluations, corriger les copies, recevoir les parents, préparer l'orientation des élèves et toute la réunionite administrativ...

le 03/10/2014 à 19:31
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" l'orientation des élèves " Parlons en ! Il ferait mieux de s' abstenir !!!

à écrit le 02/10/2014 à 18:19
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Ca sera le teste, une fois au pouvoir tous ces gens plein de courage en campagne retournent leur veste et plient a la premiere manifestion ou pression de lobbys. je voterais FN, c est pas ma tasse de thé mais il n y a plus rien a attendre de ce régi...

le 02/10/2014 à 18:27
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croyez bien que je ferai de même !

le 03/10/2014 à 5:11
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" je voterai " - " le test " - " ces gens pleins " - ps : sans malice.

le 03/10/2014 à 10:34
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c'est un raisonnement et une démarche de petit niveau... même si nos politiques ne sont pas révélés courageux au cours des 30 dernières années, ils sont la résultante de ce que les Français ont voulu entendre ou n'ont pas voulu entreprendre dans les ...

le 03/10/2014 à 11:24
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@thomas En partie d' accord avec vous sur cette réalité toujours plus ou moins " remisée " à l' arrière plan du débat ...

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