Quand un boulanger suscite l'émoi des politiques

Par latribune.fr  |   |  483  mots
La Confédération des Boulangers a réitéré son attachement à la fermeture hebdomadaire, désapprouvant ainsi le boulanger des Landes au coeur d'une polémique.
D'une banale histoire est née une polémique qui a fait réagir les plus hauts responsables politiques de droite. Pour certains, il s'agit de s'en prendre à la loi Macron qui a décidé de libéraliser davantage la réglementation du travail dominical.

Anecdotique ou symbolique ? Le clivage gauche droite est encore apparu après l'éclatement de l'affaire dite du « boulanger des Landes ».  En quelques mots, il s'agit d'un artisan situé à Saint-Paul-Lès-Dax contraint de fermer son commerce une fois par semaine, conformément un arrêté préfectoral. L'inspection du travail a mis en demeure le boulanger de s'astreindre à cette obligation sous peine de saisir le tribunal administratif.

"J'ai ouvert 7 jours sur 7 pendant 3 ans et demi. Je crée des emplois et de la richesse, je ne vois pas pourquoi on m'empêcherait de le faire", a expliqué à l'AFP Stéphane Cazenave, qui emploie  22 salariés et avait obtenu en 2014 le prix de "la meilleure baguette de France" au 1er Master national de la baguette de tradition française.

Emballement politique

Il n'en fallait pas davantage pour provoquer une tempête politique en plein débat sur la loi Macron qui souhaite libéraliser le travail le dimanche sous certaines conditions. L'ancien Premier ministre, François Fillon a apporté "tout son soutien" à Stéphane Cazenave, "dans sa volonté d'être libre de travailler 7 jours sur 7", après s'être entretenu avec lui mardi matin. "Que le travail puisse dans notre pays être considéré comme un délit et la passion d'un artisan ainsi bridée doit nous alerter sur l'absurdité de notre système", écrit François Fillon.

Sur Radio Classique, mercredi matin, François Bayrou a également manifesté sa solidarité avec le boulanger victime d'un abus néfaste à l'emploi, selon lui. "On a l'impression que la volonté de créer, de faire naître des emplois nouveaux est mal vue en France, et sanctionnée".

Pour le leader du Modem, il y a une "perpétuelle suspicion, un doute inquisitorial sur ceux qui travaillent" alors qu'"il suffirait de laisser ceux-là agir pour qu'une grande partie des potentialités françaises", tout d'un coup, "recréent de l'emploi et de la richesse".

Le boulanger désapprouvé par ses pairs, équilibre concurrentiel oblige

Face à cette polémique, le boulanger des Landes s'est toutefois vu opposé la désapprobation de ses pairs. La Confédération nationale de la boulangerie-patisserie a ainsi réitéré son attachement à la fermeture dominicale.

"Nous sommes attachés à ces arrêtés préfectoraux" qui déterminent les jours de fermeture des boulangeries, "ce n'est pas pour empêcher les gens de travailler mais c'est pour trouver des équilibres, promouvoir la qualité des produits", a réagi auprès de l'AFP Jean-Pierre Crouzet, le président de ce syndicat professionel. "Il y a bien longtemps que les boulangers travaillent le week-end" et il faut "des règles équitables", fait-il valoir.

De son côté, le gouvernement a pointé « l'utilisation politicienne » de cette affaire ». Pour Stephane Le Foll, porte-parole du gouvernement, l'arrêté préfectoral a été pris en 1999 en accord avec les syndicats professionnels, gage d'un dispositif équilibré.