Hidalgo relance Paris par l'investissement

Par Jean-Pierre Gonguet  |   |  625  mots
Anne Hidalgo a annoncé près de 4 milliards d'euros d'investissement pour résoudre la crise du logement à Paris et encourager la rénovation thermique.
10 milliards en 5 ans. C’est à contre courant de toutes les politiques publiques nationales et municipales. Et c’est un vrai choc pour l’économie parisienne que veut créer la Maire de Paris qui affirme une autonomie politique et économique de plus en plus forte.

« On doit le faire et on peut le faire ». 1.5 milliard d'investissements supplémentaires d'ici 2020, soit 10 milliards sur cinq ans au lieu des 8.5 annoncés pendant la campagne électorale : Anne Hidalgo va faire adopter au Conseil de Paris, ce qu'il faut bien appeler un budget de relance de l'économie. D'ailleurs elle ne s'en cache pas : « face à la violence de la crise, on ne peut pas se recroqueviller, a lancé la maire de Paris. L'économie parisienne a besoin d'un choc et tout ce que nous faisons c'est pour soutenir l'emploi. Depuis la campagne électorale, la situation a évolué, l'investissement privé est en berne et l'investissement public doit l'entrainer. Il nous faut aller plus loin et plus fort. Tous les économistes le disent, la relance par l'investissement est nécessaire et il faut que le public donne un signal »

Paris doit le faire, Paris peut le faire

Au moment où la quasi-totalité des municipalités françaises freinent leurs investissements, au moment où la plupart des maires nouvellement élus ont compris qu'ils n'avaient aucune chance de tenir leurs promesses électorales, et au moment où les maires d'Ile-de-France bloquent la construction de 20 000 logements sociaux, Anne Hidalgo prend tout le monde à contre pied. Elle offre à Paris et au Grand Paris la possibilité d'une relance. Argument majeur ? Paris peut le faire, son relativement faible endettement (1600 € par habitant avec, surtout, une capacité de désendettement assez rapide d'un peu plus de 7 ans) le lui permet et, cerise sur la gâteau, l'exercice 2015 a pu être bouclé. La Ville de Paris a du faire face à une moindre dotation de 400 millions d'euros. Comblé par des économies de fonctionnement (130 millions), les taxes séjour et résidences secondaires (55 millions), une rentrée un peu inattendue de CVAE (120 millions en plus) et de DMTO (70 millions) et une hausse de diverses redevances (dont, bien sûr, celle qui ne va pas plaire aux Parisiens sur le stationnement). Du coup, l'épine 2015 enlevée du pied, la Ville de Paris a accéléré.

Près de 4 milliards dans le logement

Le principal poste c'est bien sur l'investissement dans le logement et la mixité sociale : 2.95 milliards sur 5 ans auxquels il faut rajouter 1 milliard que les bailleurs sociaux vont, parallèlement, mettre dans la rénovation thermique. Avec quelques nouveautés dans la stratégie puisque Paris va se lancer dans le logement social dans le diffus (du logement social dans des immeubles traditionnels) et dans une politique d'action volontariste (850 millions sont prévus) qui va amener du logement social là où il en y a peu, le centre et l'ouest de Paris. Pour le reste la plupart des postes sont en augmentation. Paris va donc investir 10 + 1 milliards et va le faire en essayant de maintenir un faible taux d'endettement (les deux tiers de somme relèvent de l'autofinancement) et, promis juré par la Maire, sans augmentation d'impôts pendant la mandature.

Répartition des 10 milliards d'euros d'investissements prévus par le plan de relance d'Anne Hidalgo. Crédits : Mairie de Paris


Avec une prévision de 200 000 emplois créés ou préservés dans les 5 ans, le plan est ambitieux. Bien sûr nul n'a assez de mauvais esprit pour penser que les déclarations d'Anne Hidalgo sur la nécessaire relance par l'investissement puissent s'adresser à François Hollande ou Emmanuel Macron. En tout cas la Maire affiche une singularité de plus en plus étonnante dans le paysage politique français : à travers des sujets aussi divers que le travail du dimanche, les Jeux Olympiques, la mise en place du Grand Paris, le tourisme, l'innovation ou désormais la politique économique, Anne Hidalgo poursuit sa politique. Autonome et volontaire. Et n'est clairement pas la gestionnaire de l'héritage de Bertrand Delanoë que certains croyaient voir en elle.