Affaire du Carlton : DSK jugé pour proxénétisme

Par latribune.fr (avec Reuters)  |   |  551  mots
L'ancienne figure du PS encourt jusqu'à 10 ans de prison et 1,5 million d'euros. d'amende.
Le procès contre Dominique Strauss-Kahn et treize autres prévenus s'ouvre ce lundi à Lille. L'ancien directeur général est jugé pour proxénétisme aggravé.

C'est le premier jour de trois semaines qui s'annoncent cruciales pour DominiqueStrauss-Kahn. L'ancien directeur général du Fonds monétaire international (FMI) est en effet jugé à partir de lundi 2 février à Lille pour proxénétisme aggravé aux côtés de treize autres prévenus.

"DSK", 65 ans, est notamment soupçonné d'avoir été le "pivot central" de "parties fines" organisées avec des prostituées entre 2008 et 2011 à Lille, Bruxelles, Paris et Washington, depuis le nord de la France. L'ancienne figure du PS encourt jusqu'à 10 ans de prison et 1,5 million d'euros d'amende. A l'issue du procès, qui doit durer trois semaines, le jugement devrait être mis en délibéré.

DSK se dit innocent

L'affaire dite du "Carlton" a commencé début 2011, quand la police judiciaire de Lille a été alertée des activités d'un certain René Kojfer, responsable des relations publiques pour l'hôtel Carlton, soupçonné de faire se rencontrer prostituées et clients dans deux établissements lillois. L'enquête, qui mettra en lumière plusieurs canaux présumés de prostitution, tombera des mois plus tard sur le nom de Dominique Strauss-Kahn. Autour de lui, deux hommes au moins, logisticiens présumés de soirées auxquelles il participait : Fabrice Paszkowski, gérant d'une société de matériel médical, et David Roquet, entrepreneur en BTP.

DSK a toutefois toujours clamé son innocence, assurant n'avoir jamais su que les femmes rencontrées lors de ces soirées selon lui "libertines", où il était invité, étaient des prostituées. En juin 2013, le parquet de Lille avait requis un non-lieu à son encontre, estimant qu'il ne pouvait être déduit "avec certitude" qu'il savait que les femmes rencontrées étaient rémunérées ni qu'il était à l'origine des soirées. Mais un mois plus tard, les magistrats instructeurs en décidaient autrement.

Le "roi de la fête"

D'après l'accusation en revanche, l'homme politique "ne pouvait pas ignorer" que les femmes rencontrées étaient des prostituées. Le procès visera également à établir si, loin d'être un simple client "consommant gratuitement", "DSK" était par ailleurs l'instigateur et le "principal bénéficiaire" de ces soirées.

Devant les enquêteurs, une escort a en effet affirmé qu'il était le "roi de la fête", au centre de toutes les attentions. Les magistrats ont notamment retenu contre lui la mise à disposition d'un appartement à Paris et des échanges de SMS avec d'autres protagonistes du dossier montrant, selon l'accusation, qu'il a favorisé la mise en place d'un "système" visant à "satisfaire ses besoins sexuels."

Treize prévenus

Parmi les autres prévenus qui défileront à la barre au cours des trois prochaines semaines figurent un avocat lillois, un commissaire de police et Dominique Alderweireld alias "Dodo la Saumure", gérant de plusieurs "maisons de débauche" en Belgique. Certains sont aussi poursuivis pour escroquerie, abus de confiance ou abus de biens sociaux dans le volet financier de cette affaire.

L'ancien ministre de l'Economie, contraint à la démission du FMI après avoir été accusé en mai 2011 d'agression sexuelle par une femme de chambre au Sofitel de New York, avait bénéficié d'un non-lieu au pénal aux Etats-Unis. Reconnaissant une "relation inappropriée" et une "faute morale", il avait toujours démenti toute contrainte ou violence.