Grand Paris : comment construire plus de logements sociaux ?

Par Mathias Thépot  |   |  654  mots
Les acteurs économiques vont-ils aller trop vite pour les politiques dans la mise en œuvre du Grand Paris ?
Les acteurs économiques se mettent en ordre de marche pour la mise en œuvre du Grand Paris. Dernier en date : la société nationale immobilière (SNI), filiale de la Caisse des dépôts, qui a annoncé la création d’une structure dédiée à la métropole.

Chez les grands acteurs économiques qui croient à la mise en œuvre du Grand Paris, la mode du moment est à la création de structures dédiées à la métropole qui pourront assumer les grandes ambitions de ce projet politique.
En matière de logement, la loi Mapam du 28 janvier 2014, qui prévoit la création du Grand Paris, a fixé pour objectif la construction de 70.000 logements - tous types confondus - par an dans la métropole, ce qui équivaut à doubler la production annuelle !

Les acteurs du secteur s'organisent donc en conséquence pour mettre à niveau leur outil de production. Au premier rang desquels l'Agence Foncière et Technique de la Région Ile-de-France (AFTRP) qui s'est muée en Grand Paris Aménagement et pilotera l'opération d'intérêt national du Grand Paris lancée par Manuel Valls.
C'est aussi le cas de la société nationale immobilière (SNI), filiale à 100% de la Caisse des dépôts, qui a annoncé avoir regroupé au sein d'une nouvelle structure, Grand Paris Habitat, les équipes de développement et de maîtrise d'ouvrage de ses deux filiales HLM franciliennes, Osica et Efidis. Elle espère pouvoir, grâce à cette structure, répondre aux exigences ambitieuses de construction en matière de logement sociaux, au même titre que le groupe 3F, le plus important bailleur social français.

Les acteurs du logement pourront-ils assumer les objectifs du Grand Paris ?

La SNI prévoit ainsi de construire près de 11.000 logements sociaux entre 2015 et 2019, ce qui correspond à une augmentation de 78% de sa production annuelle. Des objectifs très ambitieux que la plupart des promoteurs et bailleurs devront partager afin d'au moins doubler la production de logements sociaux au sein de la métropole, là où sont les besoins en logements sont les plus prégnants. Mais auront-ils réellement les moyens matériels d'assumer cette production ? C'est tout l'objet de la création de structures dédiées afin de mailler au mieux le territoire du Grand Paris, de rationaliser la prospection foncière et de limiter les doublons. Charge donc aux acteurs du logement de mettre en œuvre leurs intentions sur le terrain. On peut du reste faire confiance aux acteurs économiques pour se mettre en ordre de marche dans les zones à fort potentiel, nombreuses dans la métropole.

Auront-ils les moyens financiers?

Une autre interrogation est financière. Toutefois, concernant le logement social, l'augmentation du plafond du livret A a assuré pour plusieurs années la sur-liquidité des Fonds d'épargne de la Caisse des dépôts qui gèrent les encours - 67 milliards d'euros collectés en 2012 et en 2013. Ce, malgré la décollecte qui serait désormais sur un rythme de 2,5 milliards d'euros par an.

Grâce à cette masse d'épargne emmagasinée, la CDC possède les moyens nécessaires pour financer les nouveaux besoins du secteur du logement social, et peut prendre davantage de risques dans ses prêts aux bailleurs sociaux. Bénéficiant d'une relation privilégiée avec la CDC en tant que filiale de cette dernière, la SNI a ainsi obtenu de la vielle dame de la rue de Lille qu'elle lui finance 78% de ces opérations par la dette, et non plus 70% comme auparavant. Ce qui lui permet de réduire la quotité de fonds propres par opération et donc d'en lancer davantage.

Enfin, la question la plus épineuse sera celle de l'implication du politique. Autrement dit, les élus pourront-ils suivre le rythme des acteurs économiques ? Car désormais, "le temps des politiques n'est plus celui de l'économie", explique Manuel Flam, président du directoire de Grand Paris Habitat. Pour atteindre les objectifs du Grand Paris, il faudra tout de même qu'un grand nombre d'élus se mettent d'accord sur la répartition des entreprises et des logements entre les communes, ainsi que sur la mixité à y introduire.