Fusillade à Montrouge : le suspect et les frères Kouachi issus de la même filière djihadiste

Par latribune.fr (avec AFP)  |   |  740  mots
Jusqu'alors, les autorités estimaient qu'il n'y avait "pas de lien" établi entre les deux affaires, même si le parquet antiterroriste avait été saisi des deux dossiers.(Photo: la police scientifique sur les lieux après la fusillade, hier, jeudi 8 janvier 2015)
Après la fusillade qui a éclaté le matin du jeudi 8 janvier à Montrouge (Hauts-de-Seine), une policière est décédée et un agent de voirie a été grièvement blessé. Un lien a été établi entre le suspect et les tireurs présumés lors de l'attentat à Charlie Hebdo: tous trois sont issus de la même filière dite des "Buttes-Chaumont".
  • Une fusillade a éclaté jeudi 8 janvier au matin à Montrouge (Hauts-de-Seine)
  • Un homme a tiré à l'arme de guerre sur une policière stagiaire, décédée depuis, et sur un agent de voirie, dont le "pronostic vital est engagé".
  • Le suspect a été identifié, il serait en relation proche avec les tireurs soupçonnés dans la tuerie de Charlie Hebdo.

"Identifié", le suspect est toujours recherché. Le fuyard de Montrouge avait été condamné pour le projet d'évasion d'un autre djihadiste présumé, Smaïn Ait Ali Belkacem, en 2010, dossier dans lequel Chérif Kouachi avait été mis en examen avant de bénéficier d'un non-lieu, d'après une source policière.

Cette même source confirme les informations du Point, selon qui "le lien entre le tireur de Montrouge et les frères Kouachi a été établi. Ils se connaissent et sont tous trois issus de la même filière djihadiste des Buttes-Chaumont". Démantelé en 2005, le groupe visait à envoyer des djihadistes en Irak.

Des interpellations ont eu lieu

Deux interpellations ont par ailleurs eu lieu vendredi 9 janvier au matin dans l'Essonne, ont confié sources proches du dossier à l'AFP. "Deux personnes sont actuellement en garde à vue dans les locaux de la police judiciaire des Hauts-de-Seine. Un homme de 52 ans, interpellé ce matin, et une deuxième personne", a indiqué à l'AFP une source policière.

Selon une autre source policière, l'homme de 52 ans n'est "visiblement pas le bon". "Mon client se trouvait au mauvais endroit, au mauvais moment", a assuré à l'AFP son avocate Me Laurence Roche, affirmant qu'il n'était "en aucune façon mêlé à cette affaire".

Le parquet antiterroriste se charge de l'enquête

"La section antiterroriste du parquet de Paris se saisit des faits commis ce jour à Montrouge au vu du contexte actuel, de l'armement lourd de l'auteur des faits et du caractère délibéré d'un acte visant les forces de l'ordre", selon un communiqué.

L'enquête en flagrance est ouverte notamment pour assassinat et tentative d'assassinat sur personne dépositaire de l'autorité publique en relation avec une entreprise terroriste, tentatives d'assassinats en relation avec une entreprise terroriste et infraction à la législation sur les armes en relation avec une entreprise terroriste.

La fonctionnaire n'était pas armée

La fonctionnaire portait un gilet pare-balles mais n'était pas armée, ce qui a suscité la colère de certaines organisations syndicales. Le Syndicat national des policiers municipaux s'est dit "choqué" que des agents "qui représentent de réelles cibles à la vue de la détermination des terroristes surarmés, n'aient, pour se protéger ou pour assurer la sécurité les citoyens français, qu'un simple stylo, voire une bombe lacrymogène".

Cazeneuve estime qu'il n'y a pas de lien avec "Charlie Hebdo"

"Aucun élément ne permet d'établir à ce stade un lien" entre l'attentat contre l'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo et la fusillade survenue à Montrouge, avait déclaré jeudi 8 janvier le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve.

"La succession de deux drames d'une extrême violence dirigée à la fois contre la liberté de la presse et les forces de l'ordre, donc l'État républicain, doit susciter dans la dignité une condamnation générale et appelle de notre part une réaction d'une extrême fermeté", a-t-il rajouté.

Rappel des événements

Jeudi 8 janvier, vers 07H50 un accident de la circulation a lieu entre deux véhicules. La police municipale et la voirie sont appelées sur les lieux. Peu après 08H00, des coups de feu éclatent. Une policière municipale est touchée au niveau de la gorge et l'agent de la voirie est également grièvement blessé, selon les premiers éléments de l'enquête.

C'était "une scène de panique", a relaté un habitant de la rue, Ahmed Sassi, 38 ans. Il explique avoir été réveillé par "deux détonations". Depuis la fenêtre de sa cuisine, il raconte avoir vu "un policier debout dans la rue. Un homme en habit sombre lui a tiré dessus à bout portant, tout en continuant à courir".

À Montrouge, la Brigade de recherche et d'intervention (BRI) a mené vers 11H00 une opération dans une chambre d'hôtel située près des lieux de la fusillade"qui s'est révélée infructueuse", selon une source policière. "On a perdu la trace de l'agresseur présumé dans le quartier de La Défense", a-t-elle ajouté.