Près de 40% des CDI conclus durent moins d'un an

Par Jean-Christophe Chanut  |   |  594  mots
Plus du tiers des contrats à durée déterminées sont rompus avant un an. Une proportion qui monte à 45,6% chez les jeunes de moins de 24 ans.
Une étude du ministère du Travail montre que les ruptures de contrat à durée indéterminée sont plus fréquentes qu'on ne le croit. Ainsi, 36,5% des CDI conclus en 2011 n’existaient plus un an après.

Voilà une idée reçue qui va prendre du plomb dans l'aile ! Il est de bon ton de dire qu'en France, il y a trop de rigidités sur le marché du travail. Notamment, il serait quasi impossible de rompre un contrat à durée indéterminée (CDI). C'est même pour cette raison que ce marché du travail est devenu « dual ». Avec, d'un côté, les titulaires de CDI " surprotégés " et,  de l'autre, les titulaires de CDD et les intérimaires qui servent de " variable d'ajustement" ... Or, une étude de la Dares (service statistiques du ministère du Travail) vient quelque peu remettre en question ce présupposé : le turnover ( ou rotation de la main d'oeuvre) sur les CDI est plus important qu'on ne le pense.

36,5% des CDI durent... moins d'un an

Ainsi, selon l'étude, la très grande majorité (93,1%) des salariés du privé en CDI en 2012 avaient une ancienneté dans leur entreprise d'un an ou plus. Certes, mais dans le même temps les données sur les mouvements de main-d'œuvre indiquent que 36,1 % des CDI conclus en 2011 ont été rompus au bout d'un an - quel que soit le motif de rupture. Puis  la moitié de ces mêmes CDI ont été rompus au bout de deux ans... et 59,3%  au bout de trois ans. Selon la Dares, « l'instabilité des CDI apparaît concentrée dans l'année qui suit la signature : les risques de démission , de licenciement ou de rupture conventionnelle sont plus faibles au-delà d'un an ».

La fréquence des CDI de courte durée de vie est particulièrement élevée dans le tertiaire (38,4%) et la construction (32,7%) et plus faible dans l'industrie (23,3%). A noter qu'entre 2007 et 2012 - effets de la crise ? - la proportion de CDI ayant duré moins d'un an a progressé de 2,5 points.

La démission, premier motif de rupture devant la fin de période d'essai

Quelles sont les raisons de cette fin anticipée de CDI. Le premier motif de rupture est... la démission (16,1%), suivi par la fin de la période d'essai qui explique l'interruption de 12,7% des CDI, contre... 9,8% en 2007. Le licenciement « autre qu'économique » représente le troisième motif de sortie mais son poids est, il est vrai, nettement plus faible (3,3%). Quant aux ruptures conventionnelles, instaurées en 2008, elles ont un poids qui reste marginal (1,7%). Il faut dire que le dispositif est davantage ciblé sur les longs CDI.
De même, peu de nouveaux CDI sont rompus avant un an du fait d'un licenciement économique (0,4%).

Plus de la moitié des CDI des employés non qualifiés rompue avant un an

Par secteur, c'est dans l'hébergement et la restauration que la probabilité de rupture du CDI la première année est maximale (58,6%). Un secteur, il est vrai, qui se caractérise par son turn-over important. A l'inverse dans le « raffinage » et la « fabrication de matériels de transport » elle est minime (respectivement 7,8% et 7,3%).
Enfin, la rupture du CDI la première année varie aussi nettement selon l'âge et la catégorie socioprofessionnelle. Ainsi, chez les 15 à 24 ans, la probabilité d'une rupture avant le premier anniversaire du CDI atteint... 45,6% contre moins de 35% pour les autres classes d'âge. Et, donnée assez stupéfiante, un peu plus de la moitié (51,9%) des CDI des employés peu qualifiés a été rompue en moins d'un an. Des données de la Dares utiles alors que le vieux débat sur l'opportunité d'instituer un « contrat de travail unique » refait surface pour la énième fois.