Les Français ont-ils réellement retrouvé confiance en l'avenir ?

Par Fabien Piliu  |   |  658  mots
Calculé par l'Insee, l'indicateur synthétique mesurant la confiance des ménages a gagné deux points en décembre.
L'indicateur synthétique mesurant la confiance des ménages a gagné deux points en décembre. Est-ce de bon augure ?

Chaînon manquant du cercle vertueux qui permettrait à l'économie française de renouer avec la croissance, la confiance serait-elle au rendez-vous ? Calculé par l'Insee, l'indicateur synthétique mesurant la confiance des ménages a gagné deux points en décembre.

L'imminence des fêtes de fin d'année a-t-elle grisée les Français ? Croient-ils possible un retour de la croissance - l'indice PMI publié ce jour indique une nouvelle contraction de l'activité en France - et une baisse du nombre de demandeurs d'emplois ?

Malheureusement, ce timide retour de la confiance n'est pas vraiment porteur de bonnes nouvelles. D'une part, il n'est pas suffisamment prononcé pour permettre à l'indicateur de dépasser sa moyenne de longue période. A 90, l'indicateur se situe 10 unités en dessous de celle-ci !

Une embellie en trompe-l'œil

D'autre part, ce retour de la confiance n'est qu'une embellie en trompe-l'œil. En effet, elle trouve en grande partie son origine dans l'augmentation brutale de l'opportunité d'épargner,  en dépit de la progression attendue du pouvoir d'achat ! Dans sa dernière note de conjoncture, l'Insee table sur une progression de 1,3% du pouvoir d'achat entre juin 2014 et juin 2015. La crainte, toujours plus forte, du chômage explique ce changement  attendu de comportement des Français.

Or, s'ils deviennent des fourmis, les ménages ne seront plus cigales. Et s'ils consomment moins, ce sont les espoirs timides de reprise qui s'envolent.

Sans vouloir verser dans un pessimisme exacerbé, les statistiques du jour de l'Insee sont donc plutôt alarmantes. Elles pourraient présager le pire pour l'économie française. En effet, si ces anticipations devaient se réaliser, la prévision annuelle de croissance, fixée à 1% par le gouvernement, serait très difficile à atteindre, l'investissement des entreprises étant en panne. Les mesures fiscales mises en place par le gouvernement pour relancer la formation brute de capital fixe ne produisent pas encore leurs effets.

La politique de l'offre ne produit pas encore ses effets

Citons notamment le crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi ((CICE) dont le taux est passé de 4% à 6% de la masse salariale jusqu'à 2,5 SMIC et les allégements de cotisations prévus par le Pacte de responsabilité qui sont entrés en vigueur le 1er janvier. « En dépit du très bas niveau des taux d'intérêt réels, l'investissement des entreprises n'augmenterait que légèrement d'ici mi-2015, en ligne avec des perspectives de demande modestes et un faible utilisation des capacités de production », résume l'Insee dans sa dernière note de conjoncture. Quant à la dépréciation de l'euro face au dollar, elle est encore insuffisante pour permettre au commerce extérieur de contribuer positivement et de manière significative à la croissance.

Pas de baisse du taux de chômage à court terme

Les espoirs de décrue rapide du chômage seraient également douchés sachant que, comme François Hollande l'a rappelé ce lundi lors de sa rentrée médiatique sur l'antenne de France Inter, une baisse du nombre du demandeurs d'emploi n'est envisageable que si le PIB progresse à un rythme supérieur de 1%.

Pour l'instant, l'Insee est pessimiste. L'Institut, qui table sur une progression de 0,3% du PIB au premier et au deuxième trimestre, anticipe une augmentation du taux de chômage de la population active au cours du premier semestre. Selon ses calculs, il passerait de 10,4% au troisième trimestre à 10,6% fin juin, les créations d'emplois étant insuffisantes pour compenser les destructions de postes, occuper les surreffectifs et absorber la progression de la population active. Chaque année, conséquence du dynamisme démographique, 800.000 jeunes arrivent sur le marché du travail.

Et ensuite ? A moins d'une rupture technologique majeure, d'un emballement des économies des pays de la zone euro qui absorbent près de 60% des exportations tricolores, les prévisions ultérieures du gouvernement pourraient passer pour fantaisistes. Pour l'instant, Bercy vise une augmentation de 1,7% en 2016 puis de 1,9% en 2017.