Strauss-Kahn mise sur 2 à 3 ans pour sortir de la crise

Par latribune.fr  |   |  601  mots
Il faudra deux à trois ans pour que l'économie mondiale comble ses pertes dues à la crise, a indiqué le directeur général du Fonds monétaire international (FMI), Dominique Strauss-Kahn, jeudi lors d'une émission sur France 2 .

Dominique Strauss-Kahn, directeur général du FMI (Fonds monétaire international), s'est posé jeudi soir en pédagogue de la crise. Invité pendant plus d'une heure trente de l'émission "A Vous de juger" sur France 2, l'ancien ministre socialiste a balayé d'emblée la "rumeur" selon laquelle il pourrait devenir le Premier ministre de Nicolas Sarkozy : "J'ai entendu cette rumeur, ce n'est pas sérieux, on ne sortira pas de la crise par la combinaison politique. On sort de la crise en mettant en oeuvre des politiques".

Celui qui dirige la prestigieuse institution internationale depuis septembre 2007 a assuré: "moi j'exerce mon mandat, je le fais au FMI, j'essaie de le faire du mieux que je peux". "Je joue mon rôle. Que les autres jouent le leur".

Selon lui, il faudra deux à trois ans pour que l'économie mondiale comble ses pertes dues à la crise. "On peut avoir à nouveau de la croissance à partir du 1er semestre 2010", a fait valoir le directeur général du FMI, précisant qu'il fallait pour cela mettre en place "les bonnes politiques" et notamment assainir le système bancaire. Mais "si la sortie de crise, c'est rattraper ce qu'on est en train de perdre alors ce sera plutôt deux ou trois ans", a-t-il averti. 

Il a estimé que le "système" bancaire restait "congelé, presque complètement congelé", et que "l'argent de la relance budgétaire en France, en Allemagne, aux Etats-Unis, disparaîtra comme l'eau dans le sable" si "le crédit ne recommence pas à couler" et "si on ne fait pas disparaître les fameux actifs toxiques".
Pour Dominique Strauss-Kahn (DSK) l'ensemble des actifs toxiques détenus dans les bilans des banques s'élève à plus de "2.200 ou 2.300 milliards de dollars", une estimation déjà donnée par le FMI en janvier. A propos des "tombereaux d'argent" qui ont été apportés par les gouvernements pour relancer la croissance ou soutenir le secteur bancaire, DSK a jugé qu'il n'y avait pas "de sortie de crise sans coût", c'est-à-dire sans creuser les déficits et la dette des Etats. "Mais on ne fait pas ça gratis", et il faudra ensuite "revenir à des niveaux de dette acceptable" et résorber les les déficits, a-t-il averti. Pour autant, "c'est par le retour à la croissance plus que par l'augmentation des impôts qu'on (y) arrivera", a-t-il jugé, refusant par ailleurs de se prononcer clairement sur l'imposition des personnes les plus riches, et par extension sur le débat autour du "bouclier fiscal" en France.
 
DSK revendique son identité socialiste

En revanche, le patron du FMi a revendiqué son identité socialiste "évidemment, comme avant". Et d'ailleurs, selon lui, "c'est une crise des valeurs dans laquelle on est", "une crise de l'avidité", "une crise de la dérégulation". Il faut "retrouver des valeurs de solidarité, des valeurs social-démocrates, des valeurs socialistes. C'est une victoire idéologique de la social démocratie qui est en train de se passer aujourd'hui", a-t-il commenté. "On ne sortira pas de la crise pour revenir à ce qu'il y avait avant". "Il y a tout un modèle de développement différent qui est en train d'émerger, plus environnemental, plus soucieux du cadre de vie, plus moral, refusant tout ce qui tourne autour de l'argent-roi". "Dans une certaine mesure, c'est pourquoi je lutte depuis 40 ans", a-t-il martelé. Sur les stock-options il se montre intransigeant: "Il faut changer cela. Cela ne peut pas durer", "quand tout va mal, ça ne peut pas aller mal seulement pour les uns et pas aller mal pour les autres", a-t-il estimé.