Pourquoi S&P revoit ses prévisions à la baisse pour la France

Par latribune.fr  |   |  462  mots
La croissance au cours des deux années à venir dépendra de la consommation des ménages, juge l'agence américaine qui rappelle que celle-ci stagne depuis 2011.
L'agence de notation prévoit 0,7% de croissance en 2015 et 1,2% en 2016, contre 1,1% et 1,5% précedemment. En cause selon Standard & Poor's: la faible compétitivité des entreprises et des réformes du marché du travail peu efficaces sur le court terme.

Alors que l'OCDE prévoit 0,8% de croissance pour la France en 2015 et 1,5% l'année suivante, l'agence de notation Standard and Poor's se montre plus pessimiste. Elle prévoit 0,7% de hausse du PIB en 2015, et 1.2% en 2016. Des prévisions en baisse, puisqu'au mois de septembre elle prévoyait respectivement 1,1% et 1,5% du hausse du PIB. Explications.

  • Compétitivité faible à l'export

La molesse de la consommation intérieure n'est pas palliée par les exportations françaises selon l'agence. S&P juge que celle-ci est en perte de compétitivité depuis 10 ans, comparée à ses voisins européens. Alors que l'Allemagne a accru ses exportations de 48,5% et l'Espagne de 49,6%, la France n'a connu qu'une hausse de 28,4% depuis 2005.

Et l'avenir risque d'être sombre selon Standard and Poor's. Elle pointe le manque d'investissements français dans l'automatisation, ce qui risque de gréver la compétitivité française à l'export. Et de citer la Fédération de la robotique qui recense en 2013 "167.578 robots industriels polyvalents en Allemagne, 58.400 en Italie et seulement 31.600 en France.

  • Des entreprises peu compétitives

Les marges des entreprises se sont détériorées selon Standard & Poor's, ce qui les empêche d'être compétitives par rapport aux autres entreprises à l'international. Elle mentionne l'exemple du coût du travail dans l'industrie qui a auglmenté plus rapidement que dans bien d'autres pays, comme l'Allemagne par exemple. "Les sociétés françaises sont ainsi forcées de baisser leurs marges pour rester compétitives", écrit l'agence de notation.

  • Les ventes de voitures en berne

Exemple typique du retard français par rapport à une partie de ses voisins européens, d'après S&P: le nombre d'immatriculations. Entre janvier et octobre 2014, l'Espagne (+18,1%) et le Royaume-Uni (+9,5%) ont connu une croissance importante. La France n'a connu qu'une hausse de 6,1% sur les 10 mois et, plus grave, une contraction de 3,8% de ses ventes au mois d'octobre. En outre, il n'y aura pas de rebond des ventes dans l'Hexagone avant 2016 ou 2017, explique l'agence américaine, s'appuyant sur une analyse de l'Association des constructeurs européens d'automobiles.

  • Des réformes peu efficaces sur le court terme

"Les réformes du marché du travail et de la fiscalité des entreprises introduites ces deux dernières nécessiteront du temps avant de produire un effet sur la croissance." Standard & Poor's cite notamment l'exemple du Crédit impôt compétitivité emploi (CICE), mis en place "pour réduire la masse salariale des entreprises jusqu'à 6%". Elle juge l'impact modeste pour le moment, ayant simplement permis de "ralentir le rythme des suppressions de postes".

  • L'importance de la consommation des ménages

Enfin, la croissance au cours des deux années à venir dépendra de la consommation des ménages, juge l'agence américaine qui rappelle que celle-ci stagne depuis 2011.