Retraites complémentaires : comment le Medef compte économiser 7 milliards d'euros

Par latribune.fr (avec AFP)  |   |  469  mots
Le déficit de l'Agirc atteignait 1,24 milliard d'euros en 2013, celui de l'Arrco, 405 millions.
Pour les couples de retraités mariés, le Medef propose la possibilité de maintenir à 60% le taux actuel de réversion après le décès d'un conjoint si le défunt ou la défunte a accepté une retraite minorée, et un report de l'âge auquel le salarié peut toucher sa retraite complémentaire.

Alors que le déficit du régime des retraites complémentaires Agirc (cadres) atteignait 1,24 milliard d'euros en 2013 et celui  de l'Arrco (tous les salariés), 405 millions, le Medef a avancé des ébauches de mesures visant à réaliser 7 milliards d'économies à horizon 2020, le 17 février dernier.

Ces projections chiffrées, établies par les services de l'Agirc-Arrco à la demande du Medef (qui participe à la gestion paritaire des deux régimes), ont été dévoilées aux syndicats dans le cadre de la difficile négociation ouverte début février pour sauver l'Agirc-Arrco.

En voici les détails, selon des documents consultés mardi 4 mars par l'AFP.

Proposer une retraite minorée de 2%, 4% ou 5,5%

Pour limiter le montant des pensions de réversion qui représentent 15% des dépenses des régimes Arrco et Agirc, le patronat propose un nouveau dispositif laissant le choix entre deux options : soit la pension de réversion sera maintenue à 60% (son taux actuel) après le décès d'un conjoint, mais à la condition que le premier du couple à partir à la retraite accepte de ne percevoir de son vivant qu'une retraite complémentaire minorée.

Deuxième solution, si le retraité refuse cette option, il pourra alors conserver la totalité de sa pension complémentaire. Mais, dans ce cas, sa veuve (ou son veuf) touchera une pension de réversion à un taux inférieur à 60%

Trois scenarios différents sont proposés par le Medef, pour une entrée en vigueur le 1er janvier 2016, partant de l'hypothèse où 20% des retraités accepteraient une retraite minorée.

  • Dans le premier scénario, le taux de réversion est abaissé de 60% à 33%. Si le retraité souhaite que son conjoint touche 60% de sa pension à sa mort, il doit accepter un abattement, à vie, de 5,5% sur sa propre pension. La mesure permettrait dans ce cas d'économiser 300 millions d'euros d'ici à 2020.
  • Dans le 2e cas, le taux de réversion est abaissé à 40%, l'abattement est de 4%, pour un gain de 200 millions d'euros à la fin de la décennie.
  • Enfin, un taux de réversion à 50%, pour un abattement de 2%, permettrait de gagner 100 millions d'euros en 2020, estime le Medef.

Ces pistes sont particulièrement décriées, les syndicats estimant notamment que les femmes en seront les premières victimes.

Report de l'âge pour toucher la retraite complémentaire: 100% à... 67 ans ?

Autre solution proposée pour renflouer les caisses: un report de l'âge auquel le salarié peut toucher sa retraite complémentaire (actuellement de 62 ans), à travers des décotes temporaires et dégressives en fonction de l'âge atteint.

Ainsi, le retraité toucherait 60% de sa pension à 62 ans, 68% à 63 ans, 76% à 64 ans, 92% à 65, 96% à 66 ans, et 100% à 67 ans. Dans le cas où cette mesure entrerait en vigueur en 2017, elle pourrait rapporter 4,3 milliards d'euros en 2020. Le gain serait moitié moindre (2,1 milliards d'euros) en partant d'une pension à 80% à 62 ans pour également toucher 100% à 67 ans.